Iles Féroé

Féroé : quelle île choisir ?

Féroé : quelle île choisir ?

C’est l’un des secrets les mieux gardés d’Europe. Avec leur nature âpre et sauvage, leurs paysages à couper le souffle et leurs falaises verdoyantes dégringolant à pic dans la mer, les îles Féroé regorgent de trésors méconnus. En plein cœur de l’Atlantique Nord, à mi-chemin entre l’Écosse et l’Islande, l’archipel aux moutons multiplie les randonnées vertigineuses et les villages pittoresques à découvrir. 18 îles battues par les vents et autant de possibilités (ou presque) de voyager aux Féroé. Mais alors, quelle(s) île(s) choisir ?

 

Mykines, l'île aux oiseaux

S’il n’était qu’un paradis pour amateurs d’ornithologie, ce serait peut-être bien celui-ci. À la pointe occidentale de l’archipel, tout à l’ouest de l’Europe, voici Mykines : à peine plus de 100 habitants mais des centaines de milliers d’oiseaux. On aborde ce bout du monde après une spectaculaire traversée de 40 minutes en bateau depuis le village de Sørvágur (sur l’île de Vágar) – gare au mal de mer ! Mais le trajet, qui longe les îlots vierges de Tindhólmur et Gáshólmur, vaut le détour. Le visiteur est accueilli dans ce sanctuaire pour oiseaux marins par les piaillements des couples de fous de bassan, de fulmars boréals et d’océanites tempêtes qui y nichent. Les falaises, qui chutent de manière théâtrale dans l’océan déchainé, servent de refuge aux petits pingouins et aux guillemots de Troil. Mais les stars du lieu, ce sont les macareux moines. Ces adorables oiseaux au bec rouge et à l’allure si expressive ont établi leur terrier sur les plaines vertes qui surplombent les flots.

Lynn Fae/Unsplash

 

Vágar, l’île des randonnées

Pour les visiteurs, Vágar est la porte d’entrée des Féroé. Cette île à l’ouest de l’archipel – dont la forme rappelle étrangement la tête d’un chien – accueille le seul aéroport international de l'archipel. À quelques kilomètres à peine de la piste d’atterrissage, le village de Gásadalur est l’un des plus pittoresques de l’archipel. Ce minuscule bourg situé dans une vallée encastrée entre les plus hautes montagnes des Féroé resta longtemps inaccessible. Jusqu’en 2003, il était impossible de le rejoindre en voiture et le facteur devait traverser les montagnes à pied pour apporter le courrier ! Aujourd’hui moins reclus, Gásadalur a toujours des airs de bout du monde. C’est depuis le village aux jolies maisons au toit en gazon que l’on accède à l’un des sites les plus spectaculaires de l’archipel. Après une petite randonnée, la cascade de Múlafossur chute abruptement dans l’océan Atlantique et indique le bout du chemin. C’est également sur l’île de Vágar que se dévoile un autre paysage iconique. Depuis le village de Midvgur, on longe le lac Leitisvan quand tout d’un coup, surprise ! Une falaise haute de 30 mètres tombe perpendiculairement dans la mer. On a alors la sensation étrange que le lac d’eau douce flotte au-dessus des flots salés.

Emil Rahr

 

Streymoy, l’île capitale

Avec ses 20 000 habitants, Tórshavn n’est qu’une petite ville, mais elle fait figure de mégalopole à l’échelle féroïenne. La capitale des îles aux moutons (la signification de Féroé en vieux norrois) protège un riche patrimoine historique ainsi qu’une vie culturelle foisonnante pour une ville de sa dimension. On débute notre balade par Tinganes, une petite péninsule rocheuse qui abrite le siège du gouvernement dans une jolie bâtisse en bois rouge. C’est sur ce promontoire que bat depuis plus d’un millénaire le cœur de la vie politique de l’archipel. C’est notamment ici qu’en 825, les Vikings établirent l’un des plus vieux parlements au monde. En flânant dans les petites ruelles de Tinganes, entre les maisons en bois rouge au toit de gazon, on a la sensation d’effectuer un délicieux voyage dans le temps. Mais Tórshavn sait aussi se montrer plus contemporaine. Au Café Hvonn ou au Mikkeller, une foule jeune et branchée vient se délecter de bières artisanales et profiter de la vibrante scène musicale de la ville. Le week-end, les fêtes légendaires du Sirkus durent même jusqu’au petit matin dans l’étonnante ambiance hawaïenne du bar. Quant à la scène gastronomique de la ville, elle n’est pas en reste. Depuis quelques années, les chefs locaux se sont mis à cuisiner les bijoux du terroir local. Aarstova propose un agneau extraordinaire, Barbara sert de magnifiques langoustines. Mais l’établissement le plus remarquable de la ville s’appelle Raest. Ce restaurant met à l’honneur la fermentation, qui fut longtemps un moyen de survie pendant les longs mois d’hiver. Aujourd’hui, la viande de mouton et le poisson fermentés sont devenus la signature gastronomique des Féroé. Ils sont ici servis avec délicatesse et originalité.

Droits Réservés

 

Eysturoy, l’île musicale

Terre de légendes et de sagas vikings, les îles Féroé sont aussi un pays de musiciens. La scène locale dynamique compte des artistes talentueux dont beaucoup viennent d’Eysturoy. Cette île connectée à l’île principale de Streymoy par un pont et un tunnel sous-marin est le berceau de la chanteuse Eivør. Les ballades de la reine de la musique féroïenne qui mêlent folklore local, rock et jazz sont comme une plongée dans l’âme de l’archipel. C’est ici aussi que se déroule chaque été un enthousiasmant festival de musique. Sur une petite plage cerclée de falaises du village de Gøta, près de 5000 personnes viennent danser et découvrir des artistes lors du G ! Festival ; un évènement décrit par le magazine Wired comme « authentique et bizarre. Presque secret mais pourtant accueillant et ouvert comme les îles Féroé. Un festival sauvage que vous ne pouvez pas manquer ». Mais Eysturoy a d’autres atouts que la musique. À la pointe nord de l’île, le village de Gjógv possède l’une des plus belles baies des Féroé. Niché au fond d’une étroite gorge qui rentre dans le village sur plus de 200 mètres, l’endroit se prête à une chouette randonnée.

Jérôme Galland

 

Suduroy, l’accent du sud

Suduroy est l’île la plus méridionale de l’archipel appartenant au Danemark. On y accède en ferry après deux heures de mer, au départ de la capitale Tórshavn. Isolée du reste des Féroé, Suduroy se mérite, mais c’est l’endroit parfait pour faire de la randonnée sportive. Le trail escarpé qui mène au sommet de Gluggarnir, le point culminant de l’île à 610 mètres d’altitude, dévoile des vues panoramiques extraordinaires. Faire le tour de l’île en voiture vaut aussi le détour tant les routes qui serpentent le long des falaises et traversent les montagnes offrent elles-aussi des vues spectaculaires. Au détour du chemin, on s’arrête sur la plage de sable à Sandvík pour une baignade dans une eau à 8°C, on s’octroie une pause déjeuner avec vue sur le fjord à Tvøroyri pour goûter à l’hospitalité féroïenne au Café MorMor et on finit par saluer les moutons dans le petit village de Fámjin.

Jérôme Galland

 

Kalsoy, l’île de James Bond

Avec ses paysages aussi superbes qu’intimidants, ses terrifiantes falaises qui chutent dans un océan déchaîné, Kalsoy avait tout pour servir de repaire à un méchant de la saga James Bond. C’est donc en toute logique que Lyutsifer Safin, le rival de 007, y a installé son camp de base. Dans le film No Time to Die, l’île est même le théâtre de l’affrontement final entre James Bond et le diabolique Russe. Pour suivre les pas du célèbre agent britannique, il suffit de prendre le ferry depuis Klaksvík sur l’île de Bordoy. Une fois sur place, il est indispensable d’entreprendre la randonnée vertigineuse qui mène jusqu’au phare de Kallur. De là-haut, la vue sur les îles d’Eysturoy et Streymoy est tout simplement magique. Plus bas, le café Edge, dans le village de Mikladalur, est l’endroit tout trouvé pour se remettre de ses émotions. Avec un dry martini.

Wirestock Creators/Adobe Stock

 

Par

ARTHUR JEANNE

 

Photographie de couverture : Marc Zimmer/Unsplash