Oublier l'hiver sur l'eau - Le Mag Voyageurs du Monde

Iles

Oublier l'hiver sur l'eau

Publié 20 juin 2016

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Iles-continents ou poussières d’île, îles désertes et îles sans nom : les atlas en répertorient plus de trois cent mille – de quoi permettre à chacun de trouver la sienne. L’île, c’est la dernière frontière, c’est une utopie, un horizon. Grande traversée ou cabotage, on l’approche par la mer.

 

En avion, on discerne l’île comme une carte grandeur nature, on embrasse le paysage en un regard. On devine sa végétation, on perçoit qu’elle sera plus ou moins peuplée, visitée. En bateau, les détails de la côte apparaissent progressivement, on cherche du regard le port où l’on accostera, l’anse où l’on mouillera.

 

Un aller simple en cargo : slow is beautiful

Drôle de croisière : 12 jours en mer à bord d’un cargo de la ligne régulière Le Havre-Fort-de-France, pour rejoindre la Martinique. Dépaysement total dès l’embarquement. A bord, 25 membres d’équipages, 8 passagers. Deux lignes, celle, verticale des 10 0000 conteneurs alignés et arrimés sur le pont (un Rubik’s cube géant !) qui donnent au cargo la stature d’un immeuble de 12 étages ; celle de l’horizon, immuable. A la proue, le silence – pas d’autre bruit que celui des vagues sur la coque. A la passerelle, plus de 40 mètres au-dessus de la ligne de flottaison, les ordres qui s’échangent dans le calme et les ondes colorées des écrans radars. Dix étages plus bas, la salle des machines – 30 mètres de long, 30 mètres de haut, des culasses de 12 tonnes : une usine sous la mer. Et le large, la mer, comme une page blanche. « Beau temps, mer modérée, trafic modéré » note le journal de bord - une chaise longue posée sur le pont supérieur, on s’attarde à observer la ligne d’horizon, à regarder les goélands planer, ailes immobiles, dans le flux d’air créé par la courbure de l’étrave. On guette les baleines, qui s’annoncent d’abord par leur souffle, et les dauphins, qui jouent des courants créés par le passage du cargo. Le temps n’a plus cours – jour après jour, on franchit les fuseaux horaires. On perd la notion de l’espace – l’océan : une vaste étendue d’eau identique d’un point à l’autre, avec seulement quelques cargos au loin, posés sur l’horizon. 20 nœuds, lenteur et régularité : les jours défilent au rythme lent, régulier, du navire – pas une seconde d’ennui pourtant, mais une sensation de plénitude. Les eaux se font de plus en plus bleues ; embarqués au Havre par un temps gris et froid, on assiste à la montée progressive des températures. Arrivée magique à Point-à-Pitre au petit matin – le lever de soleil sur le port, et le spectacle fascinant du déchargement : ballet des conteneurs de 20 tonnes, manipulés comme les pièces d’un jeu de construction par des grues monumentales.

Et quand on débarque à Fort-de-France, après une traversée hors du temps, on n’est plus tout à fait le même.

 

 

Les Grenadines en voilier : lâcher-prise d’île en île

Fort-de-France – on embarque à bord du Ponant, trois-mâts racé. Charme d’un voilier, confort d’un yacht, il autorise à la fois escales dans les ports et mouillages au fil des criques désertes, sur les poussières d’îles qui s’égrènent entre la Martinique et Grenade : sur les eaux des Caraïbes, une île en appelle une autre. La navigation nocturne est propice au sommeil doux, aux rêves dérivants, elle convient aux fantasmes d’ubiquité : on s’endort ici, on se réveille ailleurs. A Sainte-Lucie, végétation luxuriante, des anses et des baies, dessinées par l’océan, cernées de mangroves. Saint-Vincent est d’abord âpre et sauvage, une silhouette austère chapeautée de nuages. Puis, une anse dorée, ourlée d’une palmeraie ; une nature qui semble vierge de toute civilisation, une atmosphère de premier matin du monde. Et le goût acidulé des papayes qui rafraichissent notre dîner. A Bequia, sur la baie de Port Elisabeth, les toits des maisons égaient la masse sombre d’une végétation dense, petites touches claire qui scintillent sous le soleil. Des voiliers au mouillage, voiles blanches immaculées un blanc éblouissant sur le bleu de la mer. Un bain dans une eau à 27°, masque et tuba ajustés, des carapaces sombres à losanges – une tortue qui monte lentement à la surface : sentiment d’éternité à partager un moment d’intimité avec elle.  A Tobago Cays, le Ponant s’engage dans une passe entre deux îlots de sable blanc, Petit Bateau et Petit Rameau, pour pénétrer dans un écrin de corail : un rêve exotique, sable blanc, cocotiers penchés, eau turquoise. Une plongée dans le lagon : ballet des poissons tropicaux, perroquets, coffres, papillons, anges, demoiselles. Lumière, chaleur, transparence de l’air. Et le ciel et la mer qui ne font plus qu’un. 

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