Maroc

De Tanger à Oualida

De Tanger à Oualida

Elle s’étire sur plus de deux mille kilomètres. De Tanger, trait d’union avec la Méditerranée, à Dakhla, perle cachée sur les bords du Sahara occidental, la côte atlantique du Maroc invite à un voyage de citadelles en plages perdues. Errance en deux actes.

 

La voix de Nabyla Maan rebondit sur les pentes du Djébel Dersa. Elle glisse entre les façades arabo-andalouses des médinas, embrasse fondouks et zaouïas avant de s’échapper vers la Méditerranée, emportant avec elle de nombreux rêves, vers Gibraltar, vers l’Andalousie, vers l’Europe. Ironie du sort, nous regardons à l’opposé. Vers le Maroc, vers Tanger d’abord, capitale du nord en plein essor, qui a travers la poésie de son existence tournée vers la mer, avait déjà séduit Eugène Delacroix, Jean Genet et Tennessee Williams. La pointe du Cap Spartel rappelle qu'ici, Hercule a séparé L’Afrique de l’Europe. Nous constatons son œuvre colossale dans les grottes et  au pied des falaises chahutées par les vagues avant de s’en aller, revigoré, taper la balle sur le green du Royal Golf Club. Le chergui a beau souffler encore les parfums de Méditerranée, nous basculons définitivement vers l’Atlantique, dans « un espace limpide où le bleu et le vert se rencontrent sans faire de bruit » écrit Tahar Ben Jelloun. Embarquement à l’hôtel Le Mirage. Véritable navire flottant au-dessus de l’océan, dans lequel d’illustres capitaines ont jeté l’ancre parmi lesquels Kofi Annan, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Pedro Almodovar et Leonardo Di Caprio… drôle de croisière mais épilogue ici sans conséquence. 

 

Asilah

Cap sur Asilah, 45 kilomètres au sud de Tanger. Chaque été cette médina blanche et bleue offre ses murs à un grand festival artistique qui a fait sa renommée. Pourtant c’est aussi pour sa douceur de vivre que les hirondelles voyageuses s’y posent au printemps et à l’automne. Lorsque les rouleaux grondent sous les crénelures de la Krikia, couvrant l’absence de véhicules à moteur, on déambule alors tranquillement d’un atelier à l’autre, aux abords du palais Raïssouli et entre les zelliges bleus de son salon. On se perd volontiers de derbs en impasses, pour atterrir au petit cimetière marin. Néanmoins, l’ultime demeure la plus appréciée des homards bleus et des ormeaux reste l’assiette des paillotes sur les grandes anses blondes de Ramila, Briech et M’gaits.

Bord de mer à Asilah au Maroc

Chris Griffiths/REDUX-REA

 

Casablanca

Casablanca, contraste saisissant. Bruyant, moderne, cosmopolite, embouteillé : le pôle économique du royaume à de quoi impressionner. Pourtant, accompagné d’un Casablancais, architecte de l’association Casamémoire, on découvre le cœur Art déco de cette grande dame des années vingt et sa médina préservée du tourisme. Plus tard, à la lueur rouge d’un club de jazz on se laissera happer par la nuit pour finir au petit jour sur la corniche. L’appel du large nous entraîne vers Azemmour et jusqu’à l’embouchure de l’Oum Errabiaa. Une vingtaine de kilomètres plus au sud, l’histoire d’ocre et de sel se répète sur les remparts d’El Jadida. L’ancien comptoir nous conte l’époque espagnole lors d’une nuit dans une église du XVIe habilement restaurée. Puis la route reprend le fil de l’océan jusqu’à Oualidia, « bassin d’Arcachon des Casablancais ». Bourriches d’huîtres et petit blanc en terrasse de l’Araignée gourmande à l’appui. Enfin, l’effet pétales de roses du Spa de la Sultana se prolonge sous la voûte céleste puis celle faite de lauriers roses et pierre de coquillages de la chambre, pour une nuit bercée au flux des marées.

deux femmes à Casablanca

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