Turquie

Douce Turquie : des vestiges et des plages

Douce Turquie : des vestiges et des plages

A l’est, les influences sont perses, elles sont russes au nord, arabes au sud. La Turquie de l’ouest, elle, penche du côté de la Grèce : plaines fertiles plantées de vignes et d’oliveraies, côte sauvage, mer étale, et des sites antiques, des églises et des maisons de pierre qui témoignent du passé de la région. En certaines criques, les îles grecques semblent à portée de main.

 

Mer Egée

Un village grec en Turquie : Sirince, maisons ottomanes nichées dans un creux de montagne. On loge en face de la belle église grecque, dans une maison de pierres sèches restaurée par Charlotte et Omer. Elle est anglaise, il est turc. Fan de déco, elle a meublé ses maisons d’objets chinés en brocantes ; en cuisine, elle excelle : son petit déjeuner est à tomber, et on se souviendra longtemps de son aérien  caviar  d’aubergines ! Lui, est passionné d’histoire ottomane, et amoureux de la région, où, quittant Istanbul, il s’est installé il y a 15 ans : les itinéraires cachés, les meilleurs marchés, et les vestiges antiques qui ne sont mentionnés dans aucun guide : il connaît tout. Grâce à lui, on a découvert en rase campagne, au bout d’un chemin de terre, un stade grec, gigantesque, intact, et désert  évidemment – magique ! Avec eux, on part aussi se balader en tracteur à travers les vignes – on est autorisé à attraper le raisin à la grappe ! Et dans le village, on passe la soirée dans le jardin de Ayse, où l’on déguste le vin qu’elle produit, et qu’elle accompagne ce soir de délicats mezzés.

A dix minutes de là, Ephèse. La tradition dit que Saint Paul y fonda une église, que Saint Jean et Marie s’y réfugièrent fuyant les persécutions – on visite toujours l’humble maison où la Vierge aurait vécu les dernières années de sa vie. Toute la cité est remarquablement conservée, et dans certaines maisons on admire encore les fresques et mosaïques. Il y a aussi : un immense théâtre, une splendide bibliothèque, et de curieux dessins gravés dans les pierres qui dallent le sol : un visage de femme, un cœur, et un pied – ils indiquaient le chemin des maisons closes !

A Priène, le vent balaie le gymnase, l’agora et le prytanée, où brulait le feu sacré. Priène, c’est aussi le temple d’Athéna qui domine en haut d’une montagne, quelques colonnes encore debout, et à leur pied, à terre, les énormes tambours des colonnes disloquées : on voudrait pouvoir les rassembler, comme dans un monumental jeu de lego. Didymes, temple d’Apollon, ruines grandioses, escalier monumental : un morceau d’éternité. Et une pause les pieds dans l’eau, sur une lagune où les gens du coin viennent en famille manger un poisson grillé – un des endroits les mieux préservés de ce littoral. 

Datça - Mugla - Turquie

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Côte Lycienne

La côte Lycienne, c’est la mythologie inscrite dans le paysage, un paysage de palmiers, orangers et lauriers roses, la mer toujours à portée de vue – côte sauvage et criques azur, … et partout, au détour des chemins, tombeaux creusés dans la roche ou vestiges grandioses au milieu desquels les habitants improvisent des pique-niques. Les tombeaux lyciens ciselés à même la roche abritent les souverains de Kaunos. Un ponton en bois, une guinguette sur le fleuve, et de petites barques pour traverser et rejoindre Dalyan – Iztuzu vaste plage de sable blanc, où viennent pondre les tortues.

Kayaköy, accrochés à une colline, 400 maisons toits ouverts sur le ciel, portes béantes : c’est village grec abandonné en 1924, déserté lors de l’échange de populations entre la Grèce et la Turquie – une atmosphère singulière, d’une folle poésie, en même temps qu’un témoignage de l’histoire récente, c’est un autre type de vestiges, contemporains.

A Xanthos l’ancienne capitale, les chèvres ont investi le très beau théâtre, que l’on visite avec l’archéologue en charge des fouilles. A Kas, on embarque pour une journée en goélette, emmenés par un couple de marins, c’est la femme qui manœuvre. On aborde Simena par la mer, dans le petit port, les pêcheurs se préparent à partir en mer. Sur la forteresse, les tombeaux lyciens, et la ville engloutie que l’on devine à travers les eaux translucides.

Alanya en Turquie

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Le site d’Olympos se déploie en pleine nature, face à la mer. Le fleuve créé une vallée luxuriante, végétation presque tropicale, parsemée de vestiges, temples, tombeaux. Les familles piquent-niquent parmi les vestiges ou vont se baigner au bout de la crique. On pose nos valises dans un luxueux bungalow pieds dans l’eau, entre la plage et le jardin  de lauriers et de figuiers dissimulé par des roseaux. 

 

Cappadoce

Ici, la géographie et l’histoire s’allient comme pour impressionner le voyageur. On ne peut rester insensible à ces paysages lunaires, où les éruptions volcaniques et l’érosion ont sculpté un monde – conjuration de pluies, de vents et de neige pour transformer le champ de cendres en un paysage hypnotique, avec ses déclinaisons d’ocres, avec ses roches effilées comme des aiguilles, cône, menhir, méduse ou champignon. La Cappadoce, c’est aussi le refuge où, pour échapper au martyr, les premiers chrétiens enfouirent leur foi – églises rupestres et villes souterraines : l’irruption de l’histoire dans la géographie. A chaque pas, on foule les empreintes des peuples qui se sont succédés dans les replis de la région : chrétiens de la première heure fuyant le joug romain, sujets de l’Empire chrétien de Rome envahi par les guerriers musulmans, et fidèles de Byzance tolérés par l’empire ottoman.

Uchisar – se réveiller dans la chambre troglodyte de l’hôtel, toute blanche, immaculée des murs à la chaux au linge de lit, est comme le prolongement d’un rêve. A Gorëme, les églises rupestres sont encore parées de leurs fresques byzantines, et Saint George terrasse le dragon. Mais il faut descendre dans les villes creusées à main d’homme pour comprendre la rage de vivre des premiers chrétiens. Kaymakli cache ainsi dans ses entrailles, escaliers incertains et labyrinthe de couloirs étroits, des galeries étagées sur neuf niveaux, plongeant à 70 mètres de profondeur : une véritable cité sous-terraine. A une heure de route, sur le haut plateau anatolien, la vallée d’Ihlara – la rivière, rafraîchissante, serpente entre les défilés creusés là aussi d’églises rupestres. Une truite tout juste pêchée servie grillée sur une nappe à carreau : délice d’un déjeuner dans une guinguette au bord de la rivière pour clore le voyage tout en douceur.

CAPPADOCE

 Imke Lass/LAIF-REA