Publié 2 déc. 2025
Écrit par ELÉONORE DUBOIS
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Certains les surnomment les « Galápagos canadiennes ». Il est vrai que ces îles ont quelque chose de lointain, d’ancestral, d’éternel. Autrefois, elles s’appelaient les « îles de la Reine Charlotte » du nom d’un navire qui tenait lui-même son nom d’une reine. Mais en 2010, l’archipel prit le nom d’Haïda Gwaii (Xaayda Gwaay.yaay). Haïda pour le peuple, Gwaii pour ces îles méconnues, terres originelles de la Première Nation Haïda, et véritables sanctuaires du vivant.
Aucun panneau publicitaire en vue, aucun McDonald’s à l’horizon. Quatre-vingt-dix kilomètres au large du Canada, une nation discrète peuplée d’irréductibles sages résiste encore et toujours à la société de consommation : les Haïda Gwaii. Posté face à la côte ouest de la Colombie-Britannique, cet archipel ne se trouve qu’à deux heures de vol de Vancouver ou une journée de ferry de Prince Rupert, de l’autre côté du détroit d’Hécate. Plus de 150 îles – dont les plus grandes sont Graham (Kiis Gwaay) et Moresby (Gwaii Haanas) – où les Hommes vivent depuis plus de 6000 ans. Au XVIIIe siècle, cependant, la population fut quasiment décimée par les maladies du « Vieux Continent », arrivées avec les navires européens. Mais c’était sans compter sur la résilience insulaire. Aujourd’hui, près de 5000 personnes peuplent toujours l’archipel, dont la moitié se revendique du peuple Haïda. Une communauté à la culture bien vivante reposant sur un profond respect pour les lieux et les autres, une relation intime aux éléments et une organisation clanique incarnée notamment par ces mats totémiques richement sculptés et peints dont les dessins racontent chaque famille, ses emblèmes, les épisodes qui ont marqué son histoire, etc. Ces totems, omniprésents, sont plantés à l’orée de forêts antédiluviennes ou au bord de l’eau, devant les habitations et les commerces, et atteignent parfois des hauteurs vertigineuses.

Christa Boaz/Getty Images/iStockphoto
Entre les maisons traditionnelles en écorce de cèdre résonnent toujours, bien que de plus en plus rarement, deux dialectes ancestraux : le Xaayda Kíl, essentiellement utilisé dans les îles du sud, et le Xaad Kíl, dans le nord. D’un bout à l’autre de la nation Haïda, on ne fait qu’un avec la terre, les arbres, les rivières. Parce que le territoire et les gens sont interconnectés et indissociables, l’écologie est une évidence, un mode de vie, quelque chose que l’on ne pense pas. Les Haïdas se sentent responsables de leur environnement qui a, par ailleurs, la particularité d’avoir été en grande partie épargné par la dernière période glaciaire. En résultent une incroyable quantité d’espèces endémiques végétales et animales, et des paysages bruts à la beauté folle que l’on explore à pied, à vélo, en kayak – de bonnes routes permettant de parcourir les plus longues distances en voiture.

David Katz/Adobe Stock
La partie nord de l’archipel, composée essentiellement de l’île de Graham (Kiis Gwaay), est la plus « urbanisée », si tant est que l’on puisse parler d’urbanisation ici. Skidegate, sur la côte est, abrite le Conseil de la nation Haïda et le Haïda Heritage Centre qui éclaire joliment sur l’histoire, la vie et les croyances haïdas, dans un espace de plus de 4600 m² où sont exposés canots, masques, chapeaux tressés et totems finement travaillés. Dans les environs, on a l’occasion de goûter au régime insulaire. Une cuisine simple et intelligente qui se contente de ce qu’elle trouve – et c’est déjà beaucoup ! Saumon, flétan, œufs de hareng (K’aaw), algues séchées (sguu), gibier, baies sauvages, fruits de mer… En guise de balade digestive, on se rend jusqu’au Balance Rock voisin, étonnant rocher en équilibre sur une extrémité, semblant presque léviter au-dessus de l’eau.

Chris Babcock/Adobe Stock
À quelques encablures, Jungle Beach s’étire le long d’une frange de forêt au vert profond, sublime. Toujours plus au nord, les saumons bravent le courant de la rivière Tlell (Tllaal) pour se reproduire. À l’endroit où le cours d’eau s’approche le plus du détroit, les fondations d’une poignée de maisons traditionnelles en cèdre témoignent de la présence ancienne d’un village haïda. Chaque été, randonneurs, pêcheurs et vacanciers en quête de paysages sauvages repeuplent temporairement les lieux. Plusieurs sentiers invitent d’ailleurs à explorer cette zone côtière, à l’instar de l’exigeant East Beach Trail, réputé pour ses vues imprenables sur l’océan et la forêt et, surtout, pour mener à l’un des sites les plus romanesques de l’archipel : la magnifique plage où git l’épave du Pesuta, navire états-unien dédié au transport du bois qui s’échoua en 1928 sur cette plage magnifique. Dans le ciel volent pygargue à tête blanche et faucon-pèlerin. Le parc provincial de Naikoon, paradis des êtres ailés, est tout proche. Dans les terres, posé sur la rive sud-est du Masset Inlet, entre les rivières Yakoun et Kumdis, Port Clements (Gamadiis) se fait toujours affectueusement appeler « port », bien que son activité maritime ait pris fin depuis longtemps. Il vit désormais essentiellement de l’exploitation forestière, ce qui ne l’empêche pas d’offrir régulièrement de splendides couchers de soleil sur l’estuaire et un accès direct à la vie sauvage. Queen Charlotte (Daajing Giids), à l’extrémité sud de l’île de Graham, montre quant à elle un véritable visage portuaire. On pourra d’ailleurs flâner sur le petit port et observer le va-et-vient des bateaux de pêche récréative (voire monter à bord) puis rejoindre un guide qui nous contera l’histoire des lieux qui entretiennent un rapport intime à la mer.

Gary/Adobe Stock
Si le nord de l’archipel interpelle par la vivacité des traditions et idéaux haïdas, le sud est, lui, un modèle en termes de préservation du vivant. On ira le constater lors d’une sortie en kayak autour de Louise Island et dans les forêts de l’île de Lyell, mais rien n’aura sur nous plus d’impact que le parc national d’Haïda Gwaii Haanas. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, ce dernier est un véritable sanctuaire naturel protégeant rivières, fjords et sources d’eau chaude – celles de G̱andll K’in jaillissent à une température oscillant entre 32 et 77°C, alimentant des petits bassins naturels avec vue sur le détroit de Juan Perez. La région du parc est si formidablement belle et paisible que certaines espèces l’ont choisie pour habitat exclusif – notamment six des dix mammifères natifs de la région. Au milieu de forêts ancestrales, d’épinettes, de cèdres et de plantes rares vivent cerf de Sitka, martre, aigle et ours noir. Ce dernier, ici appelé Taan, est le plus grand ours noir d’Amérique du Nord. Au large s’ébattent baleines (au printemps), orques, dauphins, lions de mer et otaries surveillés de loin par plus d’1,5 million d’oiseaux marins nichant le long de la côte. Au sein du parc, de très nombreux – et très imposants – totems sculptés marquent encore l’emplacement des anciens villages haïdas, présence amicale et preuve du lien insécable unissant ce peuple insulaire à sa terre.
Depuis 2024, par un accord historique, le Canada reconnaît les Haïdas comme propriétaires d’Haïda Gwaii, ce qui leur permet de gouverner – et protéger – leurs terres ancestrales librement. C’est la première fois qu’un gouvernement non autochtone entreprend ce type de démarche envers un peuple autochtone. Une première pour les Premières Nations.
Photographie de couverture : Chris Babcock/ GettyImages
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