Publié 28 oct. 2025
Écrit par MARION OSMONT
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Au XVIIe siècle, Gdańsk fut, sous son ancien nom de Dantzig, le port le plus riche de la côte baltique, carrefour marchand où se croisaient les cargaisons de grains, de bois et d’ambre. Presque entièrement détruite à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ville fut patiemment reconstruite pierre après pierre. Ses ruelles pavées, ses frontons flamands, ses façades ocre et vert d’eau donnent au centre historique l’allure d’un décor de théâtre – mais derrière cette perfection de carte postale se cache une ville profondément vivante, habitée par l’énergie d’une métamorphose. Longtemps perçue comme une cité de mémoire, blessée par la guerre puis figée dans son passé hanséatique, Gdańsk a su se réinventer et s’ouvrir à la création. Cité symbole de la résistance – celle de Solidarnosc, de Lech Wałęsa, du combat pour la liberté –, elle incarne aussi désormais la vitalité d’une Pologne nouvelle. Depuis la chute du communisme, la cité s’est tournée vers la culture, le design, l’innovation. Elle s’impose aujourd’hui comme une métropole créative et attire une génération de créateurs, d’architectes et d’artisans qui réinvestissent les friches portuaires et les anciens chantiers navals.
Fondée au Xe siècle, Gdańsk a toujours vécu tournée vers la mer. Carrefour du commerce baltique, ville libre, disputée, détruite, reconstruite… Son histoire s’écrit en strates, visibles dans l’urbanisme. En 1945, la guerre laisse la ville en cendres : le centre historique n’est plus qu’un champ de ruines. Sa renaissance, amorcée dans les années 1950, procède de l’un des plus ambitieux projets de reconstruction patrimoniale du XXe siècle. Une reconstruction exemplaire, presque amoureuse – façades repeintes à la main, frontons baroques réinventés d’après les gravures anciennes. Le cœur de la ville, autour de la place du Long Marché, renaît pierre après pierre. Les maisons de marchands des XVIIe et XVIIIe siècles, semblables à celles des canaux d’Amsterdam ou de Bruges, se dressent de nouveau au bord de la Motława, reconstruites avec une telle minutie qu'on ne devinerait jamais que leur âge se mesure en décennies et non en siècles. Mais derrière la carte postale se dessine une ville qui regarde loin devant.

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C’est sur les anciens chantiers navals, là même où naquit Solidarnosc, premier syndicat libre du monde communiste, que bat aujourd’hui le cœur créatif de Gdańsk. Ici, la mémoire ouvrière dialogue avec l’avant-garde artistique. Les friches sont transformées en bars alternatifs, ateliers d’artistes, galeries éphémères, où s’invente la nouvelle esthétique polonaise. Au centre de ce renouveau se dresse le Centre européen de Solidarność, inauguré en 2014 : un bâtiment monumental aux façades d’acier Corten, patiné comme la coque d’un navire, à la fois musée, espace de conférences et laboratoire d’idées. Les salles du musée sont consacrées à la grande grève des ouvriers des chantiers navals, mouvement de résistance qui changea le destin de l’Europe. Entre tracts, photographies d’époque et archives télévisuelles, les années 1980 s’exposent avec une intensité propre à émouvoir les millenials. À l’extérieur, les friches portuaires bruissent d’une autre effervescence : les hangars se transforment en salles de concert éphémères ou en studios de création, à la lisière du port et de la ville ; on y croise des graffeurs et des musiciens.
En plein cœur de la ville, l’île aux Grains incarne aussi la renaissance de Gdańsk. Longtemps laissée en friche, cette langue de terre bordée d’eau, face aux façades colorées de la vieille ville, connaît aujourd’hui un spectaculaire renouveau. Les anciens entrepôts à pignons, jadis réservés au stockage du blé et du seigle, ont été restaurés ou réinterprétés dans un style contemporain : grandes baies vitrées, structures métalliques, hôtels design et galeries d’art. Le soir, la promenade le long des quais s’anime : bateaux transformés en cafés flottants, terrasses illuminées, musiciens de rue. Les habitants se réapproprient ces espaces autrefois industriels. L’île, jadis déserte, est devenue l’un des quartiers les plus vivants de Gdańsk, trait d’union entre le passé marchand et la modernité urbaine.

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Autre quartier en pleine mutation : Wrzeszcz, à 20 minutes en tramway du centre-ville. Ancienne zone résidentielle du XIXe siècle, longtemps endormie, elle attire désormais les jeunes familles, les designers et les start-ups. Les façades modernistes côtoient les maisons prussiennes de brique rouge. Dans les anciennes cours, des cafés s’installent, des friperies s’ouvrent, des cantines véganes remplacent les ateliers. L’ambiance y est cosmopolite, décontractée, entre Berlin et Copenhague. Dans une ancienne fabrique de tabac, Kreatywna Fabryka abrite désormais ateliers de mode, studios de graphisme, imprimeurs et artisans du cuir. Ce lieu hybride symbolise la Gdańsk bohème, où l’on parle anglais, danois ou français. Plus au nord, le musée de la Seconde Guerre mondiale, chef-d’œuvre du cabinet Studio Kwadrat, impressionne par sa puissance architecturale : une tour inclinée de verre et de béton émerge du sol comme un éclat de mémoire. À quelques pas, le théâtre Shakespeare, imaginé par l’architecte italien Renato Rizzi, joue avec la lumière et le ciel grâce à son toit escamotable – une prouesse technique qui relie patrimoine et avant-garde.
Au sud-est du centre historique, Dolne Miasto, le « bas-quartier », a longtemps été une enclave oubliée, en marge du port et de la ville. Aujourd’hui, c’est le cœur battant de la scène alternative. Entre les entrepôts de brique et les friches couvertes de lierre, on découvre des cafés design, des galeries indépendantes, des ateliers de céramistes. Le street art y est partout – sur les murs décrépits, les portes d’acier, les pignons d’immeubles. La transformation du quartier doit beaucoup à une nouvelle génération d’artistes et d’architectes polonais revenus de Londres, Berlin ou Copenhague, porteurs d’un esprit européen et collaboratif. Le Laznia Centre for Contemporary Art, installé dans une ancienne centrale thermique, sert de catalyseur : expositions, projections, résidences, d’artistes, performances de rue. Dolne Miasto, c’est la Gdańsk expérimental, celui qui se réinvente chaque jour, entre mémoire industrielle et énergie créative.

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