Portugal

Açores, un Portugal d'outre mer

Açores, un Portugal d'outre mer

Quelquefois si douces, d’autres fois si dures… Entre les coulées de lave, les lacs paisibles, les rivières d’hortensias et les adorables villages de baleiniers, les Açores sont inclassables. Si éloignées de leur pays, à 1 815 kilomètres du Portugal, qu’elles ne rentrent même pas dans la carte. Un archipel charismatique au parfum d’ailleurs.

 

Jules Verne prétendait que les Açores étaient la partie émergée de l’Atlantide ; d’autres n’en connaissent que l’anticyclone ; les marins les situent sur l’atlas intime des étapes réparatrices, languissant de les voir apparaître sur leur route transatlantique… Dispersées le long d’une bande de près de 600 kilomètres de long, ces îles qui marquent  la frontière occidentale de l’Europe, derniers cailloux avant le Canada, nourrissent bien des légendes. Depuis les premiers colons débarqués au XVe siècle, Juifs, Maures, Flamands, Génois, Anglais, Français et esclaves africains n’ont fait que passer, affrontant tour à tour éruptions volcaniques et tremblements de terre, invasions de pirates, guerres politiques et maladies infectieuses. Un parcours épique qui a forgé un peuple de résistance et de tempérament. Cette bravoure endémique a nourri l’épopée baleinière, voyant les hommes se lancer dans de frêles embarcations de bois pour affronter, sur un océan versatile, les gigantesques cachalots. Aujourd’hui, les baleines sont là en touristes, se laissant volontiers observer au bout des longues vues et au cours des sorties en mer qui ravissent les visiteurs. Comme les Açoriens, elles sont d’un naturel aimable.

Bateau aux Açores

Michael Amme/LAIF-REA

 

De la terre à la lune

 

 Aux Açores, la civilisation n’a pas dompté la nature. Sur l’archipel au tempérament volcanique, une énergie incroyable sourd de paysages barbouillés de couleurs. Le brun profond des caldeiras, le vert chlorophylle de la végétation, le noir de la pierre de lave, le bleu changeant de l'océan, les taches mauves des hortensias composent une palette qui miroite sous une lumière toujours en mouvement. Un volcan comme un phare au milieu de l’Atlantique, écrivait Chateaubriand.

Homme dans un bateau

Andre Schumacher/laif-REA

A Pico, le cratère culmine à 2 351 mètres au-dessus de la mer tandis qu’à ses pieds les vagues se fracassent contre les rochers, abandonnant des piscines naturelles où l’on se baigne en narguant l’océan. Lajes do Pico, ce port typique d’où les hommes partaient à la pêche à la baleine porte encore dans ses gênes et dans son petit musée tous les stigmates de cette époque épique. 

São Miguel est la plus grande île mais aussi la plus exubérante. Ses geysers bouillonnants sont canalisés dans des stations thermales où l’on se vautre dans des bains de boue et des piscines d’eau volcanique, au cœur d’un foisonnement de plantes exotiques. Au retour d’une balade autour des lacs aux eaux bleu nuit suspendus entre ciel et mer, on se régale d’un cozido de fumas, le pot-au-feu local qui bouillonne pendant des heures dans les fours naturels creusés dans la roche.

Falaises et plages de San Miguel

Andreas Hub/LAIF-REA

São Jorge, la sauvage, est à la démesure de l’océan. Des à-pics vertigineux, des vestiges de forêts préhistoriques, des couchers de soleil dantesques : sous sa lumière mystérieuse, la petite île est une belle farouche. 

Faial, la coquette île bleue, est un mélange de paysages lunaires, de petits ports adorables et de routes bordées d’hortensias. Tous les marins du monde ont un jour laissé un dessin sur la pierre de lave de la marina d’Horta et ergoté sur la météo au Peter‘s Café qui a vu défiler l’élite des loups de mer.

Terceira s’amuse tout l’été de courses de taureaux. L’ancienne escale des galions espagnols qui croulaient sous la soie, les épices et l’or, aligne son patchwork de champs verdoyants, ses grottes naturelles, ses petites chapelles multicolores, ses églises dégoulinantes de dorures et ses maisons seigneuriales.

Avec ses cousines de Madère, des Canaries et du Cap Vert, les Açores appartiennent à la Macaronésie, ce qui signifie en grec anciens « Îles fortunées ». Nul terme ne saurait mieux les définir, sachant que leur plus grande richesse est celle du cœur. En passant d’une île à l’autre, on pourrait se croire ici en Islande, là en Nouvelle-Zélande, aux Caraïbes ou en Irlande, mais partout règne la même hospitalité paisible. Les Portugais d’Outre-Mer ont la saudade souriante.

 

Photographie de couverture : Alvarez & Riziky