De la côte sud battue par les rouleaux aux lagons paisibles de l’est, le Sri Lanka n’offre pas une mais mille façons d’aimer la mer. Antres de surfeurs ou refuges solitaires, baies parfaites ou plages familiales, chaque rivage a son rythme et son atmosphère. L’île, généreuse, permet d’en expérimenter plusieurs en quelques jours, au gré des routes bordées de rizières et de temples. Et, au détour d’un sentier, une plage encore inconnue attend peut-être d’entrer dans votre propre top 10.
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Mount Lavinia, l’échappée de Colombo
À seulement une demi-heure au sud du tumulte de Colombo, Mount Lavinia est la plage la plus accessible, la plus fréquentée et la plus vivante. On y vient pour une baignade rapide, un coucher de soleil les pieds dans le sable. La plage s’étire en long ruban doré, parallèle à la ligne de chemin de fer. Le train passe à quelques mètres, bringuebalant, emportant des voyageurs accoudés aux portières ouvertes. Scène typiquement sri-lankaise : l’horizon de l’océan d’un côté, les wagons bondés de l’autre et, entre les deux, la bande de sable où la ville s’accorde une pause. Le week-end, les enfants courent dans les vagues et les vendeurs ambulants proposent du manioc frit, des mangues au piment, des cacahuètes salées. L’air sent le sel, les épices et l’huile chaude. C’est LA plage pour prendre le pouls du Sri Lanka urbain – au bord de la mer.
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Tangalle, modernisme tropical
À l’extrême sud du Sri Lanka, la route hésite entre jungle et rivage quand Tangalle apparaît : une plage immense, ruban de sable blond qui s’étire sur plusieurs kilomètres, à l’infini – et l’océan Indien qui déroule ses vagues puissantes. Pas de lagon, pas de barrière de corail : ici, la mer est franche, libre. Ourlée d’écume, elle gronde et respire. L’eau est souvent trop vive pour la baignade, mais ce n’est pas ce que l’on vient chercher à Tangalle. On s’y rend pour respirer, pour se retirer du monde. Quelques cabanes de bois, des maisons d’hôtes discrètes – et les silhouettes élancées des palmiers qui nous rappellent que nous sommes bien sous les Tropiques : Tangalle échappe au béton. On pose ses valises dans la villa édifiée par Geoffrey Bawa, maître sri-lankais du modernisme tropical, qui œuvra à une architecture durable bien avant que le terme ne soit inventé par les théoriciens. L’architecte a su traduire le paysage sri-lankais en lignes pures et espaces ouverts. Ici, le bâtiment blanc, tout en courbes, ouvert aux éléments, est une ode à la simplicité tropicale.
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Mirissa, baleines et bohème
À mi-chemin entre Galle et Tangalle, Mirissa se love dans une baie parfaite. Un croissant de sable fin, ourlé de palmiers penchés vers la mer, bercé par des vagues douces avec, au loin, les bateaux de pêche colorés qui dansent sur l’eau : plus qu’une plage, Mirissa est une parenthèse, une invitation à vivre pieds nus, la peau salée. Ici pas de rouleaux sauvages mais une baie accueillante, une eau propice à la baignade. On plonge avec masque et tuba, on apprend à dompter les petites vagues sur une planche de surf. À la tombée du jour, les lampions s’allument, les bars de plage s’animent. De janvier à avril, quand les baleines bleues migrent entre le Golfe du Bengale et la mer d’Oman, une sortie en mer en trimaran permet de les observer en nombre. Certains jours, on croise aussi rorquals à bosse, cachalots, dauphins et tortues.
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Arugam Bay, l’appel de la vague
Sur la côte est, Arugam Bay tient le rôle de paradis des surfeurs. La plage est infinie, toujours balayée d’une lumière dorée. Les rouleaux y sont longs, réguliers, sculptés par les alizés. Les amateurs de glisse du monde entier s’y retrouvent, dans une atmosphère californienne. Le village, lui, garde des airs de bout du monde, avec ses cafés colorés et ses hamacs suspendus. Nos spots préférés : Whishey Point, Peanut Farm et Crocodile Rock.
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Unawatuna, entre jungle et mer
À quelques kilomètres au sud de Galle, qui fut pendant plusieurs siècles l'un des ports les plus importants de la route vers l'Asie, toujours protégée par d’imposants remparts, la plage de Unawatuna est un carrefour. Ici, les bateaux de pêche partent encore à l’aube et les marchands accroupis sur leurs nattes proposent des mangues de mille et une espèces, des papayes, des durians, des litchis et des noix de coco. On croise autant de familles sri-lankaises que de surfeurs. Les grains dorés sont bordés de forêts de mangroves, les racines aériennes des palétuviers s’élancent dans le sable – vert dense de la végétation et bleu profond de l’océan. Grâce à sa barrière de corail au large, la baie est une piscine naturelle ; on y plonge dans une eau claire et chaude, qui déleste de la fatigue accumulée. Ensuite, on admire le coucher du soleil assis devant le mausolée bouddhiste immaculé qui surplombe la jungle.
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Dalawella, épure entre roche et lagon
À quelques minutes au sud de Unawatuna, Dalawella joue la carte de la discrétion. Une langue de sable beige, frangée de palmiers droits, ourlée par une mer calme grâce à la barrière de corail toute proche. Et un rocher, planté dans l’eau face à la plage, devenu une silhouette emblématique du pays. À marée basse, on marche pieds nus sur la plage pour observer les hérons solitaires. Quelques villas minimalistes, deux ou trois cafés les pieds dans le sable, un hamac suspendu entre deux cocotiers. Un refuge pour ceux qui veulent la mer sans la foule.
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Nilaveli, la pureté retrouvée
Au nord-est du Sri Lanka, loin des foules du sud et des routes saturées de tuk-tuks, Nilaveli déroule un rivage de carte postale. On pose sa serviette sur le sable blanc pour méditer sur la beauté du monde face à une mer turquoise. En dix minutes de traversée, on accède à l’île aux Pigeons, petite réserve naturelle posée au large. Un masque, un tuba, plouf ! C’est tout un monde qui se révèle : la flore pétrifiée des coraux, une foule de tortues de mer – tortue verte, tortue olivâtre, tortue imbriquée, elles sont toutes plus belles les unes que les autres. Des poissons en pagaille aussi : poissons-clowns, poissons-perroquets et poissons-papillons se bousculent, en bancs serrés ou solitaires. Et, en vedette, le requin à pointe noire – requin de récif parfaitement inoffensif, rassurez-vous !
Faustine Poidevin
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Weligama, la vague douce
Weligama est l’une des baies les plus fréquentées de la côte sud. Et quelle baie ! Immense, ourlée de sable doré, c’est le terrain de jeu parfait pour les apprentis surfeurs. Ici, pas de récifs ni de rochers à l’horizon ! Le fond sablonneux permet une progression sans risque. Les vagues sont douces, régulières, idéales pour débuter. Et si vous n’avez jamais touché à une planche, partout des écoles de surf proposent des cours dispensés par de jeunes passionnés.
Carlota Weber Mazuecos
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Hiriketiya, le chic bohème
Petite baie encaissée entre deux pointes rocheuses couvertes de jungle, Hiriketiya a longtemps été un secret bien gardé entre surfeurs. Aujourd’hui, les voyageurs bohèmes et les digital nomades venus de Berlin ou de Sydney plébiscitent sa plage, son sable blond, son eau turquoise et ses vagues régulières. L’école de surf est littéralement sur la plage, planches dans le sable, profs pieds nus, ambiance laid back. Mais même sans surf, la baie charme. Si vous n’êtes pas adepte de la vague, vous pouvez prendre part à un cours de yoga ou buller dans un hamac en sirotant un smoothie.
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Polhena, en famille au Sri Lanka
Polhena, près de Matara, est avant tout fréquentée par les Sri Lankais. Le week-end, les familles s’y installent en grappes, enfants rieurs et glacières pleines. L’ambiance est vivante, bruyante et joyeuse. La mer, protégée par une barrière de corail à une centaine de mètres du rivage, est exceptionnellement calme. Les hommes se baignent en jeans, les femmes en leggings et T-shirts longs, les enfants apprennent à nager, ceints de bouées multicolores. Les adolescents plongent depuis les rochers. Les uns prennent des selfies, les autres s’installent sous les filaos dans des transats en plastique loués à l’heure. À l’ombre des arbres, on déballe le riz au curry transporté dans du papier journal, on partage les mangues pimentées, on échange les bouteilles de sodas. La mer, le sable et le monde entier scintillent sous le soleil.
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Par
MARION OSMONT
Photographie de couverture : Anton Polyakov / Pexels