Russie

Radio Voyageurs : 100% Russie

Radio Voyageurs : 100% Russie

Avec Zarema Yalilova, spécialiste et conseillère Russie à Voyageurs du Monde, Jean-Pierre Chanial, journaliste, écrivain et grand voyageur, Michel-Yves Labbé, président de l’application Départ Demain.

 

Valérie Expert et ses invités partent tous du même constat : La Russie est immense, une fois et demi plus grande que les Etats-Unis et trente-trois fois plus que la France. Pourtant, Jean-Pierre Chanial déplore, malgré ses 17 millions de km2, “l’absence de phénomènes naturels comme il peut y en avoir aux Etats-Unis. A part les immensités de bouleaux, il n’y a pas grand-chose à voir à l’intérieur du pays”. Zarema Yalivova ne partage pas son avis. Ce qui lui plaît en Russie, “c’est la beauté des paysages sauvages de taïga, les volcans du Kamchatka. Les gens qui veulent se retrouver dans une nature vraiment sauvage et vierge y trouveront leur bonheur, ce qui est de plus en plus rare sur notre terre”, affirme-t-elle.

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Où et quand partir ?

 

Les invités de Valérie s’accordent à dire que Moscou et Saint-Pétersbourg restent les grands classiques d’un premier voyage en Russie. Pour un deuxième ou un troisième voyage, “les clients choisissent le Transsibérien, la Sibérie, Irkoutsk, le lac Baïkal ou encore des séjours-nature”, dévoile Zarema Yalilova, tout en ajoutant qu’il faut compter au moins deux semaines pour voyager en Russie.

Jean-Pierre Chanial insiste sur les deux grands classiques que sont Moscou et Saint-Pétersbourg : “On ne peut pas aller en Russie sans aller dans ces deux villes. De plus, elles sont reliées, soit en bateau, soit en train. Par la route, c’est plus difficile à cause de l’état des routes”. Zarema Yalilova rectifie en précisant que la route est aujourd’hui bien meilleure mais elle conseille toutefois le train rapide qui relie les deux villes en 4h30. Elle recommande l’option bateau pour les voyageurs qui ont le temps - il faut sept jours - : “Les clients pourront par exemple s’arrêter dans les villes de l’Anneau d’Or, les très belles capitales de la Russie ancienne”.

cheval sur le Lac Baïkal

Stefan Volk/LAIF-REA

La conversation évolue vers les villages typiques. Valérie Expert demande s’il en existe encore beaucoup. “Pour en trouver, il faut aller en Sibérie”, révèle Zarema Yalilova. Michel-Yves Labbé demande alors s’il est facile de louer une voiture en Russie. “C’est possible, selon Zarema Yalilova, mais peu simple à cause des indications sur la route en cyrillique, de la police très présente qui vous arrête facilement…”

 

 

L’énergie de Moscou

 

Pour Jean-Pierre Chanial, “Moscou, c’est un peu le “bling-bling”, tout en étant un patrimoine historique exceptionnel, le Kremlin, les églises… C’est aussi une ville qui vit un élan de modernisme unique en Russie depuis la Pérestroïka. Autant Saint-Pétersbourg est restée dans son jus, un peu figée et tristoune, autant Moscou déborde d’énergie, de fêtes et de lumières, avec tout ce qui va avec : le culot des nouveaux riches, des tarifs invraisemblables…” Il ajoute qu’elle a su garder quelques “recoins, des endroits où il fait bon flâner comme le marché aux puces d’Izmailovo où l’on trouve de tout, de l’antiquaire chic jusqu’au vide-greniers !”

Jean-Pierre Chanial évoque également les cimetières comme celui de Novodevichy, “aux sculptures-tombeaux délirantes” et enchaîne sur deux autres incontournables moscovites : le métro, construit à la fin du 19ème qu’il qualifie d’ “exceptionnel de grandeur, de par le chic de sa réalisation : marbre, mosaïques, colonnades, sculptures, escaliers roulants vertigineux”. Il s’étonne d’ailleurs qu’il n’ait pas été modifié depuis 1990, car il représente pour lui un “hymne permanent au socialisme soviétique”. Son deuxième incontournable : les bains Sandounov, à la fois hammam et spa. “Vous allez pouvoir y faire une pause, les dames comme les hommes, chacun de son côté, avec un petit détail : le côté “messieurs” est bien plus resplendissant et a une piscine !”. Il précise en effet que les bains furent construits au 19ème siècel Autre détail, on exige que vous portiez un chapeau en feutre. C’était ainsi qu’on se protégeait la chevelure à l’époque. Rassurez-vous, ils sont vendus trois fois rien !”

énergie de Moscou

Dominik Asbach/LAIF-REA

Michel-Yves Labbé profite de l’allusion pour poser une question pratique : Est-il avantageux aujourd’hui de voyager en Russie pour des Français ? Zarema Yalilova explique que depuis que le rouble a baissé il y a deux ans, et malgré une petite remontée récente, aller en Russie reste intéressant pour les Français. Elle ajoute cependant que les hôtels sont chers. La conversation évolue naturellement vers l’hébergement à Moscou. Zarema Yalilova cite des noms de très beaux hôtels comme le Four Seasons qui donne sur la Place Rouge, le Kempinski, le Ritz Carlton…

Michel-Yves Labbé avoue ne pas être allé à Moscou “depuis très longtemps” mais raconte avoir traversé la Russie en voiture en 1972 : “C’était la première fois qu’on pouvait obtenir un visa. Je suis rentré par la frontière finlandaise, je suis allé jusqu’à Erevan… Quand j’y étais, la Place Rouge était blanche et mon guide s’appelait Nathalie”, plaisante-t-il.

 

 

Saint-Pétersbourg à la fois calme et resplendissante de son passé

 

Zarema Yalilova parle des endroits qui caractérisent la ville la plus européenne de la Russie : l’Hermitage, le Musée Russe, la maison de Dostoïevski… Pour elle, “dans chaque maison de chaque rue, on peut trouver quelque chose d’intéressant”. L’été, elle conseille les balades en bateau et en hiver de sortir de la ville pour aller faire du chien-traîneau à Kigi ou de la motoneige. Jean-Pierre Chanial met cependant en garde sur l’hiver à Saint-Pétersbourg et le peu d’ensoleillement …Il recommande donc d’y aller plutôt au printemps ou en été tout en faisant attention à la période des nuits blanches où les hôtels sont plus chers et les touristes plus nombreux. Zarema Yalilova conseille donc de partir plutôt de fin juillet à septembre.

place ensoleillée de Saint-Pétersbourg

Getty Images/iStockphoto

Jean-Pierre Chanial a une passion pour Saint-Pétersbourg qu’il qualifie de “silencieuse, où le tempéramment de la population est très intérieur et où il n’y a pas de grande manifestation de liesse comme il peut y en avoir à Moscou”. Zarema Yalilova parle de la fierté des habitants pour leur ville et son histoire. est tout à fait d’accord et insiste sur le fait qu’ils peuvent être fiers de son époque impériale, des architectes et des décorateurs français, italiens. Pour se rendre compte de la beauté de la ville, Jean-Pierre Chanial conseille de monter à la Cathédrale Saint-Isaac, jusqu’au belvédère près de la coupole pour admirer le panorama sur le centre-ville et avoir une première impression sur la ville. Il ajoute qu’il est impossible de passer à côté de l’Hermitage : “des centaines de pièces, trois millions d’oeuvres d’art, hélas pas toutes exposées, mais qui couvrent tout le répertoire de l’humanité à l’oeuvre pour faire de l’art. Il y a tout !” Il mentionne également la Perspective Nevski, “faussement surnommée les Champs Elysées de Saint-Pétersbourg” et les bistrots de la ville qui sont restés “dans leur jus, avec des murs tapissés de boiseries, une mama qui vous accueille limite en vous engueulant, avec cette convivialité des Russes, ces gens qui discutent entre eux et pour qui vous êtes immédiatement le bienvenu”. Il recommande particulièrement un bar au bout de la Perpective Nevski dans l’hôtel Four Seasons, le Xander Bar avec des fauteuils en cuir patiné, des tableaux anciens et du vrai caviar !

 

 

L’expérience du Transsibérien

 

Prendre le Transsibérien reste un grand classique : on part de Moscou, on parcourt 10 000 km sur des durées qui varient en fonction des villes où on s’arrête et combien de temps on y reste. “Chaque voyage que nous organisons à Voyageurs du Monde est différent. Cela dépend de ce que le client recherche. Certains veulent ne faire qu’un tronçon en train, le reste en avion, par exemple du Lac Baïkal à Irkoutsk”, explique Zarema Yalilova. Elle ajoute que le fait de ne pas avoir de sanitaires privés dans le train peut rebuter quelques clients. Il existe cependant des trains plus luxueux que d’autres : “Il s’agit de trains touristiques qui partent un peu comme des croisières et qui sont plutôt pour des gens qui veulent être accompagnés de A à Z. Les arrêts sont programmés. Les sanitaires sont privés, les cabines luxueuses mais les prix beaucoup plus élevés !”. Même si elle ajoute que le vrai Transsibérien n’est pas très confortable, “on le prend surtout pour l’ambiance et pour les villes que le train traverse. Elle mentionne Ekaterinbourg, “une ville très dynamique où on peut passer une bonne journée sympa”, Kazan, la ville musulmane de la Russie où l’architecture est magnifique et l’ancienne ville de Nijni Novgorod avec son Kremlin à quatre heures de Moscou.

L’expérience du Transsibérien

Olaf Meinhardt/VISUM-REA

 

L’aventure en Sibérie

 

Le Transsibérien entraîne naturellement la conversation vers la Sibérie où le tourisme n’est pas très développé mais Voyageurs du Monde reçoit de plus en plus de demandes sur Irkoutsk au nord du lac Baïkal : “C’est la Sibérie très profonde, avec des villages, des activités très typiques. On peut rencontrer des familles, faire des activités très nature”, explique Zarema Yalilova.

L’aventure en Sibérie

Stefan Volk/LAIF-REA

Valérie Expert interroge ensuite ses invités sur le lac Baïkal, “une destination où on peut aller en hiver comme en été, assure Zarema Yalilova, en hiver on y voit des banquises, on y pratique la pêche dans la glace, on fait du chien-traîneau, de la motoneige, on prend un bus sur un chemin qui traverse le lac… En été, on se baigne, il fait chaud, on peut visiter plusieurs îles, faire du bateau…” Cependant, Michel-Yves Labbé met en garde sur les hôtels, “pas terribles du tout”. La situation serait toutefois en train de changer avec une implantation de petits hôtels sympas notamment à Listvianka, le village le plus touristique sur les bords du lac.

 

 

Cap sur Sochi et les stations du Caucase

 

De la Sibérie que Jean-Pierre Chanial associe au  “voyage qui relève du mythe”, Valérie Expert  amène les auditeurs du côté du Caucase. Selon Zarema Yalilova, Voyageurs du Monde reçoit quelques demandes mais elles restent peu significatives et surtout des destinations d’été, puisqu’il s’agit de la Riviera Russe. Elle propose d’ailleurs une combinaison tout à fait possible entre Moscou, Saint-Pétersbourg et Sochi.

 

Aller encore plus loin, au Kamchatka

 

Zarema Yalilova explique qu’il s’agit que le Kamchatka est la zone la plus au nord-est du pays, avec des geysers, des volcans, une nature complétement sauvage, des ours et un tourisme plutôt destiné aux sportifs : “Le Kamchatka, c’est la marche, des balades en hélicoptère, les hébergements sont très simples : les Izba, les maisons en bois, en été dans des tentes, c’est très “roots”. Michel-Yves Labbé ajoute : “En hiver, on peut même faire du ski héliporté sur des superbes poudreuses !”

 

La cuisine russe, des plats simples qui évoluent

 

“Et la cuisine Russe ?”, interroge Valérie Expert, dubitative sur sa qualité. Zarema Yalilova partage son avis et parle d’une cuisine simple, à base de produits tout aussi simples. “Mais, c’est bon, ajoute-t-elle, on a des soupes comme le bortsch, des soupes à baes de betteraves, on a plein de plats différents comme les raviolis russes, et il y a de plus en plus de restaurants russes qui proposent des plats très travaillés, revisités et délicieux”. Michel-Yves Labbé en profite pour ajouter que les plats du sud du pays comme les brochettes, les schachliks sont très bons, épicés… mais qu’on ne trouve plus de caviar en Russie car les esturgeons sont en voie de disparition et protégés.

 

 

La carte postale de Michel-Yves Labbé

le grand nord de la Sibérie

 

Michel-Yves Labbé emmène les auditeurs dans un bout du monde : le port le plus à l’est de la Sibérie dans la péninsule du Kampchakta dont la capitale est Vladivostok, “un nom qui fait déjà rêver”. Pourtant, une fois à Vladivostok, on est encore loin de Provideniya, sa destination-carte postale, dont le plus proche voisin est les Etats-Unis. “Il faut monter plein nord, le long de la mer de Bering pour arriver 3700 km plus haut dans le Golfe d’Anadyr. Michel-Yves Labbé précise que l’on peut aussi prendre un avion depuis Moscou jusqu’à Anadyr - huit heures de vol - puis ensuite affréter pour Provideniya ou prendre un bateau pour quelques heures de traversée le long d’un grand fjord bordé de montagnes, “où il n’y a pas âme qui vive. Le bateau suit les flots sombre et c’est beau jusqu’à ce que la ville se profile au bout du fjord, une ville curieuse avec une rive où sont posés des immeubles peinturlurés, et une autre rive où la vie s’est arrêtée il y a vingt ans”. Il décrit des immeubles aux fenêtres cassées, où aucune une voiture n’est garée sur les parkings “où l’herbe et la mousse se disputent les fissures des dalles effondrées”. Il décrit une ville fantôme. Il raconte ensuite l’accueil des douaniers, “redingotes genre Guerre et Paix qui vous attendent suspicieux, évidemment”. Il prévient les auditeurs : “Vous allez attendre… Une fois les passagers contrôlés, les douaniers vous emmènent pour sortir de la zone portuaire. A 50 m, deux autres fonctionnaires vous attendent pour le contrôle des passeports. De la douane de mer à la douane de terre, rebelote, vous allez attendre…” Puis, c’est la balade dans les deux seules rues de Provideniya : “Les immeubles “Caraïbes” sont bien moins fringants de près. Il passe une voiture tous les quarts d’heure. Vous vous demandez ce que vous êtes venu faire dans cette galère… jusqu’à un petit miracle : une maison en bois, avec un écriteau “Museum”. Deux Babouchkas vous accueillent souriantes à l’entrée, odeurs de thé et de bortsch à l’appui”. Le musée est gratuit et renferme des petits trésors sur la vie des Tchouktches, le peuple local.

le grand nord de la Sibérie

Stefan Volk/LAIF-REA

Il conclut ensuite sa carte postale par l’histoire plus récente de ville. Une jeune femme lui raconte qu’autrefois, la ville comptait  20 000 habitants grâce à l’usine de charbon et aux casernes. Puis en 1990, suite à la chute de l’URSS, tout le monde est parti. Seulement 3 000 personnes sont restées. Michel-Yves Labbé comprend tout de suite qu’il s’agit de “l’ultime île de l’archipel du Goulag où les fonctionnaires et les militaires étaient mutés contre leur gré”. Il finit en avouant qu’il ne s’agit ni d’une carte postale très glamour ni d’une destination banale, mais il tenait à emmener ses auditeurs aux confins de ce grand pays et de cet archipel du Goulag avant qu’il ne disparaisse des mémoires.

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