A la croisée des cultures - Un long week-end à Oran

Un art donc de faire de l’unité avec du divers sans verser dans le relativisme. En affirmant une personnalité. Les Berbères, les Maures, les Arabes, les Juifs, les Espagnols, les Ottomans et les Français ont contribué chacun à leur manière. Tout cela englobé dans un art de vivre qui fait le tri et adapte avec une certaine jubilation. Car, pour traditionnelle qu’elle soit, Oran ne recule jamais devant la nouveauté. Elle s’en nourrit. Il s'en dégage un air de liberté et de jeunesse qui est l’un de ses traits distinctifs. Et communicatif.

Votre hôtel à Oran

A deux pas de la place d’Armes / 1er novembre, à quelques enjambées de plus du port, c’est l’un des fleurons hôteliers de la ville. Edifié en 1920, il a été restauré avec soin. Au-dessus de la marquise, la haute façade blanche à toit ardoise évoque un Paris grisé de Méditerranée. A l’intérieur, un impeccable classicisme que rehaussent les toiles du peintre Etienne Nasr ad Dine Dinet : l’orientalisme réapproprié. Les chambres sont bien équipées, douillettes. Elles ont un fini cossu. Deux restaurants - une table gastronomique et une brasserie - régalent. Le bar est feutré comme un club anglais. Et le salon de thé invite à un afternoon tea à l’oranaise. Le pôle bien-être réunit tradition algérienne et internationale. Les installations - hammam, sauna, salles de soin, salle de gym - sont tout à fait à même de rendre au voyageur tout le tonus dont il a besoin pour faire honneur à la Radieuse.

Déjà prévu au programme

Oran like a friend - Tous ceux qui la connaissent vous le diront : Oran est un ville à vivre. Comme toutes les villes ? Pas tout à fait, certaines tiennent plus à une atmosphère qu’à un décor. Oran a certes un patrimoine de valeur, mais il serait moins beau sans l’art de vivre oranais. Alors, rendez-vous avec quelqu’un qui y est comme un poisson dans l’eau et parle français. Comme on n’a rien préparé, on discute un peu des goûts et des couleurs et on dresse rapidement un plan d’opération. Il s’agit en somme d’engager la ville elle-même à répondre à vos désirs et à vos questions. On se laisse entraîner plutôt que guider. Excellente source de tuyaux pour tout le séjour en prime !

Les incontournables - Avec un guide francophone privé, vous explorez ensuite le patrimoine oranais. Du fort de Santa Cruz, établi par les Espagnols au XVIe siècle (et modernisé au XVIIIe), à la mer. En passant par la mosquée du Pacha, 1796 ; la cathédrale du Sacré Cœur, béton armé néo-byzantin, 1903-1913, devenue bibliothèque municipale ; la Grande Synagogue, 1880, désormais mosquée Abdullah ibn Salam. Par l’hôtel de ville aussi, 1886, qu’Albert Camus jugeait prétentieux, et le théâtre, 1907, fleurons de l’Oran coloniale. La gare étant un bel exemple d’architecture néo-mauresque conciliante - Albert Ballu (comme la cathédrale), 1908-1913. Quant à la casbah, plus ancienne que celle d’Alger, elle abrite encore architectures arabe, espagnole et ottomane.

Une journée privée à Tlemcen - A la frontière avec le Maroc, au-dessus de la plaine de la Tafna, Tlemcen a eu une influence profonde sur le destin d’Oran, aussi n’est-il pas incongru de compléter la visite de celle-ci par celle de la Grenade africaine. Arabo-andalouse donc. Les aléas de l’histoire du Maghreb et de l’Espagne ont fait de la ville le conservatoire brillant de la culture mauresque, dans tous les domaines : religieux, intellectuel, artistique, etc. La musique y a connu des développements particulièrement brillants. La sanâa gharnata (de Grenade), ou sanâa de Tlemcen, exprime cela dans le domaine de la musique savante. Dans un autre genre, le duo Rachid et Fethi, qui a posé les bases de la pop algérienne, est aussi issu du milieu des musiciens tlemcéniens. Et pour donner un contrepoint géologique aux impressions culturelles, on visite, dans le parc national de Tlemcen, les grottes de Beni Add, dont les salles sont faciles d’accès et les spéléothèmes spectaculaires. Un guide francophone vous accompagne.