Etats-Unis

Des nouvelles de la Nouvelle-Orléans

Des nouvelles de la Nouvelle-Orléans

La Nouvelle Orléans, Nola pour les intimes, a écopé les flots de la méchante Katerina et retapé deux de ses voisinages avec l’improvisation d’ un solo de trompette qui  s’insinuerait autour de rues oubliées des touristes ou  s’épanouirait en énergiques variations sur le thème des plaisirs retrouvés du lèche-vitrine.


Dans  Bywater , de nouvelles musiques- dont le « Bounce » un hip hop aux appels sexys qui fait tressauter ses adeptes - rebondissent dans un coin que les artistes et leurs galeries ont colonisés, menés par le collectif pictural et littéraire d’Antenna, suivis de bobos parfois gays. Lofts et petites maisons refleurissent de couleurs pastel  dans un calme illusoire, bousculé par les clients des bars qui se répandent aux carrefours.

Façade à la Nouvelle-Orléans en Lousiane

©Kate LeSueur/VAULT-REA

On y déguste dès l’aube les plus saines nourritures de la Louisiane,  accompagnées de jus nutritifs de fenouil ou de kale, un chou frisé plein de vertus, (on peut aussi apporter son vin) chez Satsuma, sur fond de murs de briques où les copains du quartier accrochent leurs toiles. Les plats robustes de Maurepas  tiennent au corps jusqu’au bout de la nuit qu’on passe avec Kermit et sa trompette au Vaughan’s un authentique repaire jazzy. Plus décalées et follement travesties sont les soirées « Sissy Bounce » du Siberia. 

Repas dans un restaurant de la Nouvelle-Orléans

©William Widmer/REDUX-REA

On peut aussi se glisser dans la longue parade de vitrines en tous genres qu’est Magazine Street, une rue longue comme un voyage, surtout quand elle se montre aguichante mais nonchalante, séparant le somptueux Garden District du modeste Irish Channel : d’un côté une collection de demeures recyclant colonnades grecques, pignons gothiques, mignardises victoriennes ou frontons napoléoniens, ceinturées des entrelacs de fer forgé des balcons et ombragées de magnolias odorants dont les racines s’échappent pour bosseler les trottoirs. De l’autre les rêves plus sobres d’ Irlandais transplantés dans les moiteurs du Mississippi avant d’y accueillir les bouillonnements des cultures immigrantes. On y chaloupe, lesté de solide Po’Boys, massifs sandwichs aux charcuteries italo-juives du Stein’s Market and Deli, à la rencontre d’une  Trashy Diva  dont les robes juponnées et les bijoux rétros parlent des belles d’un Sud évanouie et de sa grande sœur Lily Vintage qui a fait main basse sur la garde robe de Blanche sautant du tramway nommé désir. On flirte avec une  Fleurty Girl parée des emblèmes locaux, fleurs de lys et haricots rouges, en bagues ou en tee shirts et suce les sorbets aux fruits des vergers de la Divina avant de terminer la balade autour des tables exquises des irrésistibles et charmeuses Coquette et Lilette. 

 

Par

JEAN-PASCAL BILLAUD