Espagne

5 livres à lire avant de partir en Espagne

5 livres à lire avant de partir en Espagne

L'Espagne est fière et un peu peu folle. De tous temps à jamais. Du Moyen-Age à l'après movida, 5 livres où transparaît une certaine âme espagnole.

1

Don Quichotte de la Mancha

de Miguel Cervantès

On connaît tous les pérégrinations du gentilhomme qui a lu trop de livres de chevalerie et se met à arpenter son pays, juché sur son canasson Rossinante et accompagné de son écuyer. Quel bonheur de le lire ou le relire avant de partir en Espagne : on deviendra un peu lui, les auberges où nous logerons deviendront des châteaux enchantés, les jolies filles des princesses, et, en admirant les grands moulins blancs en haut des collines de la Mancha, on comprendra qu'il ait pu les prendre pour des géants à combattre. Délicieux et indémodable.

 

Don Quichotte de la Mancha de Miguel Cervantès

2

Le cœur cousu

de Carole Martinez

Un bijou. Ciselé avec autant d'attention, de couleurs, de folie, que les vêtements que confectionne Frasquita. Nous sommes au XIXeme siècle, dans une Andalousie dure, aride. Frasquita donne vie aux étoffes ,et ses étoffes prennent vie. Couturière, brodeuse, magicienne, sorcière, elle fait envie et fait des jaloux. Son mari devient fou, la joue et la perd, et Frasquita part sur les chemins, tire sa charrette cahin-caha. Dedans, ses six enfants, et un septième dans son ventre, celui grâce à qui l'histoire sera contée : Soledad, la narratrice, viendra au monde et, en se consacrant à l'écriture, rompra le fil de la dynastie de brodeuses. Mais dans le livre, roman-poème-conte- récit initiatique, la magie, elle, est restée.

 

2 Le cœur cousu de Carole Martinez

3

Et Picasso peint Guernica

de Alain Serres

C'est un livre pour enfants, c'est un livre pour tous. Le 26 avril 1937, au cœur du pays basque, le village de Guernica est dévasté par les bombardements d'avions allemands et italiens appelés par le général Franco, englué dans sa lutte sanglante contre la République. Avec cette manifestation de leur puissance, les fascistes faisaient une répétition générale d'avant guerre, et la guerre d'Espagne basculait : Franco serait le dictateur de l'Espagne pour les quarante années suivantes. Pablo Picasso réagit en peintre, sort ses pinceaux,. multiplie les essais et les ébauches, et crée un de ses plus plus grands chefs d’œuvres,  Guernica : 8 mètres de cris muets dans un tableau d'où la couleur si forte de l’Espagne s'en est allée. Le livre nous permet d’assister à l’émergence du tableau, et le confronte à l'histoire de l'Espagne et à celle du peintre . Esquisses, photographies et détails de la fresque mettent en exergue les étapes et la force de la création. C'est « Guernica » bien sûr, c'est le plus célèbre des peintres du pays, et c'est au-delà. Il y a la corrida, l'amour, la violence et le sang. Au delà de la guerre, au delà de Picasso, ce tableau c'est toute une Espagne.

 

Et Picasso peint Guernica de Alain Serres

4

Ou tu porteras mon deuil

de Dominique Lapierre et Larry Collins

Nous sommes juste avant la corrida de confirmation du jeune « el Cordobes » à Madrid. Manuel Bénitez de Cordoue est aux portes de la gloire. Il est né pendant les bouleversements de la guerre civile. Orphelin, illettré, il a vécu l'extrême pauvreté, il a connu la mendicité, il a la rage de vivre, la rage de la réussite, la rage de la lumière. Quel qu'en soit le prix. Sa sœur le supplie d'arrêter de toréer. La réponse du futur matador de toros est implacable : «Ce soir, je t'achèterai une maison ou tu porteras mon deuil.» . La suite, on la connaît : dans l'Espagne franquiste des années 60, el Cordobes crée une nouvelle façon de toréer, entre faena suicide et faena yé-yé. Adulé des femmes, adulé du peuple, rejeté par quelques puristes, à la fois  torero des pauvres et torero bling-bling, il ne laisse personne indifférent. Entre drame à l'antique et saga populaire, le livre de Dominique Lapierre et Larry Collins s'accorde à merveille avec la personnalité du torero

 

Ou tu porteras mon deuil de Dominique Lapierre et Larry Collins

5

Amour, Prozac et autres curiosités

de Lucia Etxebarria

Nous sommes dans le Madrid de l'après-movida. Elle sont trois sœurs, l'aînée semble casée. Mariée, mère de famille. C'est une posture. Elle carbure en alternant amphétamines et somnifères. La façade se fissure, elle décide de divorcer. Le seconde a réussi sa carrière, a renoncé aux hommes et tient grâce au Prozac. La troisième est serveuse dans un bar branché, avale goulûment les cachets d'extasy et les hommes - assez pour elles trois. Ça parle de fête, d'amour, de sexe et incommunicabilité. Acidulé comme un film d'Almodovar qui serait mis en mots. 

 

Amour, Prozac et autres curiosités de Lucia Etxebarria

Bonus

  • Noces de sang de Federico García Lorca
  • Espagne – La passion de l’identité de Luis Lema
  • Mallorca de Michael Poliza
  • Confiteor de Jaume Cabré
  • Ibiza entre terre & mer – 100 recettes ensoleillées de Françoise Pialoux

 

Par

VERONIQUE DURRUTY

 

Photographie de couverture : THOMAS LINKEL/LAIF-REA