Italie

Radio Voyageurs : 100% Italie

Radio Voyageurs : 100% Italie

Avec Cristina Piovani, fondatrice du festival de culture et de littérature Italissimo, Basilio Simoes, directeur Europe du Sud chez Voyageurs du Monde, Michel-Yves Labbé, fondateur de Départ Demain et Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde.

 

Les villes “coup de coeur” des invités 

“Il ne suffirait pas d’une vie pour découvrir tous les trésors de l’Italie”, démarre Valérie Expert avant d’interroger ses invités sur leurs villes préférées. Rome arrive en tête pour Cristina Piovani et Jean-François Rial qui avoue aussi “avoir un pincement pour Palerme” et adorer Venise, la destination numéro un des clients de Voyageurs du Monde. “C’est une ville qui fonctionne toute l’année, et ce qui est intéressant à Venise, cest quon peut avoir un couple damoureux, des grands-parents qui emmènent leurs petits enfants, cest très varié”, explique Basilio Simoes, surenchéri par Michel-Yves Labbé dont c’est la ville préférée. Il évoque la biennale qui a lieu cette année et qui, “loin d’être classique, est une découverte à chaque fois”. Cristina enchaîne sur la beauté de l’Arsenale que Jean-François Rial trouve aussi magnifique. Subjugué par la ville, il avoue s’y rendre tous les ans et y découvrir chaque fois quelque chose de nouveau : “je change d’île pour dormir. L’été, on peut passer des supers moments au Lido, à chaque voyage, je découvre des ruelles différentes, des nouveaux restaurants…”

Puis, l’engouement des invités de Valérie Expert se porte sur Naples que Basilio Simoes qualifie de “vraie Italie”, avec de “vrais Italiens au coeur de la ville”. Jean-François Rial raconte un souvenir d’ambiance extraordinaire de la ville : “Je me suis retrouvé à Naples lors d’une demi-finale de coupe du monde de football avec lArgentine et Maradona qui jouait… C’était exceptionnel !”. Pour Valérie Expert, “c’est une ville magique qui permet à l’Italie de rayonner”.

Mais il n’y a pas que Rome, Venise ou Naples. “En été, les Français préfèrent la Sicile, ils aiment bien le côté visites, culture et balnéaire”, révèle Basilio Simoes. “Il y a des villages et des sites merveilleux partout, des styles très différents”, ajoute Jean-François Rial. Basilio Simoes dévoile un autre atout : “C’est aussi une destination qui s’adapte au budget de chacun, de l’agrotourisme à l’hôtellerie très haut de gamme. Tous les ans, on sélectionne de plus en plus d’hébergements de charme, on met en place des visites originales comme cette année à Noto, dans la Sicile baroque et sur les traces de l’Inspecteur Montalbano, une série policière sicilienne”.

Noto

Basilio Simoes mentionne aussi d’autres destinations classiques telles que la Toscane, les villes d’art mais aussi des endroits moins visités comme l’Ombrie, les Pouilles, la Calabre, la Sardaigne, Gênes et la région des Cinque Terre, ou encore Turin.

 

Une Italie hors des sentiers battus 

A propos de destinations moins connues, les invités de Valérie Expert dévoilent leurs secrets. Au-delà de la campagne toscane magnifique, Cristina Piovani conseille la découverte de la côte et du parc naturel de la Maremme. “C’est la Camargue italienne, ajoute Michel-Yves Labbé, avec ses gardians. Il y a la pointe de l’Argentario, avec Punta Ala, le Saint-Tropez italien. Les Français y vont peu”.Il entraîne ensuite les auditeurs vers la Valley of Motors à côté de Modène. “Là, on a les usines Ferrari, Lamborghini, Ducati, on a des musées automobiles, des collections particulières sur un rayon de 80 km, cest une visite formidable qui raconte lhistoire des sports mécaniques, un superbe voyage thématique”. A propos de thèmes, Basilio Simoes parle d’un séjour autour de la gastronomie que Voyageurs du Monde vient de lancer, “une balade gourmande sur Modène, Bologne, Ferrare etc… Et n’oublions pas que le meilleur restaurant au monde l’année dernière était à Modène !”

Jean-François Rial, lui, conseille Anacapri, une sorte d’ “anti-Capri” : “Capri, c’est un grand classique, vous êtes en plein sentiers battus. Par contre, vous allez à Anacapri, alors là, c’est fabuleux. Vous êtes dans des maisons d’hôtes, des petits hôtels de charme, sur des pentes dans des vignes, c’est une Italie où vous avez l’impression que personne ne met les pieds”.

C’est vers des îles moins connues que la Sicile et la Sardaigne que Michel-Yves Labbé embarque ensuite les auditeurs : “Vous avez Ischia, une grande île avec plein d’établissements thermaux et à côté, la petite île fortifiée de Procida, où les Napolitains ont des maisons. C’est une île extraordinaire où on a tourné une grande partie du film Il Postino.” Jean-François Rial enchaîne sur la côte amalfitaine “qui aujourd’hui a un succès dingue, alors qu’il y a quelques années personne n’y allait.” Cristina Piovani déconseille d’y aller l’été à cause de la chaleur et du monde : “En avril ou mai, c’est l’idéal, on peut déjà s’y baigner”, “et en janvier et février, il y a les citrons, c’est magnifique”, conclut Michel-Yves Labbé.

A propos de balades à thèmes, Cristina Piovani donne l’exemple d’une découverte de Naples basée sur les romans de l’écrivain Elena Ferrante. Toujours à Naples, inspiré par le roman Porporino de Dominique Fernandez, Voyageurs du Monde a mis en place un voyage autour de la musique.

 

Une hôtellerie qui laisse à désirer 

On en arrive où le bât blesse : l’hôtellerie et le service. “Pas pro, hyper sympa”, c’est ainsi que Jean-François Rial le qualifie avant de faire rire l’auditoire en décrivant le service en France de “pas pro, pas sympa” ! Michel-Yves Labbé n’est pas d’accord. Pour lui, il y a une vraie tradition italienne de service mais il met un bémol sur l’hôtellerie où “il y a tout un tas de vieux employés là depuis des années et qui s’en foutent”. Jean-François Rial se plaint d’une hôtellerie chère et décevante : “Comment peuvent-ils faire des chambres aussi laides alors que tout le pays est beau et que les gens sont élégants”. Basilio Simoes se plaint de la difficulté dans les grands hôtels d’obtenir une réservation, comme au Cipriani à Venise qui a beaucoup déçu Valérie Expert : “J’ai trouvé l’hôtel très laid, très vieillot”.

Ceci dit, Michel-Yves observe une évolution : “Les hôtels les plus horribles, c’était à Florence et à Venise. A Florence, pour que ça bouge, il a fallu que Ferragamo ouvre des hôtels modernes, designs, intéressants. Ca a commencé à faire bouger les autres. A Venise, il a fallu qu’il arrive des grandes chaînes comme Hilton”.

Cristina Piovani conclut : “Les grands hôtels n’ont pas su se renouveler mais je vous assure qu’il existe des hôtels sublimes notamment en Toscane et en Ombrie.”

 

Des hébergements à part

Ce qui permet à Valérie Expert d’interroger ses invités sur les hôtels et les hébergements qu’ils affectionnent le plus. Basilio Simoes mentionne “de bonnes petites adresses” telles que la Ca’ Maria Adele à Venise ou l’Eremito Del Alma dans les Abruzzes, la Fiermontina à Lecce où les 11 chambres sont décorées d’oeuvres d’art… Jean-François Rial, lui, cite un grand classique, l’hôtel de Russie à Rome, qu’il qualifie d’exceptionnel. Toujours à Rome, Basilio Simoes cite la Residenza Napoleone III où un prince et une princesse louent un appartement - très rococo et très classique - chez eux ! Quant à Michel-Yves Labbé, il insiste pour défendre le Hilton Cavalieri dont une des suites a été décorée par Karl Lagerfeld.

La Fiermontina Urban Resort

Cristina Piovani entraîne les auditeurs hors des villes, à la découverte des Masserias : d’anciennes fermes agricoles transformées en plusieurs petites maisons-chambres d’hôtel autour d’une cour. Certaines continuent à avoir une activité agricole en même temps, comme la production d’huile d’olive. “D’ailleurs, souligne Basilio Simoes, l’agrotourisme se développe en Italie. C’est un secteur réactif où on comprend les clients”.

 

Rome et Venise autrement 

“Pour faire Rome hors des sentiers battus, on appelle Francesca, concierge de Voyageurs du Monde, qui est génialissime et belle comme une fleur et on lui demande, en fonction de ses intérêts, de concocter un Rome particulier”, embraye Jean-François Rial, tandis que Cristina Piovani conseille vivement de se balader dans Testaccio : “C’est mon quartier, c’est très vivant, il y a plein de restos le soir. Avant les Romains sortaient à Trastevere. Maintenant, ils vont à Testaccio”.

C’est vers une toute autre ambiance que Michel-Yves Labbé choisit d’emmener l’auditeur, celui de l’EUR, “un quartier créé de toutes pièces par Mussolini pour l’exposition universelle de 1936. Ce sont des bâtiments hyper modernes, des halls. C’est très à la mode et ça sort du baroque romain”.

Cap sur Venise et Jean-François Rial commence par un quartier “épouvantable” à éviter : celui de la gare. Puis il donne des noms d’îles où se poser : Torcello, Burano, Giudecca… “Et dormir au Grand Excelsior au Lido l’été : l’hôtel en lui-même est un voyage”.

On apprend par Basilio Simoes que Voyageurs du Monde propose une découverte exceptionnelle de Venise avec quelqu’un qui y vit : “Notre guide se promène avec nos clients pendant une matinée. Elle a un palais et un petit jardin qui donne sur le canal et finit la visite avec ses invités, dans son salon”. Michel-Yves Labbé insiste sur les contrastes entre les boutiques de marque comme Prada et des petits magasins authentiques comme celui d’une vieille dame qui vend encore des tissus de Fortuny.

Hors des sentiers battus mais avec des bottes en caoutchouc, Jean-François Rial recommande même d’aller à Venise lors de l’aqua alta - quand l’eau monte - : “On est beaucoup plus tranquille et c’est quelque chose de voir toute cette eau !” Enfin, il conclut en faisant l’éloge des restaurants vénitiens : “On y trouve une cuisine revisitée, de nouveaux restos qui ouvrent sans cesse. Il y en a pour tous les goûts”.

 

La culture italienne en Italie et ailleurs 

Des villes d’art que sont Rome et Venise, Valérie Expert passe à la culture italienne et notamment au renouveau littéraire avec les écrivains Elena Ferrante, Simonetta Greggio, Erri de Luca et promeut Italissimo, le festival de culture italienne de Cristina Piovani qui se déroule à Paris chaque année de la fin mars à début avril. “Il s’agit de montrer ce qu’est la création culturelle en Italie aujourd’hui. Nous avons eu par exemple Erri de Luca qui nous a parlé de Naples, c’était formidable. L’idée est aussi de renforcer les liens entre la France et l’Italie à travers des rencontres entre écrivains”, explique Cristina Piovani. Basilio Simoes en profite pour faire de la publicité à la Librairie Italienne, rue du Roi de Sicile, “où on trouve des livres en français et en italien et surtout, où on sait vous conseiller”.

Michel-Yves Labbé revient sur le sol italien en s’enthousiasmant pour Turin : “C’est une super ville, avec un grand musée sur l’Egypte et un musée de l’automobile, entre autres !”

 

Une cuisine simple exceptionnelle 

Mais l’Italie, c’est aussi la cuisine, une cuisine qui selon Michel-Yves Labbé “n’est jamais aussi bonne que dans des endroits simples. La cuisine française est une cuisine d’origine aristocratique. tandis que la cuisine italienne, c’est une cuisine populaire. Je n’ai jamais été ébahi par des étoilés michelin italiens mais par contre, il y a des petits restos avec des sauces tomate ou au pistou qui sont à tomber”. Jean-François Rial livre au passage un bon plan à Venise : l’Allestestiere, “un resto où il y a 6 ou 7 tables dans un quartier super. L’ambiance est géniale, la cuisine simple”. Mais il prévient : “N’y allez pas quand j’y suis !”.

Au tour de Valérie Expert de faire part d’une des ses adresses culinaires : le Dalla Marisa, “où il n’y a pas de menu et où on vous sert ce qu’il y a”.

 

La carte postale de Michel-Yves Labbé : Une brève histoire de l’aperitivo 

Plutôt que de parler d’une région, d’une ville ou d’un monument, Michel-Yves Labbé décide d’évoquer “une aimable tradition italienne : l’aperitivo”. Il raconte que pendant que les Français  faisaient la révolution, les Italiens inventaient l’apéro à Turin en 1798 : “Un signore, producteur de vins, Antonio Benedetto Carpano, eut l’idée d’ajouter de la quinquina au vin rouge: on lui doit beaucoup !”. Michel-Yves Labbé poursuit en racontant que le breuvage plut beaucoup au roi du Piémont et que l’habitude fut vite prise “de s’enfiler un petit gaudet ou deux de Carpano avant de passer à table puisque le mot aperitivo signifie : ouvrir les voies de l’estomac”.

Fier de son breuvage, Carpano le décline en blanc, doux, demi-doux, demi-sec, rajoutant de la sauge, de l’absynthe, voire des noisettes ou autres plantes aromatiques. Les Milanais, toujours jaloux de leurs voisins, emboîtent le pas un peu plus tard avec le Martini. Vers 1850, naît en Lombardie, le Campari, un vermouth dont la recette reste toujours aujourd’hui un secret d’état.

L’habitude de l’aperitivo fait le bonheur des cafetiers qui offrent, en accompagnement, des tapas locales : “puisque les voies de l’estomac sont ouvertes, autant les remplir !”, précise Michel-Yves Labbé. Pour ne pas se salir les mains, on utilisait des petits cures dents en bois. Les tapas prennent le nom de ces piques : zucchini. Michel-Yves Labbé parle ensuite du Negroni, inventé à Florence dans les années 20 par un conte aventurier du même nom : un tiers de Carpano, un tiers de Campari, un tiers de Gin, un petit peu deau minérale gazeuse, une tranche dorange, un zest de citron et quelques glaçons. “Le succès est immédiat mais florentin, donc difficilement supportable pour les Milanais. Cest là que dans les années 60, un barman facétieux du bar Basso à Milan, remplace le gin par du prosecco. Pour s’excuser, il dit qu’il s’est trompé, ce qui, en italienm se dit sbagliato. C’est ainsi que naît le Negroni Sbaliato, l’apéritif milanais par excellence. Cest divin et plus rafraichissant que son prédecesseur”. Tout en encourageant son auditoire à découvrir, cet “intermède de gaieté”, Michel-Yves Labbé signe sa carte postale en donnant les adresses des meilleurs bars où prendre un aperitivo et des zucchini : le Bar Martini et le Trussardi à Milan, le Café Torino et l’hôtel Victoria à Turin, et le Café Giacosa à Florence.