L'Egypte au fil de l'eau - Le Mag Voyageurs du Monde

Egypte

L'Egypte au fil de l'eau

Publié 03 sept. 2014

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Le Nil, colonne vertébrale du pays, source divine de vie et d’inspiration depuis l’Antiquité, a également guidé sur ses eaux les premiers voyageurs. A bord d’un steamer d’époque ou d’une dahabieh traditionnelle, la croisière au fil du Nil reste une approche inoubliable de l’Egypte.

 

On le répète depuis l’Antiquité : sans le Nil, l’Egypte ne serait qu’un désert. Mais ce fleuve nourricier, qui a donné naissance à un magnifique ruban de verdure au milieu des sables, a façonné aussi la mentalité des Egyptiens.

Jusqu’à la construction du haut-barrage d’Assouan, dans les années 1960, c’était un fleuve fantasque et inconstant. Les habitants vivaient au rythme de ses crues annuelles. Tantôt trop haut, tantôt trop bas, le Nil pouvait engendrer des inondations catastrophiques ou des sécheresses redoutables. Pline l’Ancien résumait le drame en quelques chiffres : avec 12 coudées, c’était la famine ; avec 13, la suffisance ; avec 14, la joie ; avec 15, la sécurité ; avec 16, l’abondance, et on faisait la fête. Du temps des pharaons, pour stimuler la crue, les habitants jetaient dans le fleuve des aliments, des animaux sacrifiés, des amulettes ou des poupées : ils sollicitaient la venue d’Hapy, une figure cosmique, confondue avec l’eau qui incarnait la fertilité.

pont du steam ship sudan

La tradition a continué dans l’Egypte musulmane, à partir du VIIème siècle. Les muezzins psalmodiaient toute la nuit, du haut de leurs minarets, pour rendre grâce à Allah de la montée des eaux. Le sultan se rendait au puits, qui servait à mesurer le niveau du fleuve grâce à des repères gravés sur ses parois, et l’enduisait de parfums. Puis, à bord d’une felouque, il frappait l’eau trois fois de son spectre. Et l’on ouvrait les digues, sous les acclamations…

En Egypte, l’eau ne tombe pas du ciel. Il faut aller la chercher dans le Nil par tout un système de canaux, et la hisser quand elle est trop basse. Les machines élévatoires appartiennent à la campagne égyptienne depuis la nuit des temps, mais les poétiques saqias, que faisaient tourner des ânes ou des bufflesses, ont cédé la place aux pompes à moteur.

personnel du Steam Ship Sudan

Un fleuve capricieux, qu’il fallait amadouer ou dompter, a contraint le peuple du Nil à s’organiser et à serrer les rangs. Les Egyptiens sont ainsi devenus une nation, soulignait Emil Ludwig dans un livre paru en 1936 (Le Nil, Vie d’un fleuve) : « Un Etat s’est constitué ici, qui fit du Pharaon un dieu, du travail une nécessité, de l’hydraulique un art, de la raison et de la lucidité un principe (…) La crainte de l’élément, du Nil, les rendit pieux, sociaux et conservateurs. » C’est encore vrai, même si les eaux du fleuve ont été en grande partie régulées : les Egyptiens, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, restent pieux, sociables et conservateurs. 

détail sur le Steam Ship Sudan

Le haut-barrage d’Assouan fournit l’eau et l’électricité à une population qui en consomme de plus en plus. Il a cependant appauvri les terres d’Egypte, retenant le précieux limon qu’il a fallu remplacer par des milliers de tonnes d’engrais artificiels. Et la disparition des sédiments a accentué l’érosion des côtes. Les eaux sont devenues moins poissonneuses, tandis que la remontée des nappes phréatiques a augmenté la salinité des sols. Le Nil, qu’on appelle bahr (la mer), est une précieuse voie de circulation. Il a l’avantage de couler du sud au nord, alors que le vent souffle en sens inverse. Les bateaux peuvent donc se laisser porter par le courant pour descendre le fleuve jusqu’à la Méditerranée, et compter sur leurs voiles pour le remonter. Cette navigation serait idyllique si le parcours ne comptait de nombreux coudes et si la brise ne faisait régulièrement défection…

petit bateau sur les berges du Nil

Au début du XXème siècle, il était encore possible de louer un petit bateau à voile avec son équipage et de remonter le Nil, du Caire jusqu’en Haute Egypte. Les consulats européens fournissaient à leurs ressortissants des modèles de contrat, où tout était précisé, jusqu’à la vaisselle servie pour chaque repas. On partait alors pour plusieurs semaines, avec un drogman armé d’un fusil qui servait à la fois de traducteur, de guide et d’intermédiaire avec la population locale. 

couché de soleil sur le Nil

Le tourisme à proprement parler est né à la fin du XIXème siècle quand Thomas Cook a obtenu la concession des bateaux à vapeur sur le Nil. Cela a inspiré quelques pages cruelles à Pierre Loti : il fustigeait les « cookesses », à bord de « casernes flottantes » dont les hautes cheminées crachaient une fumée noire et venaient jeter le désarroi dans un paysage bucolique… Les fumées ont disparu, mais les bateaux ont grandi et se sont multipliés. Les felouques restent cependant, pour les habitants du pays, le moyen de locomotion et de transport le moins cher, à défaut d’être le plus rapide. Elles continuent à éclairer le fleuve de leurs grandes voiles blanches, éclaboussées de soleil. 

 

 

Par

ROBERT SOLÉ

 

Photographies

OLIVIER METZGER

Pourquoi partir avec Voyageurs en Egypte ?

L’Égypte est le monument des monuments, la destination-clé de l’histoire du tourisme moderne. Égyptiens et voyageurs sont rôdés. Pas une agence qui ne propose le pays, ni une revue qui n’en dévoile les bons plans. Alors, que peut apporter Voyageurs ? Déjà, l’idée que l’Égypte est plus grande que tout cela. Et puis, nos bateaux – l’un à vapeur, le Steam Ship Sudan, et l’autre, la Flâneuse du Nil, une dahabieh à voiles– nec plus ultra de la navigation entre Louxor et Assouan. Une certaine conception du service, qui assure la logistique et rehausse le plaisir, et un réseau local hors pair. Enfin, l’art des questions saugrenues : quid de l’œnologie égyptienne, qui nettoie le Nil ? Par exemple.

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