Publié 28 mars 2017
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Pour qui aime l’air tranchant comme la glace, les eaux fendues par les baleines et la mélancolie des gris, Reykjavik est un coup de poignard au cœur. Mais là n’est pas le seul talent de la capitale islandaise qui retient le voyageur, captif d’une magie faite de maisons colorées, de cafés joyeux et d’artistes amoureux de leur île. Balade au cœur de son âme.
Il y a les curiosités, comme les snacks de poisson séché à croquer comme des chips et l’aileron de requin faisandé, immangeable si on ne le noie pas de brennivín, une eau-de-vie de pomme de terre au carvi. Il y a le saumon fumé au bois de bouleau, les harengs du petit déjeuner, le cabillaud croustillant, la truite aux pickles… Et aussi le poisson “arty”, graffé avec un talent fou sur les murs de la ville et dont la peau est teintée de couleurs acidulées. Dans son atelier, Arndis Jóhannsdóttir en fait des besaces, des manchettes, des bols géants et même des rampes d’escalier. Il y a enfin le poisson “œuvre d’art”, dont les écailles ont inspiré l’artiste dano-islandais Olafur Eliasson pour la façade de l’Opéra Harpa, qui, avec ses 10 000 vitraux, scintille comme la queue d’une sirène.

Baptisée “Baie des fumées” par les premiers colons à cause de la vapeur des sources chaudes, la ville vibre de gris célestes qui dansent au gré de la pluie et du vent. Les maisons s’ornent de fresques qui racontent les cendres des volcans et la puissance du basalte. Une nature qui prend aux tripes et inspire les artistes : le duo de Postulina (la designer Ólöf Jakobína Ernudóttir et la céramiste Guðbjörg Káradóttir) façonne de la vaisselle et des vases avec une argile noire très sensuelle ; la graphiste Linda Jóhannsdóttir en tire un bestiaire magique en gris, blanc et noir, oiseaux et ours polaires. Même le sel de l’Arctique, qu’on rapporte forcément dans ses bagages, décline le goût et les couleurs de la réglisse, du bois de bouleau fumé ou de la lave.

Les Islandais ont du goût pour mélanger les meubles anciens, les vieux abat-jour et les étoffes kitsch. Ici, ce qu’on ne voudrait pas chez nous devient désirable. Le Kex Hostel, dans une ancienne biscuiterie, est un musée mêlant canapés abîmés, vaisselle vintage et plantes de grand-mère. Dans les bars, comme au Bravó, les coussins aux imprimés improbables fascinent…
Sur les atlas géants des salons du Kex Hostel, le monde d’antan resurgit. Les dimanches, au marché aux puces de Kolaportid, les familles achètent des hot-dogs à l’échoppe Bæjarins Beztu Pylsur avant de négocier des gazettes anciennes ou un lopi, le fameux pull islandais en laine qui gratte. Si on préfère la délicatesse, Hélène Magnusson tricote des Þrýhirnur og langsjöl (châle triangulaire) en laine d’agneau selon des motifs de jadis.
Et, en toute saison, elle embarque les passionnés dans des “tricot-treks” sur les glaciers ou la piste des elfes. Autre fondu de nature, le photographe Ari Sigvaldason vend ses images et des appareils photo vintage dans sa mini-galerie. Juste à deux pas de LetterPress, l’atelier-boutique de Hildar Sigurðardóttur et Ólafar Birnu Garðarsdóttur, deux graphistes brillantes qui impriment cartes postales, étiquettes et cartons d’invitation avec le matériel vintage racheté à un vieil imprimeur.

Helga Ragnhildur Mogensen est blonde et malicieuse, une sorte d’elfe 3.0. Dans son atelier, des carnets de croquis, barbouillés de couleurs, comme son tablier, voisinent avec des kilos de galets en bois, sa matière première. Chaque printemps, elle part faire sa récolte dans le nord du pays, là où ils s’échouent, venus de Sibérie et portés par les courants de l’Arctique. Elle n’y touche pas, ils sont déjà doux comme la soie, mais les assemble patiemment pour en faire des colliers enchantés où elle inscrit au crayon, sur chaque galet, telle une rune au pouvoir magique, le nom d’un lieu, lac, cascade, montagne, grotte ou volcan.
Partout dans la ville, la nature est là, brute et puissante. On a aimé conclure le voyage avec quatre surprises de dernière minute : au restaurant Kol, un cocktail “Icelandic Ego” à l’alcool de bouleau, citron et miel, sous le regard d’un aigle impérial ; les pendentifs “œufs” d’oiseaux de Telma, qui les façonne plus vrais que nature dans de la pâte Fimo et les peint à la main ; le très bon chocolat Omnom (le “miam miam” islandais) pour les emballages illustrés du bestiaire fantastique du designer local André Ulfur Visage ; une bobine de laine d’agneau pour se souvenir longtemps de la Baie des fumées.

Texte
MARTINE KURZ
Photographies
ZOE FIDJI
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