Magazine de voyage - Le Mag Voyageurs du Monde

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Où partir en 2026 ?

Si la plupart des pays du monde ont déjà attiré l’attention des voyageurs, certains petits bouts de territoires sont miraculeusement restés sous les radars touristiques. Parce qu’ils sont discrets, relégués au second plan par d’autres sites « incontournables », ou parce qu’ils demandent un peu plus de logistique. En 2026, nous vous proposons d’explorer ces régions, villes, îles et péninsules encore méconnus. Et de ne pas trop en parler.   1 Dunton Hot Springs, Colorado, USA En 2026, les États-Unis d’Amérique fêteront le 250e anniversaire de leur indépendance et le Colorado ses 150 ans dans l’Union. Pour l’occasion, on n’hésite pas à s’enfoncer dans les entrailles de cet État tout en reliefs et en paysages minéraux. Dans les San Juan Mountains, au cœur des Rocheuses, on joue aux cow-boys et cow-girls en posant ses malles à Dunton Hot Springs, ancienne ville minière aux airs de ghost town tout droit sortie d’un western. On loge dans une cabane en rondins, on crapahute dans les alentours et, surtout, on laisse filer le temps, immergés dans les bassins alimentés par les sources chaudes naturelles dont les bienfaits sont connus depuis plusieurs siècles. Lucy Laucht   2 Romblon, Philippines Parmi les 7600 îles qui composent les Philippines, il fallait bien que certaines échappent aux flashs et à Instagram. C’est le cas d’un archipel dont on ose à peine chuchoter le nom tant sa tranquillité est précieuse : Romblon. C’est également le nom de l’île principale qui, avec celles de Tablas et Sibuyan, dessine un cadre de rêve pour les amateurs de sable farine et d’eaux transparentes. Là, entre lagon et mangrove, on étudie l’art du farniente dans sa version philippine, on plonge dans des trous bleus peuplés d’êtres merveilleux, on se baigne au pied de cascades à la beauté folle et l’on savoure une délicieuse solitude. kbarzycki / Adobe Stock   3 Ombrie, Italie Poumon vert de l’Italie à la croisée de la Toscane, des Marches et du Latium, l’Ombrie est aussi l’un de ses plus généreux garde-manger. C’est au cœur de ses collines et plateaux verdoyants plantés de chênes que s’épanouit la fameuse truffe noire – star du festival hivernal Nero Norcia – qui accompagne si bien les spaghetti alla norcina, préparés avec de l’huile d’olive et des anchois. La région s’appréhende, fourchette à la main, à travers le prisme d’un terroir gourmand : les haricots du lac Trasimeno (quatrième plus grand lac du pays), le céleri de Trevi, le jambon de Norcia, la torta al testo de Pérouse, les cépages rouges de Montefalco et ce vin doux dans lequel on trempe les tozzetti. Au hasard des vallées, on croise de fières cités au patrimoine éloquent ourlées de vignes, de petits patelins bourrés de charme entourés d’oliviers, des châteaux-hôtels romanesques et, partout, de précieuses tables où l’on reçoit divinement bien. Droits Réservés   4 Lac Tanganyika, Tanzanie On n’en voit pas le bout. Véritable mer enclavée entre le Congo, le Burundi, la Zambie et la Tanzanie, le géant Tanganyika est, avec ses 673 km, le plus long lac d’eau douce du monde. C’est aussi l’un des plus profonds – jusqu’à 1435 mètres par endroits –, n’étant battu que par le lac Baïkal, en Russie. Des chiffres record qui n’ont d’égal que l’incommensurable richesse de l’écosystème local, que l’on doit notamment aux nombreuses rivières qui alimentent le lac. En abordant le Tanganyika par la rive tanzanienne, on multiplie les chances de rencontres : avec les pêcheurs des petits villages disséminés le long du rivage, avec les innombrables poissons cichlidés (plus de 200 espèces) et les crocodiles, hippopotames, aigles ou hérons qui vivent autour du lac. Sans oublier les fascinants chimpanzés des monts Mahale voisins que l’on explore entre deux séances de contemplation sur sable fin. Bonne nouvelle : tout cela fait l’objet, depuis 2025, d’un programme de préservation mené par les Nations Unies. Droits Réservés   5 Mompox, Colombie Quiconque a lu Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez aura assurément, en pénétrant Mompox, une impression de déjà-vu (lu ?). Originaire de la région, le célèbre auteur colombien se serait en effet inspiré de cette ville mystique pour dresser le cadre de plusieurs de ses romans. On ne peut nier à cette bourgade un certain « réalisme magique » et, surtout, beaucoup de caractère, dans tous les sens du terme – Santa Cruz de Mompox fut la première ville colombienne à déclarer son indépendance (1810). De sa fondation coloniale et de sa prospérité passée, due à sa position stratégique sur le fleuve Magdalena, la bourgade a hérité un patrimoine architectural à la préservation exceptionnelle où brillent notamment l’église de San Francisco, la place de la Liberté, les façades baroques des maisons de marchands du XVIe siècle, mais aussi les bijoux en filigrane, art merveilleux de sculpter les plus menus fils d’or ou d’argent. Macondo, cité perdue au centre du réalisme magique de « Gabo », existerait donc bel et bien… Grant Harder / Kintzing   6 Scanie, Suède Voilà quarante ans que le festival de Malmö réunit chaque été dans ses rues une épatante scène musicale et artistique. Un évènement d’ampleur qui, à travers de nombreux ateliers, marchés et performances de rue, fait vibrer la plus grande ville de la région. Mais cette dernière est aussi, pour les amateurs d’outdoor, un excellent point de départ pour explorer la Scanie, comté bucolique du sud du pays où les rives de la Baltique flirtent avec le charme de la campagne suédoise. On se prend au jeu de la carte postale scandinave, emménageant pour l’occasion sous le toit de chaume d’une bâtisse du XVIIe siècle, allant d’une ferme à une autre et goûtant aux excellents produits du terroir local. Des vacances au vert et au calme. Ashley Camper / Gallery Stock   7 Athènes, Grèce Non contente de ses sites antiques et de ses musées aux collections richissimes, la capitale grecque se dote, à partir de 2026, d’un immense musée d’archéologie sous-marine où, sur 26 000 m², seront retracés trois mille ans d’histoire maritime. Un projet qui s’intègre dans une volonté de réhabilitation du port du Pirée, connu des voyageurs pour être le tremplin vers les îles lumineuses de la belle Hellène. Mais au-delà de son paysage muséal dynamique, c’est toute la ville d’Athènes qui est en mouvement constant, à l’image du quartier de Metaxourgeio, aujourd’hui refuge d’artistes et de créateurs, de celui de Pangrati, dynamisé par le musée Goulandris d’art contemporain, mais aussi du microcosmique quartier de Psyrí, à la scène culinaire effervescente. Athènes est une ville à vivre, à sentir et à goûter où l’on ne se lasse pas de revenir. Pia Riverola   8 Northland, Nouvelle-Zélande Tout au nord de la Nouvelle-Zélande pointe une péninsule au climat doux, aux collines boisées et au littoral sauvage, trempant à la fois dans l’océan Pacifique et la mère de Tasman. Le Northland fait partie de ces territoires où la nature n’a jamais vraiment perdu ses droits – comme en témoignent les arbres kauris de la forêt primaire de Waipoua dont certains sont âgés de plus de 2000 ans. Et on lui en octroie même de nouveaux – en 2025, le volcan endormi Taranaki s’est vu officiellement accorder la personnalité juridique, prenant la suite du parc Te Urewera en 2014 et du fleuve Whanganui en 2017. Des décisions qui marquent une volonté de préservation, mais aussi de réparation vis-à-vis des tribus maories et de leurs valeurs. Annapurna Mello / Kintzing   9 Boukhara, Ouzbékistan L’héritage de Boukhara est incommensurable. Cette ville-oasis posée au milieu du sable rouge du désert du Kyzylkoum – et sur la route de la Soie – a survécu à maints soubresauts historiques. Sa sublime architecture médiévale, restaurée avec talent, semble tout bonnement inébranlable.  Pour s’en persuader, on déambule du côté de la majestueuse citadelle Ark, des mausolées de Tchachma Ayoub, des Samanides ou des médersas d'Oulough Beg et Abdoul Aziz Khan, près de la nécropole de Tchor Bakr ou du palais d'été Sitoraï Mokhi Khossa. Un héritage ô combien précieux qui n’empêche pas l’attachante cité de s’ouvrir à d’autres formes d’art, plus récentes – elle accueille à partir de septembre 2025 la Biennale d’Art contemporain. John Laurie / Kintzing   10 Tinajani, Pérou Dans l’ombre des légendes de Cuzco et du Machu Picchu, de l’immensité du lac Titicaca et des joies gastronomiques de Lima, plusieurs secrets péruviens restent encore bien gardés. C’est notamment le cas du canyon de Tinajani, au sud-est du pays, où la civilisation pré-inca Qaluyo vivait déjà il y a trois mille ans. On se retrouve ici dans de déroutants paysages de western semés de formations rocheuses vertigineuses. Un lieu sublime et encore peu fréquenté, que l’on peut aborder de différentes manières, y compris en choisissant de dormir sous la toile d’un camp dont l’esthétique épurée se fond avec grâce et discrétion dans ces terres minérales. L’autre Pérou. Droits Réservés   Par ELÉONORE DUBOIS   Photographie de couverture : Brian Chorski / Kintzing

Les plus belles plages des Pouilles

Aussi paradisiaque que bondé lors de la pleine saison, le littoral des Pouilles envoûte autant qu’il peut décevoir… A condition de savoir où chercher. Voyageurs du Monde a sélectionné pour vous les plus belles plages des Pouilles à ne pas manquer lors d'un séjour dans le "talon de la botte italienne".   Les plages du Parco Naturale Regionale Isola di Sant’Andrea Le Maldive del Salento La Grotta della Poesia La plage de Torre dell’Orso Balnearea Beach Otranto Coco Village Beach Club Coccaro Beach Club La spiaggia di Pilone Guna Beach La plage de Quarto di Monte La plage de Pizzomunno La spiaggia di Portonuovo La spiaggia di Vignanotica La spiaggia San Lorenzo La spiagga di Crovatico 1 Parco Naturale Regionale Isola di Sant’Andrea Sous la petite ville de Gallipoli, sur le littoral Ouest des Pouilles, on trouve le Parco Naturale Regionale Isola di Sant’Andrea. Bordant les eaux, il offre deux belles possibilités de baignade (plages de sable avec rochers) à la Punta della Suina et au Lido Pizzo. On peut même se balader entre les pins jusqu’à la Torre voisine ou jusqu’à la Punta Pizzo non loin pour admirer le point de vue marin. Le littoral apulien n'a décidément rien à envier, ni des plages plus touristiques de Sicile, de Sardaigne, ni de l'agitation de la côte amalfitaine. Nuria Val/Coke Bartrina 2 Le Maldive del Salento Tout au sud du talon apulien, Le Maldive del Salento à Marina di Pescoluse, dresse ses parasols sur une large plage de sable agrémentée d’un immense parking. Populaires et bien remplies, ses eaux peu profondes attirent de nombreuses familles... La plage idéale pour une journée de farniente lors d'un voyage avec ses enfants dans les Pouilles. Faustine Poidevin 3 La Grotta della Poesia Le site de la Grotta della Poesia est une piscine naturelle creusée dans la roche dans laquelle on peut se baigner ou sauter. Pour cela on laisse son véhicule entre Torre dell’Orso et Roca Vecchia, et l’on marche vers la mer.   Zoe Fidji 4 La plage de Torre dell’Orso Direction l’est du talon, à Torre dell’Orso, petite province à une trentaine de kilomètre de Lecce. On y installe sa serviette sur la plage de sable tout en admirant le Due Sorelle, une double formation rocheuse émergeant des flots. Peut-être l'une des plus belles plages d'Italie... Lucy Laucht 5 Lido Balnearea Légèrement plus au sud, le Lido Balnearea est cerné de parasols et de transats, juste à l’embouchure du lac Alimini Grande. Les panneaux d’indication sont peu fréquents, une baignade in Puglia (dans les Pouilles) se mérite ! Source : Instagram 6 Coco Village Beach Club Pour un bain apulien dans l’Adriatique, Coco Village Beach Club à Cozze (un village dépendant de Polignano a Mare) offre une option intéressante avec son immense piscine, ses banquettes confortables et sa grande terrasse en bois dominant les rochers, offrant une belle vue sur la côte et l'eau cristalline.   Lucy Laucht 7 Coccaro Beach Club Pour trouver du sable, on redescend vers Capitolo et son Coccaro Beach Club. On y découvre un restaurant, de quoi se faire masser ou bronzer derrière les dunes. Source : Instagram 8 La spiaggia di Pilone Ostuni présente deux options familiales assez similaires, sur la spiaggia di Pilone : sable, piscine et loisirs diverses attendent les visiteurs au Viar Beach Club tout comme au Lido Bosco Verde.   Source : Instagram 9 Guna Beach Plus au sud encore en descendant vers Brindisi, Torre Guaceto abrite le Guna Beach. Sur le sable blanc, l’ambiance est plus select et les transats sont installés sur la pelouse jouxtant la plage.   Salva Lopez 10 La plage de Quarto di Monte Autre option plus intime, la toute petite plage de Quarto di Monte (sable et rochers), juste en face du White Ostuni Beach Club à Monticelli. Patrick Messina 11 La plage de Pizzomunno Au sud de Vieste, on trouve la plage la plus proche de la ville et la plus étendue des environs : Pizzomunno (sable). Prisée, ambiance familiale et large choix de restaurants, bars et transats. Idéale pour une belle après-midi de farniente !   Source : Instagram 12 La spiaggia di Portonuovo Difficile de trouver des plages secrètes dans les Pouilles... La spiaggia di Portonuovo (sable) s'en rapproche le plus : plus intime et faisant aux îles éponymes.   Olivier Romano 13 La spiaggia di Vignanotica Pour davantage de tranquillité, on file sur la spiaggia di Vignanotica (graviers), entre Pugnochiuso et Mattinata. On peut y louer un transat ou marcher un peu le long de la rive et jouir de plus d’espace en allant vers le nord. Lucy Laucht  14 La spiaggia San Lorenzo Au nord de Vieste, on trouve la spiaggia San Lorenzo, dédiée aux familles avec son restaurant et ses animations. Les enfants barbotent les pieds dans l'eau pendant que les parents sirotent leur aperitivo au soleil... C'est aussi ça des vacances dans les Pouilles.   Source : Instagram 15 La spiagga di Crovatico En poursuivant en direction de Peschici on trouve la plage de Crovatico, idéale pour les jeunes couples ou les familles qui recherchent calme et intimité.   Découvrez aussi nos Tops : ›› Les plus belles plages de Sardaigne ›› Les plus belles plages de Sicile   Photographie de couverture LUCY LAUCHT

Où Partir au Soleil en Novembre ?

Le mois de novembre approche et, avec lui, la perspective des premières vacances scolaires de l’année ou de ponts bienvenus. Si l’automne est déjà bien installé, il s’accompagne bien souvent de lumières privilégiées et d’un soleil qui réchauffe les esprits éprouvés par la rentrée. Dans l’autre hémisphère, novembre est synonyme de retour des beaux jours, avant le retour des foules. Courtes échappées ou longs courriers, en tête-à-tête ou en famille, découvrez les dix destinations sélectionnées par nos conseillers pour partir au soleil en novembre – des pistes que les Voyageurs suivront à leur gré.   Majorque Inde Thaïlande Jordanie Guatemala Afrique du Sud Argentine Seychelles La Réunion Australie 1 Majorque Un voyage à Majorque en novembre offre l’occasion de (re)découvrir l’île en toute intimité, loin de l’agitation estivale. On y profite du retour à une vie insulaire ancestrale, à une simplicité apaisante et à un rythme doux – à l’image du climat d’ici, clément toute l’année. Pour autant, on n’abandonne en rien à l’automne ses rêves de déconnexion, profitant en VIP d’une lumière fabuleuse semblant pénétrer toute chose : vieilles pierres et petits chemins rocailleux, églises carillonnantes et paysages rassérénés. On troquera peut-être la serviette de plage pour celle de table, profitant de l’une des excellentes adresses de Palma. Lieux culturels - musées, patrimoine historique - et marchés sont ouverts, les balades sont paisibles et les rencontres encore plus amicales. Et l’on rallie aisément le reste de l’île : le sud et son arrière-pays aux panoramas uniques, la Serra de Tramuntana au nord, mille et un châteaux à l’est, et de petits villages au grand charme, absolument partout. Marc Schadegg/Unsplash   2 Inde En dehors des régions himalayennes, l’automne indien est l’une des saisons les plus propices à la découverte du pays. Au mois de novembre, un voyage en Inde semble cocher toutes les cases de la grande escapade revigorante : une chaleur qui n’a plus rien à voir avec les températures étouffantes de l’été, des possibilités d’explorations les pieds bien au sec et un dépaysement sans commune mesure. La mousson a pris fin dans la région du Rajasthan et dans la vallée du Gange ; l’automne marque une douce transition avant la saison fraîche. Au Sud, si la mousson peut parfois être un peu plus tardive au Kerala ou dans les plaines du Tamil Nadu, les pluies se font de plus en plus rares en novembre. Les plaisirs balnéaires viennent s’ajouter au programme, avec une étape à Goa par exemple, où les journées de novembre sont belles et la température de l’eau parfaite pour se baigner ! Jérôme Galland 3 Thaïlande Le mois de novembre marque une période de transition entre les grandes saisons thaïlandaises. Dans les régions septentrionales, la mousson s’en est allée et laisse place au début de la saison sèche, avec un soleil franc et des températures qui remontent. Au sud-ouest aussi, la saison des pluies a pris fin et laisse place à une douceur d’automne bienvenue. Le climat concilie pieds au sec, températures agréables et longues heures de soleil. Un cocktail qui permet d’envisager sereinement un programme complet pour un voyage en Thaïlande, entre villes, campagnes et plages paradisiaques. Car en Thaïlande, quelle que soit la saison, il existe toujours une île pour buller : bungalow sur la plage, pieds dans l’eau, et tout autour, sable blanc, mer émeraude et cocotiers. Faustine Poidevin-Gros 4 Jordanie Côté Moyen-Orient, les chaleurs étouffantes de l’été se sont évaporées lorsqu’arrive le mois de novembre. La Jordanie en fait une porte d’entrée privilégiée. L’automne constitue, avec le printemps, la saison la plus propice pour voyager en Jordanie. Vous y serez après la haute saison – et donc après les touristes. Avant que la fraîcheur hivernale ne s’installe, les températures se montrent plus agréables et les journées restent très ensoleillées, ce qui permet de profiter pleinement des activités en plein air. La seule particularité du pays dont il faudra se méfier sera l’amplitude des températures entre le jour et la nuit, mais aussi entre les régions du sud et celles du nord. Optez donc pour un voyage en novembre en Jordanie, des grands sites mythiques – Pétra en tête, la perle du Proche Orient – à l’univers minéral des wadis et jusqu’aux paysages de commencement du monde de la mer Morte, ou à ceux, d’un bleu infini, de la mer Rouge. Getty Images 5 Guatemala Balle au centre : au cœur de l’Amérique mythique, le Guatemala palpite encore de son riche passé maya. Le mois de novembre marque le début de la saison sèche et la fin des fortes pluies. La plaine côtière au climat tropical voit ses températures s’adoucirent et l’humidité faiblir, un bon équilibre pour une parenthèse sur la côte Pacifique. Sur la côte caraïbe, au climat plutôt constant toute l’année, l’humidité reste présente. Le climat plus tempéré des régions montagneuses reste marqué par de larges amplitudes de température entre le jour et la nuit. Les villes du centre sont plus tempérées et bénéficient d’un ensoleillement plus limité mais toujours franc en automne. La luminosité est particulièrement belle dans la région des volcans. Le Guatemala, une belle surprise pour un voyage en novembre ? Molly Berry 6 Afrique du Sud Nous voici maintenant en plein hémisphère sud. Si les saisons s’inversent, le mois de novembre en Afrique du Sud correspond vraisemblablement à notre mois de mai. Mais tout n’est pas si simple, en raison notamment de la grandeur du pays. Il n’est alors pas très pertinent d’associer le mois de novembre à une seule et même saison et d’en faire une généralité pour l’ensemble du territoire. S’il peut être synonyme de saison des pluies dans le Kalahari ou à Johannesburg, les régions du Cap, du parc Kruger, de la Route des Jardins ou encore de Durban, sur le littoral de l’océan Indien, se prêtent admirablement aux explorations automnales. Et pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups, et rejoindre d’un coup d’aile les paysages de carte postale de l’Ile Maurice ? Alors, embarquez pour un voyage en Afrique du Sud en novembre, et à vous l’hédonisme austral ! Faustine Poidevin-Gros 7 Argentine Si l’Argentine figure parmi les destinations rêvées pour de nombreux globe-trotteurs, il est tout de même recommandé de prendre en compte la grande variété de climats que connaît le pays. Et pour cause, l’Argentine s’étend géographiquement du 22ème au 56ème degré de latitude sud. La vie au cœur de la forêt tropicale ou dans les zones désertiques des Andes du Nord-Ouest n’est pas la même que celle des habitants de l’extrême Sud. Le mois de novembre marque les prémices de l’été austral et laisse donc un choix plus large au moment de la construction du voyage. A cette période, les températures se réchauffent et le froid ne s’est pas encore installé en Patagonie. Si le soleil est déjà prédominant, la chaleur n’est pas encore accablante dans le nord-ouest argentin ou à Buenos Aires. Partout, la nature se donne en spectacle ; les raisins laissent paraître leurs premières grappes dans les régions viticoles et les oiseaux migrateurs sont de retour. Une aubaine ! Mathieu Richer Mamousse 8 Seychelles Qui pense « voyage au soleil » pense immédiatement aux îles paradisiaques – et en la matière, l’archipel des Seychelles, qui baigne dans l’océan Indien dans l’hémisphère sud, peut se targuer de jouir d’un climat exceptionnel quasiment toute l’année. Un éternel été ? Pas loin. Avec des températures moyennes annuelles terre-mer oscillant entre 26 et 30°C, les Seychelles sont tout indiquées pour une échappée automnale ensoleillée.  Iles de rêve, îles au trésor, îles aux pirates, îles aux tortues… Mahé, Praslin, La Digue, mais aussi Silhouette et Félicité, autant de formidables terrains de jeux à aborder en bateau, à parcourir pieds nus. Un masque, un tuba, les poissons-perroquets, papillons, on en prend plein les yeux. La température de l’eau est proche de celle du bain à la maison. Les tortues sont géantes. Petits et grands sont comblés. Vanessa Martin 9 La Réunion Si l’île se divise en deux grandes zones climatiques – sèche et abritée du vent sur la partie occidentale ; plus exposée aux alizés et aux précipitations sur la partie orientale – le mois de novembre marque la transition entre la saison sèche (hiver austral) et la saison des pluies (été austral) à La Réunion. Le ciel reste dégagé, le soleil franc, les températures plafonnent autour des 25°C (sauf en altitude) et les pluies ne sont pas encore installées. C’est le moment tout indiqué pour entreprendre un voyage à La Réunion au soleil . On pourra alors opter pour le bleu de l’océan Indien ou le vert du parc national qui recouvre près de la moitié de l’île – les forêts, cirques, pitons et remparts sont si remarquables que l’Unesco les a distingués. Les plus actifs se lanceront à l’assaut du Piton de la Fournaise, tandis que d’autres préféreront lézarder sur une plage de la côte ouest, bien décidés à profiter du doux soleil du mois de novembre. Ludovic Jacome 10 Australie Pour fuir la morosité de la rentrée, pourquoi ne pas carrément faire le grand saut et s’offrir un voyage automnal au bout du monde ? En Australie, le mois de novembre est synonyme de températures clémentes et de fort ensoleillement presque partout sur le territoire. Les foules estivales n’arriveront qu’un peu plus tard, c’est donc l’occasion rêvée d’en profiter. On pourra alors envisager les villes – Sydney et Melbourne, les grandes dames, en tête d’affiche – mais aussi le désert rouge du centre, plus clément qu’en été. On ira parmi les premiers explorer les récifs de la Grande barrière de corail. L’automne est aussi le bon moment pour visiter les caves et les installations culturelles de la Hunter Valley ; assister à la Melbourne Cup, grand rendez-vous hippique ; approcher la faune de Kangaroo Island ; humer les jardins fleuris de Tasmanie ; flâner sur les marchés de Darwin... Cécile Rosenstrauch   Par CLARA FAVINI   Photographie de couverture : Lucy Laucht

Les plus belles destinations de voyage en famille

Été comme hiver, joues rougies par le froid ou sable entre les orteils, les enfants ont cette capacité à s’émerveiller de tout, à voir ce que l’on ne voit pas. Et c’est aux âges où les sens et les idées se façonnent que les voyages ont le plus grand impact sur eux. Des territoires porteurs de rêves reçoivent les familles tout en douceur, aux abords de l’équateur ou à l’orée du pôle Nord, les menant à la rencontre de tous ces autres qui composent le monde. Voici notre sélection des 6 plus belles destinations pour voyager en famille.   Groenland Islande Laponie finlandaise Ile Maurice Costa Rica Afrique du Sud 1 Groenland Hiver – 12/17 ans Le Groenland avec ses enfants, vraiment ? De prime abord, les ados risquent d’être un peu désarçonnés. Mais ça, ce sera avant d’entrevoir le potentiel photogénique de cette terre sauvage, avant de repérer, au large de la baie de Disko, la queue d’une baleine à bosse, avant de vivre, ébahis, leur premier soleil de minuit. Puis, ils s’improviseront reporters dans les petits villages aux maisons colorées, naturalistes sur la trace des pingouins et renards polaires, explorateurs face aux immenses glaciers et icebergs grondants.   Anna Maria Jakobsen/Visit Greenland 2 Islande Hiver – 0/5 ans Ils vont pousser des “ouaaaah” devant la puissance du geyser de Geysir, des “haaan” face aux impressionnantes chutes de Gullfoss, des “oooh” devant les chevaux-peluches galopant dans l’herbe vert fluo. Certains feront peut-être leurs premiers pas sur le sable noir des plages volcaniques, leur premier plouf dans ces piscines en plein air que les Islandais affectionnent tant, ou diront leur premier mot un soir d’aurores boréales. En Islande, tout est possible. Jules Verne y avait bien situé l’entrée vers le centre de la Terre… Vakta House 3 Laponie finlandaise Hiver – 5/12 ANS Des rennes, des rennes… et encore des rennes ! Pas étonnant que le Père Noël se plaise ici. La neige recouvre tout, y compris les petits chalets en bois dignes de contes de fées. Pour se déplacer dans ce royaume ouaté, c’est pas coton : on grimpe à bord d’un traîneau et hop, une joyeuse meute de chiens nous emmène à toute vitesse vers une autre aventure : une balade en raquettes, un tour en ski de fond, un safari à motoneige… La Laponie a plus d’un tour dans sa hotte ! Evgenij Yulkin/Stocky United 4 Ile Maurice Été – 0/5 ans Le bleu de l’eau, le blanc du sable, le vert des pitons, le rouge des couchers de soleil… Au bord du lagon, on révise les couleurs. Les chiffres aussi : un dauphin, deux noix de coco, dix sourires. Entre les siestes à l’ombre des palmiers, Maurice éveille les sens en douceur. Les épices du marché titillent les narines, la mangue glisse entre les doigts, les nageoires colorées ondulent sous la surface, se rapprochent… Jusqu’aux éclats de rire ! Les premières fois sont encore plus belles sous le soleil.   Dana Neibert/Gallery Stock 5 Costa Rica Été – 5/12 ans Bang ! Un singe vient de sauter sur le toit. Les toucans grognent et les perroquets pérorent à tout-va. Ils en font du barouf ces habitants de la jungle ! Les iguanes et les paresseux, eux, sont si calmes qu’on a parfois du mal à les voir. Alors, on multiplie les postes d’observation : au-dessus de la canopée à flanc de volcan, en bateau dans la mangrove, sur une planche côté Pacifique… Au Costa Rica, chaque pas entraîne une nouvelle rencontre, chaque rencontre tisse un nouveau lien avec la nature.   Jessica Lynn Culver/Getty Images 6 Afrique du Sud Été – 12/17 ans À peine arrivé, on est tout de suite dans le bain, ou plutôt le bush. Vélo, rando, jeep… : tous les safaris mènent aux Big Five. Les ados travaillent leur œil de photographe, leur patience aussi, face à une faune qui ne s’adapte à personne. Dans le parc Kruger, lions, hyènes, koudous et aigles passent dans leur champ de vision, les laissent sans voix. Devant les fresques urbaines du Cap, ils retrouvent leur verve, s’étonnent d’un rien, s’enrichissent de tout. L’Afrique du Sud a des pouvoirs magiques.   Faustine Poidevin   Par ELEONORE DUBOIS   Photographie de couverture : Carol Sachs

Canaries : quelle île choisir ?

L’archipel des sept sœurs espagnoles a autant à voir avec la mère patrie qu’avec l’Afrique du Nord, toute proche. Et si la question de la saisonnalité se pose peu – il y fait bon toute l’année – reste à répondre à ce difficile dilemme : quelle île des Canaries choisir ? Aussi distinctes que familières, les îles présentent chacune des atouts que l’on couplera volontiers d’un coup de bateau. Selon que vos centres d’intérêts vous poussent vers la plongée, la randonnée, le farniente, l’observation des étoiles ou l’exploration géologique, tout vous sera possible lors d’un voyage aux Canaries.   1 Lanzarote Il n’y a guère que le Roque del Este, caillou inhabité et inhospitalier, pour contester à Lanzarote son statut de territoire canarien le plus oriental de l’archipel. Moins de 130 km séparent l’île du sud du Maroc. Un saut de puce, même 2 000 ans en arrière, à l’époque du premier peuplement par les Guanche, des Berbères venus d’Afrique du Nord. Les origines géologiques de Lanzarote sont bien plus anciennes, comme l’atteste aujourd’hui encore l’activité volcanique de l’île. De ces mouvements magmatiques est né un paysage martien d’une grande beauté minérale, qui se découvre notamment en parcourant le Parque Nacional de Timanfaya. Si les volcans fascinent géologues et néophytes, Lanzarote a plus d’un tour dans son sac pour captiver le voyageur. Prenez La Geria par exemple, ses cônes artificiels de pierre volcanique où poussent une vigne devenant un excellent vin. Rendez-vous côté plages aussi – Papagayo, las Conchas, Quemada – pour profiter en famille d’un climat doux et de courants faibles. Ne passez pas non plus à côté du patrimoine hérité de César Manrique, artiste local et visionnaire qui consacra son œuvre de génie à sauvegarder la culture de l’île tout en la magnifiant par une architecture qui fait encore référence.   2 Tenerife Quelle île des Canaries choisir quand on veut facilement et rapidement en capter l’essence ? Tenerife, lovée entre Gran Canaria et La Gomera, semble toute désignée. La plus vaste île de l’archipel est aussi la plus haute, et toise toute l’Espagne du haut des 3 715 mètres du Teide, un stratovolcan encore actif malgré son siècle de silence. Il est d’ailleurs protégé par un parc national élevé au rang de patrimoine mondial. Une vraie célébrité. Épicentre économique et touristique des Canaries, Tenerife accueille la majorité de ses visiteurs le long d’un littoral parfois quelque peu congestionné. Comme souvent, un pas de côté permet de s’écarter de la foule et de profiter au mieux des attraits locaux. Les plages, par exemple, sont autant animées et vivantes qu’elles peuvent être calmes et esseulées. Il n’y a qu’à choisir son camp, selon son humeur. Le mieux est encore de s’éloigner du rivage. Par la mer d’abord, en embarquant à la journée pour voir l’île depuis le large et côtoyer les dauphins qui peuplent ses eaux. Par la terre ensuite, le long des sentiers qui ont de quoi séduire tous les randonneurs, des plus téméraires sur les pentes du Teide aux moins sportifs au fil des villages typiques ou des plantations de bananes. Alex Salcedo / Adobe Stock    3 Fuerteventura Incarnée par une langue de terre qui s’étire du nord au sud sur la partie est de l’archipel, Fuerteventura est l’île la plus proche du continent africain. Elle est aussi et surtout la terre promise du tourisme balnéaire qui trouve ici un écrin de plages fantastiques. 150 km, pour être précis. Et, côté température, 22°C en moyenne à l’année pour en profiter. Autant de sable pour simplement profiter du soleil, pour s’adonner à la baignade en des eaux limpides ou préférer la plongée, le snorkeling comme le kite-surf. Du sable, il en est pas mal question le long des dunes de Corralejo, petit Sahara atlantique de 2 600 hectares et d’un impressionnant esthétisme courbé. Des mots qui collent parfaitement à la péninsule de Jandia, classée parc naturel, où règne sa majesté la playa de Cofete. Vététistes, votre royaume sera celui des chemins et sentiers menant aux villages blancs et pittoresques de l’arrière-pays, comme Betancuria.   4 La Gomera Plus confidentielle que ses voisines Fuerteventura et Tenerife, La Gomera joue la carte de la tranquillité. Peu de plages ici, ni foules balnéaires ni vendeurs ambulants. Aussi, quand vous trouvez du sable, il y règne une atmosphère de calme assez miraculeuse. Mais l’essentiel est ailleurs, dans l’arrière-pays. Le centre de La Gomera est consacré au parc national de Garajonay, lui-même consacré par l’Unesco depuis 1986. La reconnaissance d’un patrimoine naturel exceptionnel qui fait d’ailleurs de l’île une réserve de biosphère. L’autre patrimoine de l’île est immatériel. Le Silbo, un exotique langage sifflé, est encore enseigné sur les bancs de l’école insulaire. Pour une vue d’ensemble, grimpez au Mirador de los Roques d’où apercevoir aussi le grand Teide au loin. Nuria Val & Coke Batrina   5 El Hierro Le charme discret d’El Hierro rappellera celui de La Gomera. Ici aussi, les plages ne sont pas légion et la baignade est affaire de piscines naturelles. Si l’arrière-pays dévoile de nombreux intérêts, les fonds marins attirent tout autant. Plus petite île de l’archipel, El Hierro est entièrement classée réserve de biosphère par l’Unesco. Les plongeurs avisés en connaissent chaque spot sur le bout des palmes. Visibilité parfaite, faune aquatique abondante et paysages volcaniques sous-marins sont là ses trois meilleurs atouts. L’île a aussi de quoi troquer ses palmes pour un sac à dos et fait le bonheur de randonneurs conquis. Le Camino de Jimana serpente à travers la forêt primaire quand les sentiers de la Dehesa se fraient un chemin à travers les genévriers de la forêt de Sabinar.   6 La Palma Après El Hierro, ne rangez pas vos baskets au fond de la valise. La Palma s’y connaît en sentiers de randonnée et en offre moult kilomètres ainsi qu’un cadre propice, salué par l’Unesco comme réserve de biosphère. Cet écrin naturel fait de l’île la plus sylvestre de l’archipel, bien aidé d’une bonne dose de soleil comme d’une belle rasade de précipitations. Sur l’Isla Bonita (la « belle île »), le regard se perd d’abord dans l‘immensité du ciel. Reconnue Réserve Starlight, La Palma dévoile une voute céleste densément étoilée à admirer de votre terrasse ou depuis l’observatoire astrophysique de Roque de los Muchachos. Le panorama s’étend ensuite jusqu’aux paysages volcaniques et aux forêts, de la spectaculaire Caldera de Taburiente à l’endémique laurisilva à Los Tiles. Enfin, masque collé au visage, on plonge son regard et son corps tout entier dans les piscines et lagons naturels, préservés des forts courants qui caractérisent les rives de l’île. Nuria Val & Coke Batrina   7 Grande Canarie Gran Canaria, sa cohorte de touristes peu scrupuleux sur la notion de voyage, ses hôtels impersonnels et son littoral bétonné… Tout cela est vrai, tout cela existe, principalement au sud de l’île. Il suffit simplement de l’éviter et la Grande Canarie donnera sa vraie et pleine mesure. Et là, à vous la belle vie. Au grand air d’abord, d’une plage à l’autre, du sable doré aux petites criques solitaires. Au grand air toujours, sur les sites rocailleux de Roque Nublo et Roque Bentayga, ou les pieds dans le sable des dunes de Maspalomas aux courbes sahariennes. En arpentant Las Palmas, ses trésors coloniaux et la Casa de Colon – oui, le célèbre navigateur – qui y séjourna sur la route des Amériques. Dans quelques villages aussi, au fil des ruelles d’Artenara ou de Tejeda. Ou à la table d’un chiringuito, ces paillotes typiques, pour découvrir une franche gastronomie locale à base de poissons et fruits de mer.   Par OLIVIER ESTEBAN   Photographie de couverture : Ferkelraggae / Adobe Stock 

Une Europe ferroviaire

Avant que les politiques ne s’y mettent, le rail a été un grand unificateur de l’Europe. On ne se rend plus tout à fait compte, après le privilège automobile, de la densité du réseau ferré européen dans la première moitié du XXe siècle. Tout autant qu’un moyen de transport, c’était un motif culturel. Le cinéma, la littérature, la peinture, tous les arts vous le diront. Econome de la planète, le train fait un retour en force - du moins espère-t-on que cette façon de voyager redevienne aussi naturelle et commode qu’elle l’a été. Rêvons un peu.   Suisse Norvège Ecosse Angleterre Italie Allemagne Europe Centrale et Turquie Espagne 1 Suisse On peut tenir que le voyage naisse au croisement des rêves et des horaires. Plus ceux-là sont vastes et ceux-ci précis, mieux c’est. La Suisse serait donc, à n’en point douter, terre de voyage : paysages de rêve et ponctualité légendaire. Prenons n’importe quelle gare helvétique. Ce ne sont pas à de prosaïques arrivées et départs auxquels nous assistons. C’est à un ballet bien réglé, à des entrées et sorties de scène. Les Chemins de fer fédéraux suisses - Schweizerische Bundesbahnen, Ferrovie Federali Svizzere - sont un aspect de l’esprit national. Cela dit, le train est un moyen de transport épatant : rapide, confortable, accessible au centre des villes. Imaginons, par exemple, un voyage Zürich-Saint-Moritz (canton des Grisons). On pourrait passer par Lucerne, au bord du lac des Quatre-Cantons. Puis aller à Interlaken (canton de Berne) et Montreux (canton de Vaud), sur la riviera du lac Léman. Zermatt (canton du Valais) et le Cervin / Matterhorn sont ensuite inévitables. Enfin alors l’Engadine et Saint-Moritz. En voiture ! donc, dans un pays dont le réseau ferré conduit partout, ou presque. Dans des voitures panoramiques, conçues pour l’observation ambulante de paysages spectaculaires, limpides, majestueux. Le show ferroviaire commence, pour notre itinéraire, dans l’Interlaken Express, et se poursuit sur la Golden Pass Line, entre Interlaken et Montreux. Après villages, lacs, pics, l’arrivée sur le lac Léman éblouit. Le Glacier Express vous conduit de Zermatt à Saint-Moritz : tunnels, ponts, col à plus de 2000 mètres et tronçon de l’Albula inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco avec le fabuleux chemin de fer rhétique ! Le train va à la Suisse aussi bien que les skis ou le bobsleigh. Toutes nos suggestions de voyages en train en Suisse Berthold STEINHILBER/LAIF-REA 2 Norvège Le réseau ferré norvégien - qui se déploie en éventail à partir d’Oslo - est dense et conduit à quasi tous les coins habités du pays. Cependant, la ligne distinguée entre toutes (celle des palmarès) est l’Oslo-Bergen, sept heures d’un itinéraire nature et beau. On passe par Fla et la vallée de Hallingdal. Les paysages sont amples, mouvementés, largement ouverts aux activités de plein air. D’ailleurs, dans toutes les gares de cette section centrale, on loue des vélos. A mi-chemin, bien enfoncé dans les Alpes scandinaves, se trouve Geilo : ski en janvier et randonnée en juillet. Puis, c’est le splendide plateau et parc national Hardangervidda. Les lichens y entretiennent une florissante population de rennes sauvages. La descente vers les fjords s’amorce après le village de Finse, que le train seul permet de rallier. A Myrdal, on peut bifurquer sur la Flamsbana, ligne à grande déclivité de Flam, sur l’Aurlandsfjord. A la belle saison, la roche est recouverte par une végétation au vert franc ; les cours d’eau cascadent et éclaboussent ; les encaissements débordent de romantisme boréal. L’hiver, la nature est plus sobre et brève en ses gris et blancs, la pente prend alors une allure un peu vertigineuse. La ligne de Bergen quant à elle poursuit sur Voss, capitale norvégienne du sport aventure. Puis c’est Bergensdalen. Terminus. Nous ne détaillerons pas la ligne Dovre, qui relie Oslo et Trondheim. Ni la Raumabanen, qui vous conduit de Dombas, dans la vallée de Gudbrandsdalen, au fjord d’Andalsnes, dans le comté More og Romsdal, à travers la montagne. Une heure quarante d’un bout à l’autre. Et d’aucuns considèrent qu’il s’agit de la plus belle ligne d’Europe ! Narvik même est accessible par le rail. Et là, hommage est rendu à une cantinière du chantier de la ligne Kiruna (en Suède) Narvik, morte sur place en 1900 : une statue de bronze représente l’Ours noir. Le train suscite des héroïnes en Norvège. Toutes nos suggestions de voyages en train en Norvège mariusltu - stock.adobe.com 3 Ecosse Les vaches des Highlands regardent-elles passer les trains ? Comme toutes les autres sans doute mais, lorsqu’elles voient arriver le Royal Scotsman, elles se rengorgent et les cornemuses leur soufflent aux oreilles. Ce train de prestige emporte trente-six passagers le long des côtes, à travers les landes, au pied des pics des Highlands. L’acajou, les marqueteries Belle Epoque luisent doucement dans les cabines, la salle à manger, les couloirs, l’Observation Car. Des cuivres magnifiquement astiqués mettent çà et là de l’éclat, alors que banquettes, fauteuils, sofas duveteux invitent à des moments émollients. Chaque compartiment dispose d’une literie de plume et d’une salle d’eau particulière, superbement équipée (parfumerie et savonnerie britanniques ne sont plus à présenter). Dans la salle à manger, les tables sont dressées et les repas servis dans les règles de l’art. Les cuisines font des merveilles avec les ingrédients emblématiques de l’Ecosse : saumon, pigeon, flétan, etc. La cave est à la hauteur, la sélection de whiskies aussi. Dans l’Observation Car, on prend le thé, on devise, on s’abandonne à la contemplation des paysages, on se récrée… C’est l’agora du train. Tout est beau. Et simple, au fond. Le personnel de bord fait ce qu’il faut pour cela, parfaitement à son affaire, d’une aisance aimable et d’une précision qui rendent les choses aisées, fluides, agréables. A bord du Royal Scotsman, le luxe n’est que l’expression du meilleur savoir-vivre. On embarque à Edimbourg, Waverley station. Le train s’ébranle et déjà on prend paisiblement l’afternoon tea, en dérouillant son anglais avec ses compagnons de voyage. L’infusion fume dans les tasses de porcelaine, les cucumber sandwiches sont d’une fraîcheur de rosée, les scones portent la clotted cream comme Kate Middleton ses bibis. Et il y a des trains ordinaires en Ecosse ? Bien sûr ! Toutes nos suggestions de voyages en train en Ecosse rawpixel.com - stock.adobe.com 4 Angleterre En Angleterre, c’est un peu comme en Chine : on consomme dans les voitures. Des préposés passent poussant des chariots pour vous proposer tout ce que l’industrie produit de sympathiques horreurs : chips cheese and onion, confiseries, sodas et autres energy drinks. Les passagers sont donc bien contents et, le temps du trajet, renoncent à l’idée d’hygiène alimentaire. C’est ainsi que l’on voyage, en défaisant les carcans. En dehors de ça, on peut aborder la question du rail anglais par les lignes et les itinéraires. Ou par le matériel roulant : assez disparate. On peut aussi l’envisager au prisme des gares. A commencer par celles de Londres, qui polarise l’ensemble du réseau. Si le standing d’une capitale s’est évalué au cours de ces dernières décennies en termes d’aéroports (avant le retour en force du train pour des raisons écologiques), les gares ont défini la grande cité moderne des XIXe et XXe siècles. Son étendue, et donc la nécessité de déplacer des foules tous les jours, a mis la capitale britannique dans la dépendance de ses gares. Echangeurs indispensables et bientôt lieux d’identification. Aujourd’hui, Saint Pancras (1868) accueille et expédie ceux qui empruntent l’Eurostar. C’est la gare des europhiles British et des continentaux anglomanes. En face, les fans d’Harry Potter reconnaissent King’s Cross (1852). A l’époque de la construction, le quartier laissait à désirer. Pas comme Westminster, où se trouvent Buckingham Palace, mais aussi les gares Victoria (1868) et Paddington (1854). L’une et l’autre bien connues des voyageurs internationaux. London Euston (1837) est assurément moins célèbre, mais n’en est pas moins importante puisqu’elle dessert le nord et l’ouest de l’Angleterre. Pour aller dans le sud, on prend le train à Waterloo (1848), baptisée un peu comme à Paris Austerlitz. La gare de la City ? Liverpool Street (1874). Ce ne sont que les plus importantes ! Et lorsqu’on sillonne l’Angleterre par le rail, on trouve aussi souvent encore de ces petites gares dont le charme champêtre a fait les délices d’Agatha Christie. L’Angleterre est toujours un bon témoin de ce que fut en Europe la révolution des chemins de fer. Toutes nos suggestions de voyages en train en Angleterre lenscap50 - stock.adobe.com 5 Italie Les caricatures étant ce qu’elles sont, un clivage nord sud se retrouverait aussi sur rail. Ponctualité et bonne tenue au nord ; horaires qui n’en sont pas et débraillé au sud. Un peu de vrai et beaucoup de faux. Le train étant ici la victime collatérale de crispations hors de son champ. En fait, la différence se joue surtout entre les lignes express et grande vitesse et les autres. Les premières sont à l’heure et confortables, les autres sont selon. Notez que dans tous les cas, elles permettent de regarder le paysage et qu’en Italie on a rarement à se plaindre de ce qu’on voit par la fenêtre. Toutefois, commençons par une légende : l’Orient-Express. Embarquement à Paris gare de l’Est ; terminus, Venise - le trip jusqu’à Istanbul se faisant désormais à bord d’autres trains. Agatha Christie - décidément ! - y a installé l’une de ses plus célèbres énigmes, Apollinaire de flamboyantes lubricités, Graham Greene en a fait le furet d’une savoureuse description d’une l’Europe centrale, à laquelle Venise appartient autant qu’elle appartient à la Méditerranée : aucun train (sauf peut-être le Train bleu) n’aura autant apporté à l’imaginaire du vieux continent. Aujourd’hui, ces onze voitures-lits emportent toujours les voyageurs élégants vers la cité des doges. Les compartiments font boudoir pendant la journée et chambre la nuit, ils disposent chacun d’un cabinet de toilette privé. Marqueterie Art nouveau et verre Art déco évoquent l’art de vivre de la Belle Epoque et des Années folles, de splendides étoffes recouvrent les sièges, le raffinement est partout. On s’habille pour aller prendre de délicieux repas au wagon-salle à manger décoré par Lalique. Nappes blanches, argenterie, cristal, pour être pérégrinant, le service n’en est pas moins irréprochable. Toutefois, la légende cède volontiers le pas à la simple raison voyageuse et un itinéraire ferré Milan, Bologne, Padoue, Turin, par exemple, se conçoit et s’organise aisément. Avec, à la clé, un certain nombre de merveilles et des plaisirs en-veux-tu-en-voilà. Il n’est que de mettre le doigt dans l’engrenage. Toutes nos suggestions de voyages en train en Italie Belmond/Orient-Express 6 Allemagne Au moment où les associations marchandes, les hanses, se formaient, on regardait Hambourg de haut. Cette dernière n’en a pas moins couru son chemin et écrasé la concurrence, son port mondialisé en fait foi. C’est une cité puissante et discrète. Beaucoup plus innovante qu’on l’imagine peut-être. Elle a, à grande échelle, le charme des villes parcourues d’eau. Et Lübeck sur la Trave, l’ancienne capitale du nord, un peu alanguie sur ses lauriers, profite au fond de n’avoir pas grandi au-delà de ses capacités. Les chroniques parlent d’elle et son héritage est considérable. Le train est un excellent moyen de relier entre elles ces trois villes et de s’enchanter d’une Allemagne septentrionale trop souvent terra incognita. Un récent été, l’opération billet mensuel à neuf euros a incité les Allemands à grimper dans les wagons et à se promener partout à travers le pays, des prairies alpines aux plages de la Baltique, de la vallée du Rhin à l’Erzgebirge. Les lignes sont là. Et une sensibilité particulière aux alarmes écologiques. L’un et l’autre élément se combinent bien pour donner au train une nouvelle chance. Une perspective alléchante pour les Français (et ceux qui prennent leurs trains) puisqu’ils vont déjà à vitesse grand V à Baden-Baden en forêt Noire, Karlsruhe, Mannheim, Francfort, Stuttgart, Ulm, Augsbourg, Munich. On peut envisager à partir de tout ça les plus intéressantes combinaisons. Toutes nos suggestions de voyages en train en Allemagne uslatar - stock.adobe.com 7 Europe centrale Comme l’Allemagne fait partie (en partie) de l’Europe centrale, on la retrouve ici pour un séduisant itinéraire Vienne-Prague-Dresde-Berlin-Hambourg et Sylt. Toute cette Europe centre-occidentale en train. Et quelles villes ! Le réseau ferré a été l’une des réussites de l’Autriche-Hongrie. Vienne est d’ailleurs toujours pionnière dans ce domaine, ayant réactivé de confortables trains de nuit pour les liaisons moyennes et longues. Les chemins de fer autrichiens vous acheminent ainsi dans la plupart des anciens domaines impériaux. Si bien qu’un Vienne-Budapest-Prague s’envisage désormais dans d’excellentes conditions. Jolie opération entre Danube et Vltava. Bien entendu, à la fin de la période socialiste, pendant les années 1990, la route a primé et englouti les budgets. Les lignes sont vieillies et réclament un coup de neuf. L’idée fait son chemin et le train - fret et passagers – a, dans ces belles contrées, aussi un avenir. Reste le grand axe de l’Europe centrale et balkanique : Paris - Istanbul. L’épopée de l’Orient-Express in extenso ne s’efface ni des mémoires, ni des aiguillages. Vous embarquez pour Vienne. Conforté par son romantisme pince-sans-rire et mélodieux, on s’en va ensuite retrouver Budapest. Et peut-être le Danube est-il plus encore budapestois que viennois. Il coule au beau milieu de la capitale hongroise qui le regarde passer depuis ses monuments les plus emblématiques. Tout cela a de l’allure. Ensuite, la ville de mauvaise réputation : Bucarest aurait été défigurée pendant la période socialiste. Ce n’est vrai qu’en partie. De très jolis quartiers ont été préservés. Et le dynamisme, le côté méridional, la faconde des Roumains compensent les injures faites au patrimoine. On s’arrête à Sofia ? Si on veut, on s’arrête. Il ne restera plus, dès lors, qu’à se laisser glisser au sud-est, jusqu’à la Turquie et Istanbul, terminus traditionnel et grand échangeur entre l’Orient et l’Occident. Le Bosphore, la Corne d’Or, Sainte Sophie, la mosquée Bleue. tout cela est familier à l’imagination voyageuse. C’est-à-dire, indispensable. Découvrez notre voyage en train en Europe centrale Découvrez notre voyage en train de Paris à Istanbul capn/stock.adobe.com 8 Espagne Sinon pour les voyageurs qui, partant pour Lourdes ou le Pays Basque, prenaient le train d’Irun, l’Espagne semble peut-être le moins ferroviaire de nos pays. Et pourtant ! Elle dispose d’un ensemble de lignes tout à fait à la hauteur. Et de trains à vocation touristique bien imaginés. Comme le Transcantabrique qui, le long de la baie de Biscaye, relie Leon, province de Leon, au port de Ferrol, province de La Corogne. De Leon à Bilbao, le train emprunte la ligne de La Robla, l’une des plus emblématiques d’Espagne. Des services sont aussi assurés entre Saint Sébastien et Saint Jacques de Compostelle. L’itinéraire traverse des contrées à forte personnalité. L’utilisation de la voie métrique permet de se glisser où les trains classiques ne vont pas. La nature donne à la vitre un spectacle toujours changeant. Les conditions de transport, d’esprit Pullman modernisé, sont excellentes et le service impeccable. Voitures-salons et voitures-lits procurent un bien-être que leur envieraient bien des hôtels sédentaires. Quant à la table, elle s’ajuste aux pratiques culinaires des régions traversées. C’est l’Espagne atlantique et verte. Passons maintenant à l’autre bout du pays, une région plus sèche, déjà africaine, l’Andalousie. Où circule, entre Séville et Malaga, via Grenade et Cordoue, le train Al Andalus. Sept jours de plaisir sur rail. Des voitures françaises d’abord, dont le modèle a été conçu pour la famille royale britannique. Ces wagons appartiennent au parc de la compagnie ferroviaire publique espagnole, Renfe. Les voitures-salons Art déco sont tout à fait chic ; les suites particulières ne leur cédant rien. En embarquant, on s’attend à du confort, mais à ce point ! Les cabines-lits sont pleines de charme. Des chefs de renom ont en charge les cuisines du convoi et on en oublierait de regarder dehors. L’Espagne est certes un pays de luxe ferroviaire. Toutes nos suggestions de voyages en train en Espagne miguel - stock.adobe.com   Par EMMANUEL BOUTAN   Photographie de couverture : Philip Nix / Gallery Stock 

Choisir son safari en Afrique

Les indétrônables Big Five ne sont pas l’unique raison de choisir sa destination safari en Afrique. Cadre, ambiance, expériences : il existe de nombreuses façons de se fondre dans la faune africaine. Tour d’horizon en huit lieux emblématiques.   Parc National Kruger (Afrique du Sud) Parc National du Lac Nakuru (Kenya) Cratère du Nngorongoro (Tanzanie) Réserve de Khwai (Botswana) Parc National d'Etosha (Namibie) Parc National de Bwindi (Ouganda) Delta de l'Okavango (Botswana) Parc National de Tarangire (Tanzanie) 1 Parc National Kruger Afrique du Sud Le cadre : le plus mythique des parcs africains réunit sur près de 20 000 kilomètres carrés un écosystème unique qui évolue librement entre le parc national et les réserves privées. La faune : lions, léopards, éléphants, rhinocéros, buffles. Les Big Five sont représentés ici en large densité. Au total, le Parc Kruger rassemble près de 150 espèces. Le nid : un beau lodge niché au coeur d’une réserve privée, quelques bungalows, un point d’eau, un boma(feu de camp) sous la voûte céleste. L’expérience : un safari en liberté, au volant de son propre véhicule.   Christopher Churchill 2 Parc National du Lac Nakuru Kenya Le cadre : dans l’ombre du mythique Masaï Mara, le lac Nakuru, situé à environ quatre heures de routede Nairobi, reste l’une des perles de la vallée du Rift. La faune : le Nakuru, malheureusement déserté par les flamants roses, héberge de grands mammifèrescomme les rhinocéros noirs et les girafes de Rothschild. Le nid : un cottage victorien sur les rives du lac voisin, Naïvasha, prolongement logique au Nakuru. L’expérience : depuis Naïvasha, aller sur Crescent Island et marcher au milieu des animaux, descendants des figurants du film Out of Africa laissés à l’état sauvage. GettyImages 3 Nngorongoro Tanzanie Le cadre : véritable arche de Noé, cette vaste caldeira bordée de forêts abrite une plaine et le lac Magadi. Parmi les paysages africains les plus spectaculaires. La faune : des plus petites aux plus grandes, toutes les espèces sont représentées, parmi elles le rhinocéros noir, l’hippopotame ou le guépard, mais aussi de nombreux oiseaux. Le nid : un lodge surplombant les plaines du Ngorongoro, bordées par la forêt et les plantations de café. L’expérience : un lever de soleil sur la caldeira, depuis la crête. Christopher Churchill 4 Réserve de Khwai Botswana Le cadre : au nord-est du delta de l’Okavango, un écosystème de grandes plaines inondées, paysage unique de lagunes surmontées d’îles et de forêts. La faune : grands troupeaux d’éléphants, hippopotames, girafes, antilopes, oiseaux… Avec la réserve voisine de Moremi, la région rassemble la plus grande densité animale du pays. Le nid : un camp de tentes élégantes, la réminiscence des premiers safaris, le confort en plus. Entièrementprivatisable pour une aventure en tribu ! L’expérience : le bain des éléphants, face au sien, au lever du jour. Peter & Beverly Pickford Wildlife Photography 5 Parc National d'Etosha Namibie Le cadre : l’immense pan d’Etosha, désert salin parsemé de points d’eau, collectionne des paysages lunaires, loin du classique décor de savane. La faune : oryx, girafes, guépards, éléphants… Près de 140 espèces de mammifères habitent les lieux. Le nid : un camp posé sur une colline, surplombant la plaine du Damaraland. Promontoire exceptionnel à l’ouest du parc, la partie la plus sauvage. L’expérience : une ronde de nuit autour des points d’eau, rendez-vous incontournable avec la vie animale.   30 Shipwreck Lodge 6 Parc National de Bwindi Ouganda Le cadre : la forêt impénétrable de Bwindi, émergeant de la brume à la jonction de la plaine et des montagnes. La faune : parmi les espèces menacées, le parc abrite divers papillons endémiques, mais aussi la moitié de la population mondiale des gorilles de montagne. Environ 400 individus aujourd’hui protégés. Le nid : un bungalow sur pilotis perché sur les eaux gris-bleu du lac Mutanda, aux portes de la forêt. L’expérience : marcher dans la jungle en silence, observer les gorilles, et se sentir tout petit… Crookes And Jackson 7 Delta de l'Okavango Botswana Le cadre : le delta du fleuve Okavango concentre d’étonnants paysages lacustres mêlant canaux, lagunes et îles. La faune : lors de l’hiver austral, le delta concentre une vaste faune (éléphants, buffles, lions, crocodiles, léopards…), au total plus de 150 espèces. Le nid : un écolodge sur pilotis posé sur le delta avec la soucieuse réflexion de laisser un impact minimum sur l’environnement. L’expérience : aborder l’Okavango à cheval, une belle manière de se fondre dans le monde sauvage.   22 Skybeds 8 Parc National de Tarangire Tanzanie Le cadre : un paysage double offrant d’un côté la savane piquée de baobabs géants, de l’autre la forêt tropicale humide. La faune : aux côtés des Big Five de la savane, la forêt abrite elle aussi une importante biodiversité, et la rivière de nombreux oiseaux. Le nid : une nuit à la cime des arbres, la plus fine frontière entre la brousse et soi. L’expérience : un safari à pied avec un ranger dans le Parc de Tarangire pour découvrir les traces des animaux et comprendre cet écosystème singulier. Christopher Churchill   Photographie de couverture : Alexander Shalamov/BlueOrange Studio/stock.adobe.com

Débarquer à New York en cargo

Après neuf jours de transatlantique et 3 321 milles (6 150 kilomètres) depuis Le Havre, le porte-conteneur Widukind arrive en vue de Manhattan. La nuit tombe, la ville brille de tous ses feux. Magique. L’équipage et les passagers savourent la perspective d’une pause à terre. Elle sera de courte durée.   Là-bas, sur la ligne d’horizon, les lumières de New York dessinent un halo d’or pâle. A 20 heures, la côte se trouve à portée de jumelles, elle se rapproche vite. Manhattan impose le jour en pleine nuit, grandiose bouquet de néons blancs strié de rayons rouge, jaune, bleu, argent, tours sans fin qui s’en vont gratter le ciel de leur flèche surlignée d’étoiles. Une vedette approche à vive allure du porte-conteneurs. L’échelle de corde est déroulée à tribord, le pilote grimpe et déboule sur la passerelle de commandement. La procédure est obligatoire pour tout bâtiment arrivant ici, vitesse limitée à 10 nœuds, identification requise. Le jeune homme, la trentaine, coupe courte, regard clair et profil sportif, il pourrait sortir de West Point, s’empare du téléphone : « Officier Sullivan à bord de Widukind, code Charlie, Quebec, India, Kilo, Seven (CQIKS), je répète, Charlie… ». L’équipage de quart, capitaine, second et autres chefs, se tient à carreau devant ce jeunot, style gendre idéal. La preuve, plus personne n’ose fumer en sa présence, ça pourrait valoir une amende ou pire, une remarque. Trois heures de sevrage à tenir.  Une publication partagée par CMA CGM (@cmacgm) le 8 Sept. 2017 à 8 :39 PDT   Creux de 10 mètres Le pont du Verrazano lance son arche de lumière entre Staten Island à bâbord et Brooklyn, juste en face, 4 176 mètres de grâce, la porte d’entrée maritime des Etats-Unis et de New York. D’un côté, l’Atlantique, ses colères, son infini, de l’autre, l’Amérique, ses éphémères et ses folies. Au milieu, le chenal de navigation entre bouées rouges et vertes. Le pilote scrute. Let’s go ! Une publication partagée par CMA CGM (@cmacgm) le 13 Juin 2017 à 5 :20 PDT Pour l’équipage (dix-neuf marins) comme pour les quatre passagers payants, la pause sera la bienvenue. Aux portes du continent, la tempête a de nouveau frappé. Le capitaine Orencio Cortez avait prévenu : « Nous arriverons après-demain à New York mais avant, ça va taper dur, plus fort que la précédente dépression. Une journée de très gros temps, tout le monde à l’intérieur ». Taper dur était la formule juste. Sur l’écran météo, une boule rouge colère tourbillonnait dans son écrin orange foncé au large des côte américaines. Impossible de lui échapper. Des creux de 10 mètres, un vent de 110 km/h, des rafales jusqu’à 140 km/h, une gîte à rendre périlleux le moindre mouvement pendant que valdingue tout ce qui n’est pas attaché ou enfermé, des vagues croisées hautes comme des montagnes, dont les crêtes d’écume rageuse se jettent sur Widukind, les déferlantes balayent les piles de containers. Jamais le capitaine n’avait été aussi tendu. Une cigarette allume l’autre, sa jambe droite bat la mesure de son inquiétude, « très grosse tempête », commente-t-il. On apprécie. Le navire tangue, penche, plonge, se cabre. Il tient bon et garde son cap. Et puis, une quinzaine d’heures plus tard, la violence des éléments baisse d’un ton, puis de deux, avant que sur l’écran, l’océan retrouve le bleu pâlichon qui le ferait presque passer pour un paisible lagon.   Contrôles minutieux Verrazano passé, chenal dégagé. Depuis la passerelle, l’officier Sullivan scrute l’avant puis lance des ordres brefs. Vitesse, cap. Le capitaine Orencio Cortez opine, l’homme des machines exécute en rappelant la consigne pour montrer qu’elle a été correctement entendue, suivie d’un « Sir ! ». L’éducation et les préséances de la Navy sont passées par là. Deux-cent soixante-dix conteneurs attendent Widukind à Port Elizabeth, l’immense zone portuaire du New Jersey, contigüe à l’aéroport de Newark. Plusieurs milliers d’hectares tapissés de hautes piles de boites blanches, vertes, bleues, rouges, hérissés de grues, 40 mètres et plus, sorties d’une fiction de sur-créatures spatiales, bordés par 80 quais. Géant. L’Amérique fait toujours plus grand qu’ailleurs. Une publication partagée par CMA CGM (@cmacgm) le 15 Nov. 2016 à 6 :47 PST L’accostage ici, à une heure de Manhattan, n’est pas une bonne nouvelle pour les passagers qui rêvaient d’un peu de tourisme. Le déroulé des opérations portuaires, en l’occurrence de 4 heures jusqu’à midi, ne s’y prête guère. Certes, la présence d’un cargo à quai, toujours calculée au plus juste à cause de son coût très élevé, n’est pas à l’abri d’une indisponibilité ou d’une panne de grue, des horaires des dockers, de l’absence d’un officier des douanes. Sans parler du temps passé devant les fonctionnaires de l’immigration, bardés de téléphones, matraques, colts, gilet pare-balles, torches, micros et autres menottes, invariablement tâtillons à l’égard des membres d’équipage comme des passagers, tous méticuleusement contrôlés à bord, un à un. Avant cette épreuve administrative, le porte-conteneurs poursuit sa lente avancée. Il glisse devant Manhattan, Liberty Tower, hommage, Empire State Building, respect, Chrysler Building, admiration, pierre et fenêtres à croisillons, verre avec acier, façades claires, opaques, bleutées, noires… Les jumelles passent de mains en mains, la belle flambe, éblouit, bluffe. Flashes, selfie.   Red Hook, le port de Brooklyn L’officier Sullivan n’a que faire de ces émerveillements. Lui, c’est son cadre habituel de vigilance. Cap, vitesse, « Sir ! ». La statue de la Liberté salue les arrivants, les gratte-ciel s’éloignent doucement, Widukind ne stationnera pas à la pointe, là où sont accueillis les prestigieux transatlantiques de la Cunard, Queen Mary 2 en particulier, avec photo aérienne en guise de tapis rouge. Il s’engage sur l’un des bras qui pénètrent dans le New Jersey, cet autre front de mer dont le skyline veut rivaliser en hauteur et majesté avec celui de Manhattan. Cap, vitesse, « Sir ! ». Pointe enfin le quai 62. L’immense grue est en place, tous projecteurs allumés, les gyrophares signalent que les hommes vont saisir les cordages, d’autres prêts à assurer le défilé des conteneurs à charger. Deux remorqueurs bordés d’épaisses protections se sont collés à la coque du bateau et le poussent au millimètre vers le quai en suivant les instructions du pilote. Amarrage. Vers 23 heures, le capitaine Cortez ordonne de couper les machines. L’officier Sullivan peut prendre congé, mission, une de plus, accomplie. Il range son GPS, son téléphone et son écran de contrôle. Un sourire, le premier depuis qu’il a esquissé un bonjour très formel : « Je file vite, ma femme doit accoucher demain. C’est notre premier enfant ! ». Widukind est arrivé à New York City. Une publication partagée par CMA CGM (@cmacgm) le 16 Nov. 2016 à 6 :31 PST Ses passagers doivent maintenant s’armer de patience. Arrivés ne signifie pas libérés, autorisés à fouler le sol des Etats-Unis d’Amérique. Port Elizabeth est une sorte de no man’s land où tout individu non-badgé semble être considéré comme une menace pour la sécurité intérieure du pays. Débarquer exige, dans l’ordre : trouver un officiel habilité au transport des personnes, il les conduira du bateau jusqu’au poste d’immigration situé à 20 mn en voiture, revenir, attendre que les deux douaniers montés à bord s’abstiennent de toute fouille et autorisent les sorties du navire, à nouveau se faire accompagner jusqu’aux grilles du port, présenter ses papiers tamponnés, enfin trouver un taxi par ses propres moyens dans une zone où jamais personne ne lève la main. Uber a gagné. En patientant, méditer sur cette cascade de contrôles, passeport en main, histoire de vérifier des données déjà inscrites sur l’écran de l’immigration depuis l’attribution du visa obligatoire par l’ambassade américaine. Et un dernier au retour, juste pour le plaisir. ©Jean-Pierre Chanial Sachant que Jersey Gardens, la seule zone d’activité du coin (hamburgers des grandes chaînes américaines et plusieurs boutiques), est à 10 minutes, Manhattan à une heure, les calculs sont vite faits.   Meatpacking ou Williamsburg Les opérations portuaires sont effectuées durant la nuit. Vent, neige, Jour de l’an, fête nationale, elles ne s’interrompent jamais. Au petit matin, le cargo changera de zone. Un nouveau pilote le dirige vers Brooklyn et le modeste port commercial de Red Hook où une centaine de conteneurs complèteront le chargement. Le voyage dure à peine deux heures mais il est intense, magnifié par les voiles bleutés de l’aube. Miss Liberty, Manhattan, le pont de Brooklyn et un quai tracé juste en face du skyline où les hommes en blanc, casqués, gilet fluo sur le dos, bottes de travail, sont à poste. La vue sur New York est sublime, unique. Les dockers ont le regard ailleurs, ils commencent déjà leur ouvrage. A midi, le second du navire informe qu’il est possible de débarquer. Ouf. Retour impératif à 18 heures. Ensuite, l’échelle de coupée sera relevée. Appareillage deux heures plus tard. Une publication partagée par CMA CGM (@cmacgm) le 24 Oct. 2016 à 7 :50 PDT Le processus de sortie du port doit être scrupuleusement suivi. Contrôle par officier habilité pour escorter jusqu’aux grilles de la zone portuaire, contrôle, guichet de sortie, contrôle, taxi.  Il est évidemment possible d’arrêter là le périple. Merci pour ce voyage, séjour à New York et retour à la maison. Aucun passager payant ne l’a imaginé. Il reste quelques heures pour plonger dans le cœur de la ville. Meatpacking ou Williamsburg ? Shopping ou musée ? Balade le long de la High Line ou ascenseur direct vers l’observatoire de la Liberty Tower après pause silence autour des bassins sans fond de Ground Zero ? Chelsea Market ou Bud pression dans un sports bar ? Comme on veut, mais vite. Charlie, Quebec, India, Kilo, Seven n’a aucune patience. Pas de quartier pour les étourdis. Déjà, rendez-vous est pris : dans 43 heures exactement, un pilote, des conteneurs soigneusement rangés et des grues haut-perchées attendent Widukind à Savannah (Georgia), 669 milles nautiques, 1 239 km plein sud. Le retard n’est pas une hypothèse envisageable.   > ARTICLE SUIVANT : UN CARGO ARRIVE À SAVANNAH     Par JEN-PIERRE CHANIAL   Photographie STEFAN BUNGERT/LAIF-REA

Kenya vs Tanzanie : le match en 6 rounds

Kenya et Tanzanie possèdent des parcs et réserves en grand nombre. Afin de baliser les chemins voyageurs, l’enjeu ici est d’en indiquer le plus beau, le plus intègre. Serengeti, Masai Mara, mont Kenya, lac Nakuru, Kilimandjaro sont les jalons de grandes aventures dont la qualité paradoxale est d’être à la fois possibles et idéales. Alors, Kenya ou Tanzanie ? Posons d’emblée peut-être qu’il s’agit moins de confronter deux pays que de repérer, de domaine protégé en domaine protégé, comment l’unité d’une nature s’exprime dans une éclatante diversité.   Les réserves & parcs nationaux Les types de safari Les animaux à voir Les itinéraires incontournables Les lodges & hébergements Infos pratiques   Parcs et réserves, en veux-tu en voilà L’Afrique en un paysage emblématique ? Le Kilimandjaro vu des plaines du parc national d’Amboseli. Où l’on est en plein débat, puisque le parc est au Kenya et la montagne en Tanzanie. La grande nature africaine se moque bien des partages. D’ailleurs, les hommes le savent, qui ne bornent pas toujours les aires protégées à une frontière. Ainsi, le plus fréquenté des domaines kenyans est-il la fameuse réserve du Masai Mara, prolongement du Serengeti tanzanien. Néanmoins, le parc national de Tsavo ouest respecte la limite d’État. Il la longe, rectiligne. Ailleurs, la voie de chemin de fer Nairobi/Mombasa le sépare de Tsavo est. Deux paysages, vallonné et humide d’un côté, sec et plat de l’autre. Ce sont la flore et une certaine majesté qui ont déterminé le classement des pentes du mont Kenya, au centre du pays, sur l’équateur. La végétation, au demeurant, garantissant le maintien de la faune. Tout proche, le comté de Laikipia possède de belles (et pas encore très fréquentées) conservancies privées. Toujours dans le centre, la réserve nationale de Samburu, sur la rivière Ewaso Ng’iro, offre le contraste de l’aridité et de l’eau, des petits acacias parasol et de la forêt riveraine. Quant au parc national du lac Nakuru, il est fameux pour la foule des oiseaux. Vanessa Lourdin Puisque nous l’avons vu d’Amboseli, approchons du mont Kilimandjaro : toit de l’Afrique, mont Fuji de la Tanzanie, l’un des plus fabuleux objectif rando du monde. Et considérons aussi l’énorme parc national du Serengeti, au sud-est du lac Victoria : plaines, rivières, lacs et quelque quatre millions d’animaux (second domaine protégé du continent après le Kruger sud-africain). L’aire de conservation du Ngorongoro se situe à peu près entre les deux. Dans la caldeira d’un vieux volcan, c’est toute la faune africaine qui semble réunie. Une aire assez restreinte au fond, que l’on domine avant d’en parcourir les plaines herbeuses. Une manière de jardin d’Éden ? Dans le parc national de Tarangire, il y a des paysages familiers, et des silhouettes qui le sont moins sous ces latitudes : des baobabs. À l’ouest d’Iringa, la semi-aridité du parc national de Ruaha est typique du plateau central. Pendant la saison sèche, les eaux de la Ruaha sont le point de ralliement de la faune du secteur. Petit parc que celui du lac Manyara, mais belle concentration d’animaux et forêt dense qu’alimentent en eau des sources nombreuses. Et on ne peut manquer d’évoquer les Galapagos africaines, le parc national des monts Udzungwa, dont la biodiversité est l’une des plus élevées d’Afrique.   La Tanzanie a protégé 44% de son territoire, mais les efforts kenyans sont historiques et loin d’être négligeables. Le Kenya demeure une référence en termes d’image et de safari. La Tanzanie a su se hisser aussi à ce top niveau. Alors, un critère pour départager ces destinations d’incontestable valeur ? Pas un podium, mais une remarque logistique. Globalement, les parcs kenyans sont plus éloignés les uns des autres que leurs homologues tanzaniens, bien regroupés dans la partie nord du pays. Les familles profiteront peut-être de cette proximité.   Le safari sous toutes ses formes, ou presque Dans sa forme désormais classique, le safari se pratique en véhicule aménagé, avec chauffeur et ranger. La partie supérieure de la voiture est ouverte afin de faciliter les observations. On embarque le matin, puis en fin d’après-midi, pour surprendre les animaux sur leurs lieux de rassemblement et leurs itinéraires réguliers. La connaissance que les rangers possèdent de la vie sauvage est essentielle à la bonne conduite des sorties. Aujourd’hui, ils sont non seulement familiers du théâtre faunistique, mais ils manifestent une sensibilité informée aux enjeux environnementaux. Ce sont des professionnels très qualifiés, qui ne vous laissent jamais en panne d’émotions nature. Cela tant au Kenya qu’en Tanzanie. À cet égard, comme à celui de la participation responsable des communautés samburu ou masai aux opérations, la différence est légère entre les deux pays. Qu’il s’agisse des parcs nationaux strictement animaliers, des réserves où les activités humaines traditionnelles ont aussi droit de cité, ou des conservancies, qui sont des concessions privées. Un cercle Néanmoins d’autres formes de safari sont de plus en plus pratiquées, liées à des sensibilités nouvelles envers la nature. Le safari pédestre, répandu désormais, est très représentatif de cette tendance. De moindre rayon d’action, plus lent et concentré, il permet un contact fin avec le milieu. Si la grande faune n’en est naturellement pas exclue, on y est plus attentif aux animaux de moindre taille, ou aux plantes. Les Big n’étant pas seuls à mériter l’intérêt. Il y a des merveilles à admirer parmi les insectes, les petits oiseaux, les reptiles, etc. Le safari à vélo tout-terrain est un peu intermédiaire. Il rend un kilométrage appréciable, mais garde le côté furtif de l’approche pédestre. C’est un bon compromis (qui est tout à fait en phase avec des façons de faire en développement dans les contrées d’origine des voyageurs). Une légèreté logistique qui favorise les safaris privés. La montgolfière est un magnifique moyen de se donner un point de vue adapté aux grandes plaines. Et pirogues et petits bateaux invitent à explorer les rives des cours d’eau et des lacs où la vie toujours foisonne.   Il n’y a pas à attribuer les formes de safari plutôt à la Tanzanie qu’au Kenya (ou l’inverse). Elles se pratiquent dans les deux cas dès lors que le terrain s’y prête. On randonne plus volontiers en montagne. Les voitures tout-terrain restent des moyens irremplacés, même par le cheval, pour l’exploration des savanes ouvertes, où les animaux se déplacent beaucoup. Les caractéristiques de chaque parc en déterminent le meilleur type d’approche.   Une faune complète À peu de choses près, la Tanzanie et le Kenya partagent la même faune de savane. Celle-ci se répartit selon les avantages et les contraintes de la géographie (qui commande aussi à la flore). L’exemple de la migration des gnous, des zèbres et des gazelles de Thompson est éclairant à cet égard. Pendant la saison sèche, ces ongulés et leur escorte de prédateurs, montent de la Tanzanie au Kenya pour pâturer, puis ils redescendent quand revient la pluie. Ces déplacements concernent au premier chef les parcs connexes du Serengeti et du Masai Mara, mais aussi les réserves du Laikipia. Les troupeaux sont au Kenya de la mi-août à fin septembre et en Tanzanie le reste du temps. En juillet-août et en octobre, ce sont les passages dramatiques des Mara et Grumeti Rivers, qui voient l’engorgement faire l’affaire des carnassiers terrestres et aquatiques : le garde-manger est si plein que peu importe qu’il se meuve. Cela pour indiquer que, si la faune a son identité, elle a aussi ses périodes. Et ses heures : si les sorties d’observation s’effectuent tôt le matin et à l’approche de la nuit, c’est qu’alors les animaux sont les plus actifs. Et les mieux repérables. Christophe Cerisier/Getty Images/iStockphoto Originaire du monde de la chasse, le palmarès Big Five a intégré le monde du safari photographique. Quels sont-ils, ces cinq cadors du bush ? Voilà : l’éléphant, le buffle, le rhinocéros, le lion et le léopard. Il faut convenir qu’ils réservent leur pesant d’émotions. On peut en faire la rencontre en allant d’un parc à l’autre. On peut aussi les trouver rassemblés : dans le Masai Mara et au lac Nakuru, au Kenya ; dans le Serengeti et le cratère du Ngorongoro, en Tanzanie. Le rhinocéros noir est présent en force dans les secteurs du lac Nakuru et du Ngorongoro. Dans le complexe Serengeti / Masai Mara, on sait la raison pour laquelle les lions sont particulièrement nombreux. Amboseli et Tarangire nourrissent beaucoup d’éléphants, mais ces grosses bêtes intelligentes sont largement répandues et se trouvent jusque dans les forêts du mont Kenya (où vit aussi l’exceptionnel bongo). Le léopard n’est pas rare, mais il est rarement observé du fait de ses mœurs nocturnes et discrètes. Dans les zones humides, les oiseaux sont en multitude. Une carence, tout de même : les grands singes. Il ne s’en trouve presque pas. Des chimpanzés seulement dans le parc national de Gombe Stream, sur la rive tanzanienne du lac Tanganyika. C’est peu, mais c’est là que Jane Goodall les a étudiés. Cependant, les primates se trouvent variés dans les parcs du mont Kenya, d’Arusha mont Méru, du lac Manyara, des monts Udzungwa : colobe guéréza, cercopithèque à diadème, vervets, cercocèbe agile, etc.        Et ce n’est, bien sûr, qu’effleurer le sujet. Les sorties révèlent quantité d’espèces de tous ordres dont il n’est pas question ici. L’administration humaine a séparé en politique ce qui est un continuum en nature. Parcs et réserves travaillent à la conservation et à la restitution de cette unité/variété, au Kenya comme en Tanzanie. Il n’y a donc pas lieu de trancher. Des différences apparaitraient plutôt en changeant de contexte naturel. En entrant dans la forêt équatoriale, tenez.   Itinéraires à géométrie variable Ainsi peut-on faire (encore une fois, de l’un comme de l’autre pays) en allant au Rwanda, dans le parc national des Volcans, où vivent les gorilles de montagne. Bien entendu, ils sont plus proches de la Tanzanie, mais un petit coup d’aile à partir de Nairobi n’est pas grand-chose à réaliser. La revue de la faune se complèterait alors des grands singes. En Tanzanie-même, la proximité entre eux des parcs du nord permet de les combiner sans difficulté. Les temps de trajet, dont il faut faire le compte, ne sont pas insurmontables. Les distances s’amenuisent dans la contemplation des paysages. Ce sont les saisons et la disponibilité des animaux qui commandent à l’ordre des étapes. Et puis, pour couronner un safari d’une étape plage de grand style, la Tanzanie dispose d’une arme de récupération massive : l’île de Zanzibar. Le lieu idéal pour décanter ses impressions de voyage dans le bush. Le sable est blanc et la mer bleue, si bleue. Les boutres vont et viennent. Le vieux monde swahili affleure. On trouve là de magnifiques hôtels – c’est-à-dire discrets, d’une esthétique simplicité, retirés. L’esprit Robinson y équilibre celui des Vertes collines d’Afrique.   Jérôme Galland   Le Kenya ne dispose pas d’un tel atout, même si la plage de Diani, à 30 kilomètres de Mombasa, n’est pas à négliger pour sa beauté, ses récifs coralliens, ses colobes blancs et noirs et la proximité de la Shimba Hills National Reserve. D’autre part, nous avons eu l’occasion de le signaler, parcs et réserves sont plus dispersés, éloignés les uns des autres, qu’en Tanzanie. Pour pallier ce qui semble un inconvénient lorsqu’on ne dispose que du temps d’un voyage, il y a les avions-taxis. Ces petits appareils utilisent un réseau d’aérodromes qui permet de rallier tous les sites d’importance. Dans une atmosphère un peu Out of Africa. Étant entendu que les itinéraires terrestres reliant des parcs pas trop distants demeurent envisageables : Chyulu Hills, Tsavo est et ouest, par exemple ; ou Aberdare National Park, mont Kenya, Laikipia. Des combinaisons diverses sont possibles. Et puis, n’allons pas omettre le Nairobi National Park. Juste au sud de la capitale, il permet d’associer savane à acacias, rhinocéros noirs, lions, buffles, girafes et gratte-ciel.   Il y a toujours une solution pour procurer à chacun le plus large panorama, les observations les plus complètes et l’expérience des contrastes qui font la richesse de la nature africaine. Les moyens de déplacement sont disponibles et ajustés au contexte. L’acheminement n’implique plus ni l’inconfort ni la durée inséparables de l’époque héroïque. Et l’hôtellerie s’améliore sans cesse.   Des lodges inspirés Commençons par le Loisaba Tented Camp, dans le Laikipia. Il occupe le sommet d’une colline, offrant aux voyageurs un fantastique panorama de savane. Tentes premium et atmosphère africana de grand style. Des arbres ombragent le périmètre. Le service est impeccable et la table excellente. Que demander de plus au Kenya, d’autant que les animaux animent la plaine ? Une piscine ? Bien sûr, l’un des plus beaux débordements du continent ! Et l’Ol Tukai Lodge à Amboseli, en plein parc national, avec la bosse monumentale du Kilimandjaro dans le fond sud. L’agréable formalisme du service ajoute au charme. Chambres et salles d’eau sont confortables au possible ; l’Elephant Bar, avec son comptoir annulaire, est tout à fait Blake et Mortimer. Tout de même, il faut envisager le Masai Mara. D’andBeyond Kichwa Tembo Tented Camp, sur l’escarpement d’Oloololo : vallée du Grand Rift et design quasi scandinave, ligne claire en tout cas. La table de massage semble aller de soi. D’autant que le physiothérapeute a dans les mains toute l’expérience nécessaire. Le Kenya n’est plus exclusivement soumis à l’influence britannique. Il en accueille d’autres. Italienne par exemple, comme à Diani Beach. Où Waterlovers met de la purée de courge dans ses ravioles et des notes méditerranéennes dans son style swahili. Droits Réservés Poursuivons en Tanzanie. Dans le Tarangire, un lodge sur pilotis, Elewana Treetops Camp. Les chambres entourent comme des satellites le bâtiment principal, appuyé sur un vieux baobab. On est là dans la cabane qu’on a espérée toute son enfance. À ceci près que l’on n’y mettait pas alors un tel confort. De grandes baies et un balcon permettent des observations naturalistes depuis son particulier. Si l’on monte au Ngorongoro, on rencontre le Ngorongoro Crater Lodge, un établissement dont l’architecture a adapté celle de la manyatta, la hutte masaï de bois et de boue séchée. Bien sûr, les exigences de l’hôtellerie moderne sont passées par là : le plateau technique est impeccable. La décoration intérieure s’amuse du style colonial, chaleureux sous des plafonds en feuilles de bananier. À la clé et en contrebas, le fabuleux cratère. Un lodge dans le Serengeti : One Nature Nyaruswiga, au centre du parc. La toile de tente a ses élégances. Les logements ouvrent largement sur les grands espaces. Ils sont aménagés dans le plus actuel safari style. Tub tradition et douche dedans/dehors sont spécialement agréables. Le poêle à bois réchauffe et dénoue les fatigues. Au bar, on fait le récit des sorties lové dans de profonds canapés Chesterfield. Les animaux s’approchent-ils de l’hôtel ? À pas légers.   On a presque partout dépassé le stade old time du lodge safari. Les établissements, qu’ils soient en dur ou amovibles sont de grande qualité et répondent aux critères internationaux.  Avec cela, un sens de la situation très affiné. Une esthétique bush respectueuse du principal : le milieu naturel. À cet égard aussi les choses évoluent de façon exemplaire : le meilleur confort, car le plus intelligent, n’est pas l’ennemi des milieux. Découvrez notre sélection des plus beaux lodges d'Afrique.   Quelques indications pratiques Peut-être une question inquiète-t-elle les candidats au safari africain : la sécurité. Elle a deux aspects. L’un est lié aux animaux ; l’autre aux hommes. De ce dernier point de vue, il n’y a pas à craindre. Les procédures anti-braconnage et l’intéressement des populations présentes sur place au fonctionnement des parcs ont beaucoup apaisé les tensions. En somme, contrevenir ne profite immédiatement à personne. Et pour ce qui est des animaux, rien à redouter non plus si on suit les indications des rangers. Ce sont des gens qui savent leur métier et vont où il faut quand il faut. Lorsqu’on respecte leurs indications, le safari est tout à fait sécurisé. Quelle qu’en soit la formule. Il n’est pas plus dangereux à pied ou à cheval qu’en voiture. En principe, il n’y a pas d’âge minimum pour entrer dans les parcs et réserves. On peut donc y emmener ses enfants. Dans la pratique, cinq ou six ans sont un âge raisonnable pour les apprentis Daktari. Beaucoup de lodges ont de quoi recevoir dignement la petite classe et l’intéresser à la nature. Les repas sont adaptés aux circonstances et aux personnes. Le soin apporté aux aliments est bien souvent plus scrupuleux dans le bush qu’en ville. Olivier Romano Schématiquement, la Tanzanie connait deux saisons : sèche, de mai à octobre ; des pluies, de novembre à avril (avec un pic d’intensité les deux derniers mois). Les températures varient peu d’un bout de l’année à l’autre. Le taux d’humidité peut cependant les rendre plus ou moins sensibles. Au Kenya, on a deux saisons sèches : décembre-mars et juillet-octobre. Et donc deux saisons humides intermédiaires. Les différences de température sont plus marquées qu’en Tanzanie. Les saisons sèches voient les animaux se regrouper autour des zones restées humides ; ils sont donc observables aisément et à coup sûr. Pendant les saisons pluvieuses, ils sont plus dispersés sans doute, mais on les voit dans un contexte vert et dynamique particulièrement séduisant. C’est une autre Afrique. Les épisodes pluvieux peuvent être forts, mais ils sont discontinus et laissent place à des heures glorieuses. Les photographes bénéficient alors de lumières exceptionnelles par leur limpidité ou leurs contrastes. Ces périodes sont donc à ne pas à négliger. Sur les côtes, le climat est plus humide et chaud.   En conséquence, rien ne doit dissuader d’aller au Kenya ou en Tanzanie toute l’année.   Par EMMANUEL BOUTAN   Photographies de couverture : Olivier Romano & Sven Torfinn/PANOS-REA

Agenda 2025 de l’art autour du monde

À Osaka, à l’Exposition universelle 2025, on réfléchit à un futur durable. Et de San Francisco à Séoul, de Londres à Florence, dans les grandes institutions culturelles, on se souvient de la Renaissance italienne, on célèbre les avant-gardes, on questionne nos modèles de société. Découvrez notre sélection de quelques expositions qui, à elles seules, justifient un voyage.   Amsterdam - Anselm Kiefer, Sag mir wo die Blumen sind Les musées Van Gogh et Stedelijk organisent conjointement une exposition en deux parties, répartie sur les deux sites, consacrée à Anselm Kiefer. L’exposition met en lumière la fascination de Anselm Kiefer pour Vincent Van Gogh, qu’il cite comme une source d’inspiration majeure, et offre un regard neuf sur l’œuvre de l’artiste allemand. Le musée Van Gogh expose entre autres les dessins réalisés par Kiefer adolescent, lors d’un voyage des Pays-Bas à la France sur les traces de Van Gogh, en miroir avec les tableaux phares de l’artiste néerlandais, dans une muséographie qui souligne les liens entre leurs pratiques. Au Stedelijk sont présentées des œuvres plus récentes de Kiefer, dont certaines spécialement créées pour l’évènement. 7 mars 2025 – 9 juin 2025, Musée Van Gogh et Stedelijk Museum, Amsterdam   San Francisco - Ruth Asawa, A retrospective Douze ans après la mort de Ruth Asawa, le San Francisco Museum of Modern Art présente la première rétrospective internationale de son œuvre. L’artiste américaine, née en 1926 en Californie de parents japonais, a été profondément marquée par les camps pour Nippo-américains dans lesquelles elle a été internée avec sa famille après l’attaque de Pearl Harbour, à l’instar de dizaines de milliers de Nippo-américains – cette expérience est la matrice de son œuvre. Élève de Merce Cunningham, et de Josef et Anni Albers au Black Mountains College en Caroline du Nord entre 1946 et 1949, elle découvre les techniques de crochetage lors d’un voyage au Mexique en 1946. Ces techniques lui inspirent ses sculptures en suspension qui marient abstraction, mouvement et légèreté et transcendent les frontières entre art et design. La rétrospective couvrira les six décennies de la carrière de Ruth Asawa, en présentant un éventail de ses œuvres à travers différents supports : sculptures en fil de fer, moulages en bronze, pliages de papier, peintures et œuvres sur papier. Après le San Francisco Museum of Modern Art, l’exposition voyagera au Museum of Modern Art de New York, au Guggenheim Bilbao et à la Fondation Beyeler près de Bâle. 05 avril 2025 – 02 septembre 2025, San Francisco Museum of Modern Art (MOMA SF), San Francisco Ruth Asawa dans l’exposition “Ruth Asawa: A Retrospective View”, San Francisco Museum of Art, 1973. Photographie par Laurence Cuneo. Crédit: 2024 Ruth Asawa Lanier, Inc / Artists Rights Society (ARS), New York. Courtesy David Zwiner   Londres - Kerry James Marshall Kerry James Marshall est né en Alabama et a grandi à Los Angeles, près du quartier général des Blacks Panthers. En 1965, il est témoin, à l’âge de 8 ans, de la rébellion de Watts. Cette période d’émergence des mouvements d’émancipation, durant laquelle il découvre les violences liées à la ségrégation raciale, constitue un moment décisif dans son engagement. Retravaillant de manière critique le canon occidental, à travers le tableau historique, la peinture de paysage et le portrait, il questionne la place des minorités afro-américaines dans l’histoire de l’art et dans les musées. La rétrospective qui lui est consacrée à la Royal Academy of Arts de Londres offrira une plongée dans son œuvre, multiforme, qui ne se cantonne pas à la peinture mais inclut aussi la bande dessinée, la photographie, la sculpture, l’installation, la vidéo. 20 septembre 2025 – 18 janvier 2026, Royal Academy of Arts, Londres Kerry James Marshall Hon RA, “Better Homes, Better Gardens,” 1994 Courtesy of the artist and Jack Shainman Gallery, New York   Séoul - Lee Bul, My grand narrative Née en 1964, l’artiste coréenne Lee Bul est l’une des figures majeures de la scène artistique contemporaine asiatique – on a découvert son travail en 2007 à la fondation Cartier : elle avait créé une installation monumentale de cristal et d’aluminium qui se déployait sur l’ensemble de l’édifice du boulevard Raspail. Mêlant performance, peinture et sculpture, sa pratique fait appel à des matériaux contrastés, allant de la soie et de la nacre à la fibre de verre et au silicone ; elle évoque à la fois des potentiels utopiques et des possibilités dystopiques. Une large sélection de l’œuvre de Lee Bul, créée entre les années 1980 et aujourd’hui, sera présentée à Séoul. Le titre de l’exposition, « My grand narrative », fait référence à son projet en cours, une série d’installations architecturales reflétant les grands récits du modernisme et ses utopies ratées. On y verra aussi sa Cyborg Series, qui mêle sa critiques des normes de beauté féminine et sa fascination pour la science-fiction. Septembre 2025 – Leeum Museum, Séoul Printemps 2026 – M+, Hong Kong   New York - Rashid Johnson, A Poem for Deep Thinkers Né à Chicago, Rashid Johnson est connu pour son exploration des questions raciales et de la masculinité, à travers une pratique multidisciplinaire qui s’appuie sur la philosophie, la littérature et la musique. Couvrant les trois dernières décennies de sa carrière, l’exposition – la plus importante jamais consacrée à son travail – présentera 90 œuvres. Ses peintures au savon noir, ses œuvres textuelles peintes à la bombe, ses sculptures monumentales investiront toute la rotonde du Guggenheim. 18 avril 2025 – 18 janvier 2026, Musée Guggenheim, New York Portrait de Rashid Johnson, crédit: Joshua Woods New York, 2024   Florence - Fra Angelico Le Palazzo Strozzi et le Museo di San Marco présentent une exposition exceptionnelle, consacrée au maître de la première Renaissance italienne Fra Angelico (1387-1455). Première rétrospective majeure depuis plus de 70 ans, cette exposition est un évènement qui réunira des œuvres emblématiques dispersées dans les collections du monde entier (le Louvre à Paris, la Gemäldegalerie de Berlin, le Metropolitan Museum de New York, la National Gallery de Washington, le Kunsthistorisches Musée de Vienne, le Philadelphia Museum of Art). Elle permettra de (re)découvrir l’utilisation magistrale de la lumière et de la couleur, et la synthèse entre héritage médiéval et innovations de la Renaissance que réalise le peintre italien. Le Museo di San Marco, ancien monastère où il a vécu et travaillé, constitue un cadre idéal pour cette rétrospective. Une visite incontournable pour tous ceux, amateurs d’art ou d’Histoire, qui s’intéressent à la Renaissance italienne. 25 septembre 2025 – 26 janvier 2026, Palazzo Strozzi, Museo di San Marco, Florence   Mexico - Gabriel Orozco, Politécnico Nacional La fondation Jumex de Mexico accueille une rétrospective consacrée à Gabriel Orozco, l’un des artistes contemporains mexicains les plus influents de son temps. L’exposition permettra de découvrir un univers créatif complexe, à travers installations, sculptures, photographies, peintures et dessins, à l’esthétique minimaliste, qui interrogent les thèmes universels de l’équilibre, de la mémoire et de l’impermanence. 01 février 2025 – 03 août 2025, Fondacion Jumex, Mexico Gabriel Orozco Sans Titre (Airline Ticket) 2001 La Coleccion Jumex Photo John Berens   Et aussi Enfin ! Un musée dédié à David Bowie ouvre en 2025 à Londres. Une collection de 90 000 objets – costumes, affiches, photographies, etc. – ayant appartenu à l’icône pop a été acquise par le Victoria and Albert Museum. Le David Bowie Centre for Study of Performing Arts, un lieu créé pour l’occasion, ouvrira ses portes en septembre. Avis aux fans d’Art Nouveau : le 24 janvier 2025, le Mucha Museum ouvre ses portes à Prague. Il présentera des peintures et des dessins du maître de l’Art Nouveau sur plus de 1000 m². La conservatrice Tomoko Sato, commissaire de l’exposition Mucha au musée du Luxembourg, et de « Eternel Mucha » au Grand Palais immersif, a préparé l’exposition d’ouverture de ce nouveau musée consacré à Alphonse Mucha. L’Exposition universelle d’Osaka au Japon, du 13 avril au 13 octobre. L’édition a pour thème « Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain » ; elle est imaginée comme un tremplin pour atteindre les Objectifs de développement durables fixés par les Nations unies. Elle est pensée comme un laboratoire de réflexion sur des thématiques diverses telles que IA et éthique, défis climatiques et villes du futur. L’occasion d’aller réfléchir à des réponses collectives aux grands défis de l’humanité, et aussi de découvrir la ville d’Osaka.   Par MARION OSMONT   Photographie de couverture : Exposition Universelle Osaka 2025 crédit : DR

Les îles grecques secrètes

Des six mille îles que compte la Grèce, combien sont célèbres et concentrent le tourisme ? Suffisamment pour l’encombrement ; trop peu pour circonscrire le monde des archipels. Il y a donc de quoi faire, pour les voyageurs en quête de Grèce justement, dans les Sporades, Cyclades et autres îles du Dodécanèse et de la mer Ionienne. Des îles secrètes ou simplement négligées, parce que trop ceci ou pas assez cela, parce qu’indirectement desservies. Et c’est une chance, car de pures splendeurs sont toujours accessibles aux voyageurs perspicaces.   Ithaque - Ioniennes Peut-être. Tel est, en tout état de cause, le fin mot concernant Ithaque. Peut-être est-elle l’île d’Ulysse. Certains n’en doutent pas ; d’autres sont sceptiques. Le moindre tesson a potentiellement valeur de preuve. Ou de démenti. Une nuance de bleu maritime peut-elle être rapportée à un vers de l’Odyssée ? La cause est entendue. Les 3 500 habitants d’Ithaque sont prisonniers d’Homère. Le poète les tient dans une hantise qui ne trouve pas vraiment d’apaisement. En un sens, ils en oublient leur vérité antique. Car on creuse et on trouve. Pas forcément l’expédient époux de Pénélope, mais les traces d’une vieille histoire. En tout cas, le tourisme est ici affaire de professeurs, qui viennent à la recherche d’une traduction en nature de leur texte. Et il faut reconnaître que le tourisme académique a des vertus. Celle notamment de ne pas dégrader les sites. Cette fréquentation est respectueuse ; elle garde les lieux dans l’état dans lequel archéologues et historiens les ont laissés. L’obsession antique ne bétonne pas les côtes et n’installe pas de discothèques. En somme, vous trouvez Ithaque un peu toquée, mais verte et préservée. Grecque, en dépit d’un long compagnonnage vénitien. Avec de la vigne et des oliviers. Des chèvres. Et des pêcheurs qui travaillent dans les eaux proches et pour des quantités raisonnables, ipso facto écolo. L’île est montagneuse et penche vers l’ouest, où elle présente une côte douce et basse. Le port naturel de Vathy – chef-lieu – est harmonieux avec son cercle de hauteurs coulant doucement vers la mer. Le village littoral de Kioni a un charme spécial à effet immédiat. La randonnée se pratique au naturel. Et la mer, la mer attire. En fait, toutes ces qualités ont fuité. Et les beautiful people clairvoyants ont suivi les hellénistes sur les plages ravissantes d’Ithaque. De somptueuses villas se rencontrent. Des hôtels haut de gamme aussi.   Alonissos - Sporades L’aire protégée des Sporades thessaliennes est l’un des plus fascinants parcs marins d’Europe. Lorsque l’on plonge la tête dans l’eau, on se prend à déplorer concrètement la raréfaction de la faune méditerranéenne. Parce qu’ici, c’est encore beau, frétillant, populeux, miroitant. Qu’était-ce quand c’était partout ! Enfin, ne plongeons pas avec précipitation et situons un peu les choses. L’archipel des Sporades se trouve au large du Pélion. Et Alonissos à trente minutes de bateau de Skopelos. 64 km², en longueur ; une toison de forêt et de maquis étonnamment dense ; des plages libres ; le bleu si bleu du ciel et de la mer, le blanc si blanc du calcaire, le vert si noir parfois des pins. Et les parfums étourdissants qui vont avec. Le chant des cigales. Cliché ? Tsss tsss, attendez d’y être. Les amas, les falaises, les marches géantes du calcaire font le spectacle géologique. Des plages se lovent au pied des éminences, dans les anses, qu’il faut rejoindre en petit bateau ou parcours sportif. Peu d’accès aisé, c’est bien l’exclusivité qui compte ! On peut aussi opter pour la campagne, où les pins et les chênes font racine arrière devant les oliviers. On est bio sans cahier des charges ni déclamation. Voilà, nature. Dès lors, plongeons. Beaux herbiers de posidonies, l’herbe de Neptune. Et les dauphins si chers aux Égéens : dauphin commun ; dauphin bleu et blanc ; grand dauphin. Le grand cachalot vient jusqu’ici. Et c’est bon signe. Le corail rouge, qui a une longue amitié avec la coquetterie, flamboie. Le phoque moine passe en propriétaire. Lorsque l’on émerge, on aperçoit – après un bref éblouissement – les faucons d’Éléonore et les goélands d’Audouin sur les falaises de marbre. Les animaux ne sont pas la seule raison de se jeter à l’eau, les parages d’Alonissos sont bien garnis en épaves à explorer ; certaines, comme le Peristera (contemporain de Périclès), avec leur cargaison d’amphores à vin. Enfin, un tuyau, la plage de Kokkinokastro est merveilleuse au couchant Ian / Adobe Stock   Ikaria - Sporades Après s’être brûlé les ailes au soleil, Icare serait tombé non loin de là (dans l’indifférence générale, si on en croit le tableau de Pieter Bruegel l’Ancien, De val van Icarus, au musée Oldmasters de Bruxelles). Bref coup de projecteur sur l’île, puis retour à un relatif anonymat. Éponymie tout de même. Les proches Samos, Mykonos ou Chios sont autrement fameuses. On leur laisse bien volontiers la première page des brochures. Rappelons encore le Voyage en Icarie, 1842, dans lequel le premier communiste Étienne Cabet développe une utopie socialiste. Ikaria aurait-elle été un non-lieu ? Elle devait pourtant devenir l’île rouge après la déportation de très nombreux communistes au cours de la guerre civile de 1945-49. Elle existe donc. Dans les Sporades orientales. Assez vaste et d’un relief puissant, culminant à plus de 1000 mètres. Une douzaine de villages installés dans les hauteurs que le brouillard d’altitude mouille. Une certaine retenue. Néanmoins, on aime danser. L’ikariotikos, qui a accéléré son rythme, reste bien vivante. On est aussi à la page responsable : développement d’un système énergétique renouvelable hybride (éolien et hydroélectrique) ; classement Natura 2000 (site naturel à valeur patrimoniale). Bien. Et les voyageurs ont-ils quelque intérêt à faire le déplacement car, tout de même, ce n’est pas la porte à côté ? Ceux qui souhaitent n’être pas bousculés, qui veulent prendre leur temps pour le laisser couler lentement ; ceux que le thermalisme à la source rassure ; ceux que l’hellénisme réel touche ; ceux qui surfent et randonnent ; ceux enfin qui s’enchantent de voir une barque de pêche dodeliner dans un bleu immatériel tant l’eau est transparente ; ceux-là, oui, ont intérêt à prendre le bateau.   Kea - Cyclades Kea, ce sont les Cyclades à une heure de ferry de Lavrio. Alors, pensez si les Athéniens en profitent ! À cela, avantages et inconvénients. Il y a un peu de monde le week-end. Par contre, comme on ne la fait pas touristique aux habitants de la capitale (qui sont aussi souvent ici des résidents secondaires), les petites nuisances inhérentes aux lieux fréquentés par les étrangers vous sont épargnées. On est un peu Grec upper middle class quand on va à Kea. Ce qui n’est pas désagréable en soi. Et puis, allez savoir comment, l’île a gardé son naturel. Elle est restée pimpante sans affectation ; elle s’est habituée à la fréquentation, sans se sentir son obligée. Relief, végétation, climat, on est bien dans les Cyclades. Le sud, un brin aride ; le nord, romantique et vert. Tout autour, des plages de sable fin et cette limpidité méditerranéenne qui explique tant de fresques et de mosaïques antiques. L’hédonisme est ici une seconde nature. D’autant que, clientèle oblige, on trouve à Ioulis de bonnes tables et partout des vins capiteux. Les villages n’ont pas dépouillé le charme de leurs venelles et de leurs placettes. On rencontre les bourricots sans lesquels la Grèce ne serait plus tout à fait elle-même. La randonnée est le complément des bains de mer. Par monts et par vaux, on s’enivre des odeurs de résine, de myrte, de romarin, de lavande. On rallie des sites antiques, comme l’acropole de Carthaea, dont ont parlé Strabon et Pindare. Ou un fameux lion de pierre. Les vestiges étant de toutes les époques, on relève que le sister-ship du Titanic, le Britannic, faisant alors fonction de navire-hôpital, a coulé dans les eaux de Kea en 1916. Pour l’heure, seuls les plongeurs confirmés peuvent descendre sur l’épave ; mais on étudie les moyens qui permettraient aux autres de la visiter à leur tour. Olivier Romano   Syros - Cyclades La capitale administrative des Cyclades. Ce type de carte de visite parle rarement à la sensibilité voyageuse. Surtout celle qui entend prendre les chemins buissonniers et ne pas s’embarrasser de formulaires. Néanmoins, Syros est une île résolument grecque. Et les petites rues blanches et jaunes de ses villages, où sont ouvertes, entrouvertes ou fermées des huisseries bleues, où lézardent des chats paresseux, où filent des deux-roues pétulants, où les bougainvilliers en font un peu trop, ne dépareraient aucune des prima dona de la mer Égée. Syros a de jolies plages – dont les premières sont peut-être Galissas, Kini et Finikas (dans un rayon de 10 kilomètres autour d’Ermoupoli) – et une vie à soi. Base arrière de la guerre d’Indépendance, elle a accueilli de nombreux réfugiés venant notamment de Chios et de l’Égée orientale. Lesquels ont doté le chef-lieu d’une architecture néo-classique et d’équipements culturels : un hôtel de ville monumental, un corso, un théâtre Apollon inspiré de la Scala, l’église orthodoxe Saint Nicolas. La guerre passée, tout le monde prend au sérieux le nom de la ville, Ermoupoli – ville d’Hermès, divinité des businessmen – et on en fait une place de négoce d’intérêt régional élargi. Ceci donnant les moyens de cela. De gros contrats se négociaient dans les cafés de la place Miaouli. La vieille cathédrale catholique d’Ano Syros trouve alors son aspect actuel. Le résultat d’ensemble étant qu’aujourd’hui Syros est une île plaisante toute l’année. La belle saison est ce qu’elle est partout dans les Cyclades, chaude, balnéaire et randonneuse ; la moins belle, qui n’est jamais que parfois maussade, est celle de la vie sociale et des spectacles, écho d’une civilisation bourgeoise européenne transportée aux portes de l’Orient.   Astypalée - Dodécanèse Astypalée confirme par sa morphologie en papillon (deux ailes reliées par un isthme étranglé) sa situation à la charnière du Dodécanèse et des Cyclades. Le paysage brun-roux ferait un peu paillasson si n’éclatait dessus le blanc des villages. Mais le paillasson ne marque-t-il pas justement un seuil ? Au sud de cette île radicale, le bourg principal de Chora descend en amphithéâtre des hauteurs vers la mer. Cet harmonieux jeu de cubes immaculés, parcouru de ruelles ombreuses, est cycladique en diable. Jusqu’aux cornes que lui fait un rang de moulins, lieu de ralliement des noctambules. Une forteresse vénitienne, des Quérini, domine le tout. L’Histoire et la géographie ont imposé ce dispositif classique. Parlons plages. Elles sont petites et volontiers graveleuses. Elles sont aussi délicieuses. Au sud, Agios Konstantinos, Vatses, Livadi, Kaminakia. Au centre, Steno, Maltezana, Psili Ammos. Au nord, Vathi. On les rejoint d’ordinaire par la route, puis un bout de chemin de terre. À ce propos, Astypalée est un laboratoire de mobilité verte. Peu ou plus de moteurs atmosphériques : électrique et digital général. Deux-roues et deux taxis, qui suffisent à véhiculer partout où vont chaussées et pistes. Les bateaux prennent le relais quand c’est nécessaire. Pour aller au large sur les étendues désertes de Koutsomitis ou Kounoupa, par exemple. Astypalée est altruiste, elle ne garde pas toute la crème solaire pour elle. C’est une île attachante, où l’accueil n’est pas feint. On y veille à traiter bien les voyageurs. Par de bonnes assiettes notamment. Des eaux encore poissonneuses fournissent aux cuisines une substance méditerranéenne authentique. Que l’on accommode d’un bouquet d’épices où entrent safran sauvage, sauge, thym, etc. Tous les villages ont leur auberge qui, servant jour après jour les gens du coin (ceux souvent qui ont fourni la rascasse), ne peut pas tricher.   Patmos - Dodécanèse Ce n’est certes pas n’importe quelle île. Pas le tout-venant égéen. Jean l’Évangéliste a écrit à Patmos son Apocalypse. L’une des sources vives du christianisme. C’est aussi une Greek island d’aujourd’hui, agréablement vallonnée, relevée de parfums vifs, au littoral chantourné, ponctué de jolies plages. Autour, le bleu incomparable de la Méditerranée orientale. Avec ça, pas de touristes. Ou peu. Des pèlerins, qui vont à la grotte de la Vision, et des esthètes pas pressés, qui donnent à cette terre tout son prix. Est-ce suggérer que l’atmosphère serait un brin compassée et raplapla ? Bien-pensante en un mot. Non point, on vit ici autant qu’ailleurs. On cultive les plaisirs avec le même entrain. Cependant, on a l’espace libre et une durée dont l’élasticité fait le charme. Pourtant, soyons francs, Patmos n’est pas le paradis des clubbers. On vient ici pour le quant-à-soi un peu alternatif d’une île préservée et paisible. Le souvenir de l’apôtre Jean en a donc fait un lieu de pèlerinage important. La fameuse cavité est aménagée en chapelle (entourée d’oratoires). L’imposant couvent fortifié Saint Jean le Théologien – dédale de cours et d’édifices dans lesquels la richesse chromatique des fresques éblouit ; qu’un millénaire de liturgie a imprégné de pneuma mystique – a été fondé au XIe siècle. L’une et l’autre sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Sous le monastère, qui en domine le fracas blanc de toute sa masse grise, on se balade dans Patmos City, le plus bel ensemble médiéval de Grèce. On se promène aussi dans le port de Skala, où sont de nombreuses demeures de période ottomane. Et puis, après le dévoilement eschatologique, le maillot et le paréo reprennent leurs droits : au nord, c’est à Lampi aux galets multicolores ; au nord-est, à Livadi Gernou ; au sud, à Psili Ammos. Et si la colombe de l’Esprit Saint niche dans les églises, canards, cygnes, hérons en grand nombre peuplent les zones humides protégées autour de Grikos et Petra Beach. Joaquin / Adobe Stock   Kastelorizo - Dodécanèse Cette île de 9 km² semble se glisser discrètement sous la masse de l’Anatolie. À vingt minutes de caïque de Kas, en Lycie, Kastelorizo – que l’on appelle aussi Megisti – est le lieu habité grec le plus oriental. Un petit port naturel admirable, en forme de fer de hache. Et un unique bourg, que le style néoclassique, les tuiles roses et des crépis pastel rendent spécialement harmonieux. Carte postale potentielle, s’il se justifiait d’en tirer. Car les voyageurs ne se bousculent pas sur le quai. Oubli peut-être ? Pas complètement. Quelques artistes et créateurs de renom y ont ici un refuge et une activité qu’ils veulent discrète, afin que celle-ci n’attire pas trop l’attention sur celui-là. Il faut concéder que Kastelorizo rendrait un peu égoïste. Il y a des endroits qu’on aime fréquenter seul ou, du moins, car les choses se partagent toujours, entre gens de discernement. En premier venu. D’ailleurs, il n’y a pas de plage. On plonge des rochers. Ou d’un bateau. On nage. De concert avec une tortue parfois. C’est archaïque et revigorant. Disons, pas de plage à proprement parler, car les larges tables de marbre de Plakes, inclinées doucement vers la mer, comptent pour. Le bain de marbre, c’est assez Kastelorizo. On peut aussi emprunter un bateau-taxi pour trouver sur les îlots la plus parfaite solitude. La Blue Grotto, grotte marine et phénomène optique, stupéfie. On doit aussi se faire conduire au monastère Saint Georges par le taxi de l’île (qui se trouve sans peine). Tout de même, le vivre et le couvert sont assurés : quelques hôtels et maisons d’hôtes pleines de charme laidback et d’élégance ; et des tables au diapason.   Nisyros - Dodécanèse Pendant les jours d’été, les bateaux de Kos débarquent ici leurs passagers pour une excursion au cratère Stephanos du volcan. Dont les abords se trouvent un peu envahis de bonnes gens et de téléphones portables. Voilà une, parmi d’autres, bonne raison de séjourner sur Nisyros. Après quatre heures de l’après-midi, on a le paysage lunaire, les marmites de boue et les fumeroles du benjamin des volcans de l’Égée pour soi. Et on profite en solitaire des odeurs de souffre. L’intimité des enfers. Étonnante cette Nisyros d’entre Rhodes et Kos. Variée, avec de vertes collines, des plages de sable noir et des amas de pierre ponce, son volcanisme aux aguets. Ce dernier entretenant un thermalisme primitif, qui se pratique, à prix dérisoires, dans des grottes naturelles, que signalent de sommaires panneaux Volcanic Geothermal Pool. Bel exemple de plage noire, Pachia Ammos, sur la côte est. À travers les collines, on randonne. Pour se donner des points de vue et rallier des villages exemplaires qui ressuscitent sous l’impulsion de continentaux enthousiastes. Car, si Nisyros ne bénéficie pas de la publicité des agences, le bouche à oreille auprès des amateurs de naturel égéen fonctionne. Le chef-lieu, Mandraki, se trouve au nord-ouest. Port de poche, blanc sur la roche sombre, que domine une fort construit au XIVe siècle par les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Le monastère qui y est accolé possède une icône miraculeuse de la Vierge, patronne de l’île. Plus haut encore, ce sont les vestiges antiques du Paleokastro. Dans les auberges, on mange des boulettes de pois chiche, du cochon confit, du ragoût de chèvre. Et on boit de l’alcool de romarin. Il fait bon vivre à Nisyros. Milangonda / Adobe Stock   Par EMMANUEL BOUTAN   Photographie de couverture : Pablo / Adobe Stock

Le Grand Musée Égyptien, le nouveau trésor du Caire

Le Grand Musée Égyptien a ouvert partiellement ouvert ses portes en octobre 2024 et son ouverture officielle est prévue pour juillet 2025. Un évènement attendu, qui marque un tournant dans l’exposition du patrimoine culturel égyptien et fait entrer l’égyptologie dans la modernité. Initialement prévue pour 2021, l’ouverture du Grand Musée Égyptien (GEM) a été maintes fois repoussée, et les pouvoirs publics égyptiens ont finalement opté pour une ouverture par étapes progressives. Octobre 2024 marque une étape cruciale, qui permet aux visiteurs d’accéder à 80 % des collections. L’ouverture officielle et totale, elle, devrait avoir lieu en juillet 2025. Édifié face aux pyramides de Gizeh, le plus grand musée archéologique du monde dédié à une seule civilisation rivalise avec le Louvre, le British Museum ou le Metropolitan de New York. Le musée abrite une collection hors du commun, qui rassemble des objets précieux provenant de toutes les périodes de l'histoire égyptienne. Ses galeries sont organisées selon trois thèmes principaux – la société, le pouvoir et les croyances – dans un parcours qui permet aussi une découverte chronologique des différentes périodes de l'histoire égyptienne, de l'Ancien Empire à l'ère gréco-romaine.   Le Grand Musée Égyptien, un chantier pharaonique Le chantier du Grand Musée Égyptien s’inscrit dans une histoire ambitieuse qui débute à la fin des années 1990. Le musée historique de la place Tahrir, édifié en 1902, institution qui porte l’empreinte de l’École française et d’Auguste Mariette, est devenu trop exigu et vétuste pour accueillir et conserver les merveilles de l’Égypte antique. Le gouvernement égyptien lance un appel d’offres international pour la conception d’un musée digne de l'héritage millénaire du pays. Le projet du studio irlandais Heneghan Peng Architects est retenu parmi plus de 1500 propositions, avec la participation de certains des plus grands cabinets d’architectes au monde. Les travaux de construction commencent en 2006. La première étape est consacrée au déblaiement du site, à proximité des pyramides de Gizeh. Mais le projet subit rapidement des retards, causés par la crise économique de 2008. En 2011, la révolution égyptienne et l’instabilité politique qui s’ensuit mettent le projet en suspens pendant plusieurs années. Le chantier est relancé en 2014, mais à nouveau contrarié en 2020 par la pandémie de Covid-19, alors qu’il approche de son achèvement. Les travaux se clôturent finalement en 2023. Le chantier du nouveau Grand Musée Égyptien aura nécessité deux décennies – autant de temps que celui de la pyramide de Khéops ! L'implication des équipes de restauration a été un élément clé de cette renaissance. Depuis 2015, des milliers d’artefacts ont été transférés depuis différents sites archéologiques et musées, parfois dans des conditions logistiques extrêmes. En 2018, le transfert de la statue monumentale de Ramsès II (mesurant 11 mètres et pesant plus de 80 tonnes), qui accueille désormais le visiteur dans l’atrium du Grand Musée, est emblématique des prouesses techniques accomplies au cours du chantier. Gehad Hamdy/dpa via ZUMA Press   Un chef d’œuvre architectural Le nouvel édifice est un chef d'œuvre architectural. Il mêle des éléments contemporains avec des références à l'architecture traditionnelle égyptienne, sur une superficie de 45 000 mètres carrés – soit deux fois la superficie du Louvre. Le motif des pyramides est omniprésent sur les façades de l’édifice, décliné en panneaux d’albâtre. Les matériaux locaux, et notamment le calcaire, ont été privilégiés pour répondre à l'esthétique des monuments antiques. Une série de jardins, plantés sur douze hectares, produisent un microclimat favorable. À peine le seuil franchi, le visiteur est saisi par la majesté du colosse de Ramsès II qui trône au centre de l’atrium. À sa gauche, l’escalier monumental de 108 marches se déploie sur 6500 mètres carrés, jonché de statues de dieux et de pharaons – ces seuls artefacts pourraient constituer la collection d’un musée de premier ordre. L’escalier aboutit à une baie vitrée monumentale qui s’ouvre sur les jardins et le plateau de Gizeh, dans un panorama à couper le souffle sur les trois grandes pyramides, Khéops, Khephren et Mykérinos. Gehad Hamdy/dpa via ZUMA Press   Une ambition internationale Le Grand Musée Égyptien a également pour vocation de devenir un centre de recherche et de conservation d'envergure internationale. Ses 17 laboratoires ultramodernes, dotés d’équipements de pointe, sont dédiés à l'étude, la restauration et la préservation des artefacts historiques. En collaborant avec des institutions et musées du monde entier, le musée contribue à enrichir la compréhension globale de l'histoire égyptienne.   Le trésor de Toutankhamon Chacune des douze galeries d’ores et déjà ouvertes présente plus de 15 000 artefacts. Leur muséographie a été brillamment orchestrée pour permettre deux parcours : un premier, chronologique, qui suit l’ordre des dynasties, et un second, thématique, qui organise la visite par thème (croyances, pouvoir, société). Libre à chacun des visiteurs de préférer l’approche chronologique ou thématique, voire de croiser les deux. Parmi les pièces les plus attendues, la collection de Toutankhamon sera prochainement présentée au public. La découverte du trésor de Toutankhamon, en 1922, demeure l’une des plus importantes découvertes archéologiques de tous les temps. Après plusieurs années de recherches infructueuses, l’archéologue britannique Howard Carter et son mécène Lord Carnarvon mettent au jour dans la Vallée des Rois une tombe inviolée – évènement rare dans une région où de nombreuses sépultures ont été pillées. Lorsque l’équipe ouvre la sépulture, c’est la stupéfaction : les salles sont remplies d’objets somptueux, statues, chars funéraires, coffres, vases en albâtre... Mais le véritable chef d’œuvre est découvert dans la chambre funéraire : le sarcophage contenant la célèbre momie du jeune roi, inhumé dans des cercueils imbriqués, dont l’un est en or massif. Cette découverte a captivé l’imaginaire collectif et déclenché une vague d’Égyptomanie sur toute la planète. Le trésor de Toutankhamon constitue aujourd’hui l’une des pièces maîtresses du Grand Musée Égyptien. Le déplacement de ce trésor vers la nouvelle institution donne lieu à un travail de restauration et d’analyse inédit – gageons qu’il dévoilera de nouveaux savoirs sur ces trésors antiques ! Gehad Hamdy/dpa via ZUMA Press   Par MARION OSMONT   Photographie de couverture : Gehad Hamdy/dpa via ZUMA Press

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Elle fut au cœur des années 90 l’une des villes les plus dangereuses du monde. Elle est désormais l’une des métropoles les plus cools d’Amérique Latine.

24h à Panama City

Panama City ne se résume pas à son célèbre canal. En vingt-quatre heures, la capitale panaméenne déroule un kaléidoscope enivrant de contrastes : coloniale et futuriste,

Japon

Conseils pratiques, témoignages et inspirations pour bien préparer son voyage

Le meilleur de la cuisine japonaise

Le meilleur de la cuisine japonaise

Entre respect des produits et saisonnalité, la cuisine japonaise se savoure avec les cinq sens et promet à elle seule un dépaysement. Si le washoku, la tradition culinaire japonaise,

Le Kumano Kodo : plongée dans le Japon immémorial

Le Kumano Kodo : plongée dans le Japon immémorial

Forêts abyssales, esprits malicieux, temples enfumés et onsen brûlants: les chemins de pèlerinage de Wakayama nettoient l'âme et purifient la chair.   Cheveux teints,

Visiter la mer intérieure de Seto : pour une odyssée insulaire et artistique

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On les nomme "les îles de la mer du milieu", îles aux trésors, peuplées d'œuvres d'art et d'habitants heureux. Un pari fou et une odyssée singulière menée par un honorable mécène avec,

Visiter Kyushu : et aller à la rencontre de maîtres artisans

Visiter Kyushu : et aller à la rencontre de maîtres artisans

Près du tropique du Cancer, la chaleur règne et les volcans frémissent. Pêcheurs de calamars et maîtres artisans cultivent leurs traditions au cœur d'un Japon tranquille et rural.

Visiter Okinawa : un éden tropical inattendu

Visiter Okinawa : un éden tropical inattendu

Semées entre la pointe sud de Kyushu et Taïwan, les îles d'Okinawa montrent un Japon totalement inattendu. Un éden subtropical serti de récifs coralliens,

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Idées voyage

Conseils pratiques, témoignages et inspirations pour bien préparer son voyage

Où partir en 2026 ?

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Si la plupart des pays du monde ont déjà attiré l’attention des voyageurs, certains petits bouts de territoires sont miraculeusement restés sous les radars touristiques.

Corse vs Sardaigne : le match en 5 rounds

Corse vs Sardaigne : le match en 5 rounds

Elles se font face, à quelques encablures de ferry, séparées par le détroit de Bonifacio, comme deux sœurs fières et insoumises. L’une parle son français, l’autre chante son italien.

Les plus beaux paysages du Cap-Vert

Les plus beaux paysages du Cap-Vert

Pour évoquer un lieu, il faut d’abord en planter le décor. Les vieilles pierres du Cap-Vert racontent une histoire coloniale qui inspire la saudade de village en village.

Pour les fêtes, on célèbre le contre-courant !

Pour les fêtes, on célèbre le contre-courant !

De l’immensité du Sahara algérien aux paysages illimités de la Patagonie argentine, des lumières de Séoul aux rooftops de Dakar, nous vous livrons une sélection

Les plus beaux paysages du Nicaragua

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Entre Pacifique et Atlantique, le Nicaragua est un pays de lacs et de volcans. On aime randonner sur ses îles volcaniques et au cœur de la forêt humide,

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En éclaireur avisé, le Journal Voyageurs partage à travers divers reportages, rencontres, dossiers, ses inspirations, nouvelles adresses et coups de cœur. Culture, lifestyle, gastronomie, design, architecture sont abordés via des angles inattendus, en prise avec l’époque, et un parti pris visuel fort. Une invitation irrésistible à humer l’air du temps, d’aujourd’hui et de demain.

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