Iran

48 heures à Ispahan

48 heures à Ispahan

Du mihrab de la mosquée du vendredi aux fresques du palais Chehel Sotoun, des volutes bleues de la mosquée Lotfollah aux alvéoles du salon de musique du palais Ali Qapu, on s’étourdit de la beauté d’Ispahan, “ la moitié du monde “.

 

Au détour d’une ruelle du bazar où tapis et céramiques s’offrent à la convoitise des passants, on découvre une chai-khoneh, maison de thé, dans un ancien caravansérail – un refuge loin des regards des Gardiens de la Révolution pour quelques familles libérales, un couple amoureux, et une grappe de tout jeunes hipsters échappés du lycée – à leur look très newyorkais, on les devine impatients de rejoindre leurs frères et soeurs exilés à Brooklyn.

 

Les garçons cultivent leurs longues boucles brunes ; les voiles très lâches des filles au rouge à lèvre rouge laissent apparaître des coupes à la garçonne. Ils et elles enchaînent les verres de thé, les selfies et les cigarettes. De retour place de l’Imam, les enfants jouent autour de l’immense bassin, leurs mères déplient de grandes étoffes et déballent les narguilés à l’ombre du dôme de Lotfollah.

 

Quelques sourires échangés avec la famille assise à côté de nous, et bientôt, une des jeunes femmes s’enhardit à nous proposer de partager leur repas. Thé et pistaches en guise d’apéritif – ici aussi le selfie est de rigueur, et l’on pose avec nos hôtes d’un soir pendant que sur le réchaud mijote le khoresh bademjan – aubergines, cardamome et riz safrané. La nuit tombe, la place bruisse des rires des dizaines de famille installées là.

 

Après des adieux chaleureux, un détour par le Si-o-Seh Pol, un des onze pont qui surplombent Zayandeh-rud. Là aussi, une foule riante – tous se réjouissent de la fraicheur revenue avec le fleuve, après qu’il ait été détourné pendant des années pour irriguer les exploitations de pistache de Yazd – il faut imaginer Paris sans la Seine pour comprendre la joie des habitants d’Ispahan !

 

Photographie de couverture : Dietmar Denger/Laif-REA