Japon

Radio Voyageurs : 100% Japon

Radio Voyageurs : 100% Japon

Avec : Mika Hatakeyama, spécialiste des voyages au Japon chez Voyageurs du Monde, Emmanuel Cohen, directeur adjoint de Voyageurs du Monde, Nadège Fougeras, éditrice aux Editions des Merveilles, auteur notamment de Paris-Tokyo. Allo la terre ?, Jean-Pierre Chanial, journaliste, écrivain et grand voyageur, et Michel-Yves Labbé, président de l’application Départ Demain.

 

 

Le pays le plus exotique du monde

Le Japon est un voyage qui se prépare. “Il faut d’abord se demander comment on veut voyager, commence Mika Hatakeyama, on peut y faire plein de différents voyages, découvrir plein de destinations et de façons variées”. Jean-Pierre Chanial, lui, parle de “vrai voyage”, que l’on peut faire à deux, main dans la main, ou en famille, “tout simplement pour montrer aux enfants et partager un univers tellement atypique où out est sur un autre registre. C’est tout ce qui fait l’essence d’un vrai voyage”. Michel-Yves Labbé parle du Japon comme du pays le plus exotique qui existe, “avec une sérénité formidable” et précise que ce sont les ados qui emmènent les adultes au Japon et pas le contraire.

 

©Zoe Fidji

Emmanuel Cohen raconte qu’il vient de s’y rendre en famille et parle d’univers sidéral : “Chaque première fois est une claque que ce soit dans le métro, au restaurant, dans un ryokan, une auberge japonaise où on se met en kimono, on mange assis et où on vient vous servir dans la chambre…” Il continue en expliquant que les enfants adorent à la fois le côté traditionnel - les geishas, les sumos qui s’entraînent… - et moderne - les salles-vidéo, la réalité virtuelle…-. “Même petites, les enfants peuvent tout à fait apprécier le Japon : une cérémonie du thé par exemple ou encore les karaokés”, raconte Nadège Fougeras qui a vécu trois ans à Tokyo avec ses deux jeunes enfants.

 

Allo la terre !

Nadège Fougeras est d’accord avec Michel-Yves Labbé : “Le Japons est vraiment le pays le plus exotique du monde”. Elle se souvient de son premier voyage et du train entre l’aéroport et le centre ville de Tokyo : “Les sièges se mettaient tout seul dans le sens de la marche !” A propos du train, Emmanuel Cohen, lui, est fasciné par le contrôleur “qui s’incline devant vous”. Pour lui, le plus dur n’est pas de s’habituer au Japon mais de revenir à Paris et de se réhabituer à la vie parisienne. Jean-Pierre Chanial insiste : “Il est interdit de ne pas prendre le train au Japon ! Personne ne triche, personne ne se comporte mal. Nous sommes dans une civilité de tous les instants. Sans oublier l’efficacité ferroviaire et la propreté irréprochable des gares, où l’on pourrait se balader en chaussons !” Nadège Fougeras en profite pour parler du métro et de l’appréhension que l’on peut avoir à le prendre à cause de la langue : “Les Japonais sont très forts en graphisme donc ce n’est pas si difficile que ça. De plus, chaque station a sa petite musique. Ce qui permet à force de repérer où on est et ça aide les Japonais endormis !”. Michel-Yves Labbé trouve même que le métro de Tokyo est plus facile que celui de New York car tout est signalisé en caractères latins depuis la coupe du monde de football de 2002. “Il faut juste connaître le numéro de la sortie. car certaines stations en ont des dizaines !”, précise-t-il.

©Laurent Villeret

 

Le Japon, destination à la mode

“Tout le monde veut aller au Japon au moment des cerisiers en fleur, début mars fin avril”, constate Valérie Expert. Mika Hatakeyama confirme mais met un bémol sur le climat : “vous avez à peine 15º dans la journée, il peut aussi pleuvoir. Pour moi, il y a d’autres périodes comme le mois de mai si vous voulez voir d’autres fleurs”. Elle conseille d’éviter toutefois la Golden Week début mai où tous les Japonais sont en vacances. Elle mentionne également l’automne et l’hiver “qu’elle adore et où il fait souvent beau avec un ciel bleu et surtout beaucoup moins de touristes”. Nadège Fougeras en profite pour parler des saisons, très marquées au Japon avec “des magasins qui changent complètement de couleur à chaque saison”. En été, Emmanuel Cohen, avoue ne pas avoir souffert de la chaleur - environ 30º - car “tout est climatisé”.

©Zoe Fidji

 

Tokyo, comme au cinéma

Michel-Yves Labbé, lui, va à Shibuya. et observe depuis le Starbucks le carrefour aux passages piétons croisés : “Il y a d’immenses panneaux lumineux qui sortent des chansons. Vous avez tous ces grands immeubles, les trains japonais Shinkansen futuristes au nez allongé qui passent à hauteur du 8ème ou 10ème étage, je me sens comme dans une bande dessinée de mon enfance !” Emmanuel Cohen enchaîne sur la fluidité des gens qui passent sans cesse, sans jamais se bousculer…

Jean-Pierre Chanial évoque le silence de Tokyo, “impressionnant, qu’il faut écouter. On a l’impression que toutes les voitures sont électriques, mais non…” Il rejoint aussi Michel-Yves Labbé pour dire que Tokyo est un spectacle permanent, partout, comme au cinéma. 

Shibuya - ©Thomas Linkel/LAIF-REA

Nadège Fougeras aimeTokyo de haut, au coeur du quartier de Roppongi, entièrement refait il y a une quinzaine d’années : “Il y a une tour avec le musée Mori et la Tokyo Sky View au 51ème étage. Vous prenez le pouls de la ville et vous vous rendez compte de sa grandeur, des distances”.

Valérie Expert demande alors à ses invités combien de temps y rester et où. Mika Hatakeyama conseille quatre ou cinq nuits. Emmanuel Cohen préconise deux hébergements dans deux endroits différents, par exemple du côté de Shinjuku puis de Palais Impérial “pour varier les plaisirs”. Pour Jean-Pierre Chanial, cinq nuits à Tokyo semble beaucoup sur un voyage de deux semaines “car il y a tellement d’autres sites à voir”… Mika Hatakeyama explique qu’en général, on part deux semaines avec quatre nuits à Tokyo et la même chose à Kyoto, qui sont deux incontournables. Ensuite, on peut aller dans la région des Alpes Japonaises, ou vers la mer intérieure à l’ouest de Kyoto pour visiter les petits villages de pêcheurs. On peut aussi aller dans le nord, peu visité, et dans le sud… Il y a énormément de possibilités donc il faut revenir !” Jean-Pierre Chanial précise : “Il faut être hyper sélectif à chaque voyage, prévoir ses cibles mais pas plus que quatre, pour bien en profiter”.

 

L’idée reçue du Japon cher

Vient la question du coût du voyage au Japon. Michel Labbé dément l’idée reçue qu’il s’agit d’un voyage cher : “Le Japon est en déflation depuis 12 ans, les prix ont donc baissé. On y mange très bien, pour très peu cher :45 euros pour trois dans un restaurant. Vous n’avez pas de pourboire, aucun coût caché. Dès que vous sortez de Kyoto, les hôtels ne sont pas très chers. Vous avez des hôtels à 150 euros d’excellente qualité. C’est Kyoto qui est très chère. Tokyo aussi, mais de moins en moins. Quand vous faites vos comptes, je vous assure que c’est beaucoup moins cher que d’aller voyager aux Etats-Unis aujourd’hui. Idem pour les billets d’avion. En ce moment, on trouve des billets à 537 euros avec deux vols intérieurs !”  Emmanuel Cohen confirme en affirmant qu’à son retour de vacances, il lui restait de l’argent sur son budget ! Michel-Yves Labbé insiste sur l’hotellerie de luxe : “Même les très grands hôtels tels que le Park Hyatt à Tokyo coûte deux ou trois fois moins cher qu’à Paris ou à New York”. 

Masuya Saketen - ©Gratinez

 

Sortir de Tokyo

Valérie Expert invite chacun de ses invités à emmener les auditeurs à la découverte de leurs destinations préférées. Pour Jean-Pierre Chanial, c’est le Koyasan, “haut lieu du mystère japonais, une modeste montagne perdue dans les brumes où il pleut très souvent, une centaine de monastères, des moines qui vivent sur cette montagne sacrée, des ryokan monastiques avec le gong qui sonne à 5h du matin !”. Il décrit aussi la présence d’un cimetière exceptionnel au milieu des petits monastères, “Une version immense et totalement asiatique du Père Lachaise  avec 200 000 stèles -. On s’y promène sur des petites allées de pierre bordées de cyprès et de cèdres. C’est un peu comme une promenade mystique…”. Koyasan est aussi le début ou la fin d’un des plus vieux pélerinages du monde, le Kumano Kodo, dans une péninsule au sud d’Osaka. Michel-Yves Labbé raconte : “Les pélerins sont vêtus d’une sorte d’aube blanche avec des caractères japonais, c’est le Japon ancestral, vous avez les rizières, les petites maisons, les paysans…” Jean-Pierre Chanial conclut : “ On arrive à un petit pavillon entouré de lanternes. La légende dit que la plus vieille brille depuis plus de mille ans”.

Musée Mori - ©Virginie Vican

“Un onsen - sorte de station thermale - en face du Mont Fuji”, c’est là que Nadège Fougeras aimerait être en un claquement de doigts : “Le Mont Fuji est beau quel que soit le climat”. Elle cite un deuxième endroit qui lui est cher, l’île de Naoshima : “Pour ceux qui aiment l’art contemporain, c’est un endroit de recueillement et d’émerveillement…” Michel-Yves Labbé embraye sur la musée d’art contemporain et son hôtel, le Benesse : “Ce qui est unique au monde, c’est que quand le musée est fermé, vous descendez de votre chambre, vous êtes avec les Klein, les Warhol, vous avez le musée pour vous !” Il conseille également d’aller voir les autres îles, aussi devenues des musées, “dont un, extraordinaire, qui ressemble à une soucoupe volante et abrite une goutte d’eau !”. Mais Michel-Yves Labbé ne dévoile pas le secret du rôle de la goutte d’eau… Il continue en racontant l’histoire de ces îles autrefois industrielles et reconverties en terrains de jeu pour les artistes.

©Cyrus Cornut

La destination préférée d’Emmanuel Cohen après Tokyo, c’est Kyoto, plus provinciale et relax que la capitale. Il aime ses temples, ses jardins, ses petites rues bordées de maisons en bois, ses petits ponts. “On touche du doigt la vie locale, la culture. Avec Voyageurs du Monde, on peut aller apprendre à faire la cuisine traditionnelle chez l’habitant. Kyoto, c’est une ville d’immersion et pour moi, la plus belle ville du Japon”. Michel-Yves Labbé n’est pas d’accord. Pour lui, la ville est devenue trop touristique, il la qualifie de “Disneyland” et préfère de loin Tokyo. Mika Hatakeyama remet un peu les choses en place en rappelant que Kyoto est la capitale historique du Japon et qu’elle ne peut pas échapper à son destin touristique. Toutefois, elle rappelle que Voyageurs du Monde, grace au concept Like a friend, permet de visiter la ville d’une manière plus underground. Jean-Pierre Chanial ouvre une petite parenthèse en parlant des bars à chats : “Vous vous déchaussez, vous vous lavez les mains puis vous vous retrouvez devant 50 voire 100 panières avec un joli chat qui fait ronron. On n’a pas le droit de le sortir, ni de le prendre dans ses bras, juste le droit de le carresser en buvant son thé”. Et ce n’est pas tout… Mika Hatakeyama révèle en effet l’existence de bars à hérissons, de hibous ! Une révélation qui fait rire les invités surtout quand il est question de carresser un hérisson… Emmanuel Cohen dévoile le parcours qu’il a réalisé cet été après Kyoto : les Alpes japonaises, puis Osaka, la capitale gastronomique du Japon.

 

L’exemplarité de la cuisine japonaise

Valérie Expert enchaîne naturellement sur la cuisine japonaise et interroge Mika Hatakeyama sur son exemplarité et la différence avec la perception que l’on a d’elle en France. Elle commence par les sushis et la multitude de poissons et de fruits de mer qu’on ne trouve pas ailleurs, puis elle parle de la grande variété de plats de tous les jours ou raffinés et conclut que le Japon est aussi une destination culinaire, “une autre façon de découvrir le pays”.

Marché aux poissons - Tokyo - ©Andrew Hetherington/Redux-Rea

 

La carte postale de Michel-Yves Labbé : un road trip sur Hokkaido

C’est sur les routes de l’île du nord du Japon, Hokkaido que Michel-Yves Labbé dévoile sa carte postale en précisant d’abord qu’il faut faire traduire son permis de conduire en japonais, puis s’habituer à rouler à gauche, “ce qui est très facile”. Comme le reste : “les voitures sont bonnes, on les loue au même prix qu’aux Etats-Unis, les panneaux sont en japonais et en caractères latins et les GPS en anglais . On a juste à entrer le numéro de téléphone de la destination”. Quant à la conduite des Japonais : “Ils sont prudents mais ils ne respectent pas les limitations de vitesse, même les papis !” A Hokkaido - 10 fois la taille de la Corse -, il fait froid en hiver mais il fait bon sept mois de l’année. “Sapporo, la capitale, est la seule ville japonaise bâtie à l’équerre, c’est très joli, fleuri. Il y a des parcs, des stands de bières, des estrades pour les musiciens. Sapporo en été, c’est un fête perpétuelle”. Puis il conduit l’auditeur au centre de l’île, dans un paysage fertile qui ressemble à la Nouvelle Angleterre, longe des champs de fleurs magnifiques, rencontre deci delà des cônes volcaniques parfaits, des lacs bleu layette, vert émeraude, des souffrières qui envoient dans le ciel des panaches de fumée.

©Stephanie Tetu

Tous les hôtels ont des onsen. ”Prenez le lac Akan, dans un recoin on trouve une curiosité, les Marimos, des algues volcaniques qui avec le remou forment de grosses boules de mousse verte, le symbole de Hokkaido”, conseille-t-il. Il évoque ensuite le Lac Mashu, en bas d’un cratère, “dont les eaux sont les plus claires du monde”, puis le parc national de Shiretoko aux immenses falaises qui tombent dans la mer “où des baleines jouent avec des orques, et où les ours viennent manger les saumons. Vers le sud de l’île, Michel-Yves Labbé suggère d’aller visiter la distillerie de whisky Nikka qui existe depuis plus de 100 ans. “Vous allez aussi aimer la ville de Hakodate et son quartier européen car avec les villes de Nagasaki et Yokohama , elle était ouverte aux étrangers au milieu du19ème siècle“, affirme-t-il avant de parler gastronomie car à Hokkaido on mange des King crabs, des coquilles Saint Jacques, des ormeaux ou du saumon pour pas cher, le tout accompagné d’une bière Sapporo. “Prévoyez deux semaines de road trip, vous allez adorer ! Au passage, dormez au New Akan Hotel, sur les bords du lac. Son onsen au milieu des rochers volcaniques est sublime, le plus bel onsen que j’ai jamais vu au Japon!”