L’Australie plus proche de la France ? Depuis 2024, un vol direct relie Paris à Perth. Sans escale, on peut donc désormais envisager une parenthèse australienne – le bout de monde est bien plus accessible qu’il n’y paraît. Posée entre l’océan Indien et le désert rouge, Perth, la capitale de l’État d’Australie-Occidentale, est plus proche de Bali que de Sydney – et située à plus de 2 500 kilomètres de la ville la plus proche, Adelaïde. Perth a l’urbanisme léger, les plages dorées ; elle a l’effervescence urbaine et la culture alternative. Avec ses parcs et ses plages, son réseau de transport public gratuit, ses galeries d’art, ses tables locavores et ses bars à cocktails, elle incarne le meilleur de la ville. Et, Australie oblige, ses 2 millions d’habitants cultivent un esprit laid-back : « no worries ! ».
Welcome to Perth
Quand on arrive à Perth, il faut d’abord s’habituer aux distances : la ville s’étend sur 80 kilomètres, de l’océan jusqu’aux collines – l’immense majorité des 2 millions et demi d’habitants d’Australie-Occidentale vivent ici, dans des banlieues étalées sur le modèle de Los Angeles. Première impression : cette ville est un parc – succession d’espaces verts, senteurs d’eucalyptus et d’acacia. Partout, les familles pique-niquent autour des barbecues publics, fréquentés aussi par les travailleurs immigrés indonésiens ; et, sur les pelouses, les enfants jouent au cricket. Kings Park, plus grand que Central Park, en plein centre-ville, semble s'étendre à l'infini – à ses allées taillées au cordeau, soigneusement entretenues, succède une immense zone de bush sauvage. Et puis il y a les plages, longs rubans blancs qui accueillent l'océan Indien : ici, la mer n’est jamais loin – à moins de vingt minutes du centre-ville, on se retrouve les pieds dans le sable, le visage tourné vers l’infini bleu. La lumière, aussi, est différente. Franche et intense, elle se reflète sur les façades futuristes des tours de verre du quartier des affaires, elle glisse entre les palmiers, éclabousse le front de mer et illumine les plages.
Samedi matin, un flat white à Northbridge
À deux pas du centre, Northbridge est un quartier multiculturel qui bruisse de langues différentes – anglais australien, mandarin, italien, arabe, etc. – et où l’art s’invite partout : sur les façades, dans les vitrines et même sur les trottoirs. Le quartier s’éveille au rythme des machines à café. Les terrasses se remplissent lentement. Ici, les baristas rivalisent de créativité et la culture australienne du café est une affaire sérieuse, qui exige un vocabulaire précis : il faut savoir distinguer le « long black » du « flat white ». Pas facile pour le néophyte de commander son petit noir… On peut aussi préciser strong ou weak, et préférer le lait écrémé ou le lait de soja. Autant dire que commander avec flegme un « skinny cap » requiert une certaine habitude. Ça demande quelques efforts, donc, mais boire son café juste comme on l’aime, en terrasse, dans l’une des villes les plus agréables du monde, ça se mérite.
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Samedi après-midi : esprit laid-back à Cottesloe
Dans un pays où plus de 80 % de la population vit à moins de 50 kilomètres de l’océan, la plage ne se visite pas, elle se pratique. Elle est l’expression d’un certain art de vivre : simple, vaste, solaire. De toutes les plages de Perth, Cottesloe est la plus iconique. Bordée de pins centenaires et de pelouses douces, elle mêle surfeurs, baigneurs, flâneurs et familles en pique-nique. Le rivage y est doux, les vagues accueillantes, parfaites pour une baignade sans heurt. Sur l’esplanade, les passants flânent, un café glacé à la main, les pieds nus dans les sandales. Face à l’océan Indien, l’ancien salon de thé Indiana Tea House dresse sa silhouette emblématique au-dessus de la plage depuis 1910. On y commande un verre de vin blanc, en regardant les surfeurs attendre la vague parfaite.
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Dimanche matin, un hamburger au homard à Fremantle
À quelques minutes en train du centre-ville, Fremantle, « Freo » pour les intimes, ville portuaire à l’esprit laid-back, est l'enclave bohème de Perth. Façades en brique rouge, fenêtres à guillotine, corniches travaillées, balcons en fer forgé : l’esthétique victorienne est omniprésente. Beaucoup des édifices de la ville datent de la fin du XIXe siècle, époque où Fremantle prospérait grâce au commerce maritime et à la ruée vers l’or. L’ancienne prison, aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’Unesco, en est un témoignage fort : construite en pierre calcaire, austère, massive, elle domine les hauteurs de la ville comme un rappel des heures sombres du passé pénitentiaire. Les bâtiments Art déco années 1930, reconnaissables à leurs lignes géométriques, leurs enseignes stylisées et leurs couleurs pastel, contrastent joliment avec les façades victoriennes. Mais Fremantle n’est pas figée dans le passé : dans les bâtiments anciens, des galeries d’art, des microbrasseries et des cantines locavores ont pris place. Le style industriel des entrepôts en brique se marie avec des éléments contemporains : grandes verrières, signalétiques minimalistes, mobilier en bois brut. On adore le Fremantle Markets. Derrière ses murs de briques rouges et son imposante charpente, les allées étroites serpentent entre les étals. On y trouve la cuisine de rue de tous les pays du monde : empanadas argentins, bao buns vapeur ou curry thaï, gaufres belges nappées de chocolat local. On boit un jus de fruits frais accoudé à une table partagée, en regardant passer le monde.
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Sunny afternoon à Rottnest Island
Les Aussies l’appellent « Rotto ». On rejoint Rottnest Island en ferry. Après 40 minutes de traversée, la terre apparaît : une île sauvage et lumineuse posée sur le bleu profond de l’océan Indien. Thomson Bay est bien plus qu’un simple point d’arrivée pour les ferries. C’est une baie paisible, un front de mer animé, un monde à part où les journées s’étirent au rythme des marées. Les bateaux tanguent doucement au mouillage, les enfants courent pieds nus sur les planches du quai. On peut déjeuner face à l’océan et goûter la spécialité locale, le hamburger au homard. Ici ; la voiture est prohibée ; c’est à vélo que l’on file ensuite à travers les forêts d’arbres à thé, la brousse et les marais, les lacs salés. À chaque virage, une nouvelle baie se dévoile : The Basin et sa piscine naturelle d’eau limpide, Little Parakeet Bay, plus sauvage, ourlée de rochers clairs, ou Salmon Bay, bordée de dunes blanches. Le sable est d’un blanc presque irréel, l’eau hésite entre turquoise et saphir, les vagues sont douces. Au détour d’un sentier, un quokka vous regarde, immobile, le museau levé, les yeux brillants. Ces petits marsupiaux au célèbre sourire investissent toute l’île, curieux mais tranquilles, comme les gardiens joyeux de ce sanctuaire. Après une plongée masque et tuba dans les criques turquoise – les fonds marins sont un jardin de coraux et de poissons colorés – on rejoint le vieux phare de Wadjemup, perché sur une colline. La vue embrasse toute l’île : les plages dentelées, les lacs salés à l’intérieur des terres, les bandes de récif au loin.
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Par
MARION OSMONT
Photographie de couverture : Gregory Mellotte/Pexels.com