Egypte

A la découverte du Caire

A la découverte du Caire

Les Egyptiens ont deux manières d’appeler leur capitale. Officiellement, c’est Al-Qahira (la Victorieuse), mais dans le langage courant on dit Masr (l’Egypte). Une ville-pays, en somme. Et même davantage puisqu’elle est surnommée « la mère du monde » (Oum al-dounia).

 

Comme si cela ne suffisait pas, Le Caire s’agrandit jour après jour. On n’a pas réussi à l’enfermer dans un boulevard périphérique, pourtant bien éloigné du centre : aux villes nouvelles, créées dans le désert pour décongestionner des zones trop denses, s’ajoutent des quartiers informels, aux constructions inachevées, qui grignotent continuellement les terres agricoles, ou ce qu’il en reste. Les défenseurs du patrimoine ont dû crier haut et fort pour empêcher cette urbanisation sauvage d’atteindre le pied des pyramides.

© Armand Lagrange

C’est ici, à la pointe du Delta, à la jonction de la basse et de la Haute Egypte, là où le fleuve est facile à franchir, qu’avait été bâtie Memphis, la capitale de l’Antiquité. Al Qahira a pris le relais lorsque l’Egypte est devenue arabe. Chaque dynastie (toulounide, ayyoubide, bahride..), y a imprimé sa marque, en attendant les Ottomans et les Mamelouks. Regardez ses minarets : ils appartiennent à toutes les formes et à toutes les époques. Une variété qu’on ne trouve dans aucune autre métropole musulmane. Des nécropoles antiques aux constructions futuristes du Smart Village, en passant par les immeubles décrépis de la période cosmopolite, plusieurs millénaires cohabitent au Caire et dans ses environs. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles cette ville bouillonnante et attachante désoriente les visiteurs.

 

Les quartiers du Caire

Le Caire islamique

Cœur de l’animation cairote, le quartier regroupe la plus grande concentration de monuments islamiques au monde. Dans la rue El-Moezz-li-Din-Allah, mosquées, madrassas, et mausolées se succèdent, avec leurs façades imposantes, leurs minarets baroques, leurs voûtes et leurs coupoles. La Citadelle a été érigée en 1176 pour protéger la ville contre les Croisés. A ses pieds, la mosquée Sultan Hassan, chef d’œuvre de l’architecture arabe, témoigne d’une science parfaite. Autour de El-Azhar, vous croiserez des étudiants venus de Chine, d’Indonésie, ou du Sénégal pour étudier dans l’université islamique la plus prestigieuse au monde. Derrière l’université, le Khan-El-Khalili est un dédale de ruelles étroites. Il faut dépasser les premières rues, touristiques, pour pénétrer dans le souk des artisans. Ils sont regroupés par spécialités : cuivres, cuirs, verre soufflé, or et argent. Dans les cafés, les hommes fument la chicha, captivés par le dernier feuilleton Bollywood. Les dominos claquent sur les tables, suivis de vifs cris d’effroi ! A moins d’être bon perdant, ne vous aventurez pas à une partie avec ces joueurs virtuoses !

Le Caire islamique

Mark Henley/PANOS-REA

 

Le centre ville 

Midan El-Tahrir est le centre de la ville moderne, à proximité du Musée égyptien. Fondé par l’égyptologue Auguste Mariette, le musée présente 120 000 pièces. Il recèle les plus bels exemples du génie de la civilisation égyptienne, dont le trésor de Toutankhamon. Sur l’île de Gezira, Zamalek est un quartier résidentiel, dont les avenues arborées contrastent avec les quartiers du centre-ville densément peuplés. Dans la rue Qasr-El-Nil, les magasins de chaussures exhibent des amoncellements spectaculaires d’escarpins en faux croco ! Dans les pâtisseries « chic » aux façades inchangées depuis les années 50, les clients boivent un thé en discutant dans un français suranné. Dans la rue Qasr-El-Aïnï , les paysans de Gizeh, venus vendre leurs marchandises dans la capitale, avec leurs charrettes chargées de mangues, de goyaves, ou de mandarines, se fraient avec brio un passage au cœur des embouteillages : chorégraphie étonnante de Bentley flambant neuves, de 504 Peugeot hors d’âge et de charrettes tractées par des ânes !

Le centre ville

Alfredo D'Amato/PANOS-REA

 

Les pyramides de Guizeh

Les pyramides, élevées sur un plateau désertique, étaient autrefois entourées par le désert. Aujourd’hui, le Caire s’étend jusqu’aux pyramides. Dans le quartier qui y mène, au détour d’immeubles ultras modernes, des paysans labourent des parcelles de luzerne ! A Gizeh, les pyramides de Chéops, Khephren et Mykérinos dominent le site. En 2013, le nouveau Musée du Caire ouvrira ses portes à proximité des pyramides.

© Armand Lagrange

 

Les rives du Nil

Eté comme hiver, tous les Cairotes sortent se balader après le coucher du soleil. Les rives du Nil sont l’endroit privilégié pour ces sorties en famille : dans la mégalopole surpeuplée, le fleuve offre un espace de fraîcheur. A Imbaba, les petites barques décorées de guirlandes électriques multicolores contrastent avec les hauts buildings. A Zamalek, les cafeterias sont fréquentées par les amoureux en quête d’intimité. Partout, les marchands ambulants vendent aux enfants du maïs grillé ou des cacahuètes d’Assouan.

Les rives du Nil

Olivier Romano

 

Le Caire copte

De la fameuse place Midan El-Tahrir une ligne de métro rejoint Mar Girgis, au coeur du quartier copte. C’est l’occasion de découvrir le métro cairote. Messieurs, attention,  n’empruntez pas les rames réservées aux femmes ! Berceau de la ville actuelle, le Caire copte est un quartier paisible, loin de l’agitation du centre ville. La synagogue Ben Ezra marque le lieu où Moïse aurait été recueilli par la fille de Pharaon. A deux pas de là, l’église Abu Serga (Saint-Serge) abrite une crypte vénérée par l’Eglise copte comme le lieu où la Sainte Famille aurait séjourné lors de sa fuite en Egypte. Allez assister à une messe à El-Moallaqah (la « suspendue ») ! Edifiée au IVème siècle, l’église est ainsi surnommée parce qu’elle est construite sur les ruines de la forteresse romaine de Babylone. Le Musée copte présente au visiteur la plus importante collection d’art chrétien égyptien.

© Olivier Romano

 

Nos 7 bonnes raisons d’aimer Le Caire

1 • Boire un thé au El-Fishaoui, le célèbre café des miroirs, dans le souk  de Khan-El-Khalili,

2 • Découvrir la seule des sept merveilles du monde (pyramide de Kheops) encore intacte, se perdre dans la ville au gré des visites des mosquées et madrassas,

3 • Ecouter les chants des muezzins et les cris des marchands ambulants,

4 • Déguster un foul dans le quartier d’Agouza, voyager dans le temps en passant la porte Bab-El-Foutouh, et dans les ruelles du quartier islamique,

5 • Se perdre dans la foule colorée du marché aux chameaux d’Imbaba,

6 • Se balader le long de la corniche en fin de journée, contempler la ville, « mère du monde », depuis le mont Moqattam.

7 • Redécouvrir le musée d’art islamique récemment modernisé par Adrien Gardère.

 

 

Par

ROBERT SOLÉ