Allemagne

La route des vins en Allemagne

La route des vins en Allemagne

Longtemps toisés depuis ce côté de la frontière alsacienne, les vignobles couvrant le sud-ouest de l’Allemagne séduisent aujourd’hui les palais des professionnels et amateurs de grands vins du monde entier. Un prétexte exquis pour sillonner les paysages de la région.

 

Le Palatinat, terre d’un roi blanc…

Le climat ensoleillé et le sol calcaire du Palatinat, donne à la région méridionale de l’Allemagne bordant la frontière française, un doux air méditerranéen. Il suffit de voir les amandiers en fleurs au printemps, puis en été, de croquer figues fraîches et kiwis pour s’en persuader. Parmi les héritages romains, la vigne trouve, elle aussi, son bonheur, faisant de la région le second vignoble du pays (derrière la Hesse rhénane voisine) avec près de 25 000 hectares. La fierté du Palatinat demeure l’indétrônable riesling, dont le territoire occupe 20% des terres. Ce cépage blanc et sec d’une grande pureté, a ces dernières décennies redoré le blason de l’Allemagne sur la scène œnologique mondiale.

 

85 kilomètres du sud au Nord

Depuis 1935, la Weinstraße sillonne cette partie du land de Rhénanie-Palatinat bordé par la forêt palatine, reliant entre elles 130 localités viticoles. Une petite centaine de kilomètres depuis Schweigen-Rechtenbach, à la frontière française, jusqu’à Bockenheim au nord. Ce parcours de chais en chais se divise, pour des raisons administratives, en deux chapitres : la route des vins du Sud (Südliche Weinstraße) rayonnant autour de la ville de Landau, et le Haardt moyen (Mittelhaardt) dont la ville thermale de Bad Dürkheim marque le centre. La différence se sent également dans les paysages. Si la partie méridionale affectionne les collines et les petit villages, tel Annweiler (où Richard Cœur de Lion fut emprisonné), le Mittelhaardt, lui, décline des coteaux plus abrupts, couronnés de forêt et de châteaux forts (dont celui de Hambach, symbole européen de la lutte pour les droits civiques depuis 1832).

 

Curiosités et étoilés

Parmi les étapes à inscrire à sa feuille de route : la villa Ludwigshöhe, résidence d’été du roi Louis 1er de Bavière (fermée pour rénovation jusqu’à l’été 2022) aux influences italiennes. Plus anecdotique : le tonneau géant de Bad Dürkheim, construit en 1934 par un maître tonnelier. Sa particularité ? Un diamètre de 13,5 mètres pour un volume impressionnant (1,7 million de litres) qui abritent aujourd’hui une cave et un restaurant de 300 couverts. Côté table, la région du Palatinat ne vous laissera jamais sur le bord du chemin. Celles des chais, des tavernes et de quatre restaurants étoilés composent un panorama varié, à l’image de la région. Dans la catégorie ovni gastronomique : l’étoilé « pub nippo-palatin » Izakaya, à Wachenheim, marque une fusion de genres renversante (tamagotofu au caviar d’omble pour ne citer que lui), qui accompagne à la perfection les crus locaux. À quatre kilomètres de là, Deidesheim, compte quant à lui deux adresses primées pour moins de 4000 âmes. Un petit village aux maisons à pans de bois, considéré comme le berceau des grands rieslings, avec sept kilomètres de caves sous ses pavés et surtout, quatre des plus grands domaines au monde de ce cépage roi des blancs allemands.

 

L’ascension des rouges

Depuis une dizaine d’années seulement, le Palatinat est le creuset d’une petite révolution.

L’amélioration des techniques associée à l’arrivée de maitre.esse.s ayant fait leurs classes à l’international et la montée de la demande, voit les cépages rouges gagner en renommée et en surface (aujourd’hui près de 40% du vignoble palatin). Ainsi la puissance fruitée du spätburgunder (pinot noir), mais aussi le caractère du dornfelder et du portugieser (portugais bleu) s’affirme et s’affine de cru en cru. Le fruit d’un minutieux travail opéré par de jeunes vignerons produisant des cuvées harmonieuses. Certains domaines ont par ailleurs une longueur d’avance sur leurs voisins européens en matière de biodynamie.

 

On dirait le sud

À une heure de route plus au sud on entre dans le pays de Bade, région de Fribourg-en-Brisgau, qui a fait du pinot noir son fer de lance. Les coteaux rouges habillent ici un tiers des étroites vallées traversant le massif volcanique du Kaisersthuhl (Chaise de l’Empereur) qui offre de magnifiques vues sur les contreforts de la Forêt-Noire. Présent depuis deux siècles, les cépages s’appuient depuis peu sur des clones bourguignons travaillés pour donner des vins qui offrent une belle rondeur. Une raison - s’il en fallait encore une – pour prolonger l’exploration d’un vignoble allemand décidément riche en bonnes surprises.

 

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Par

BAPTISTE BRIAND

 

Photographie de couverture : Christian Kerber/LAIF-REA