Mexique

Les plus belles chambres de la Riviera Maya

Les plus belles chambres de la Riviera Maya

Au sud de la Riviera Maya, niché entre jungle tropicale et plages caribéennes, Tulum tente de préserver son esprit bohème face à la déferlante de succès. Les chasseurs d’édens, eux, regardent déjà ailleurs. Repérage des dix meilleures adresses où poser son paréo.

 

 

Hier encore spot hippie bien gardé par une poignée de beach hobos, Tulum est devenu en une décennie le rendez-vous de la “gypset” américaine. Si ce bout du monde à six heures seulement de New York cuisine encore partiellement au feu de bois, la planète mode y défile désormais chaque hiver, suivie d’une colonie de hipsters filant en longskate, pieds nus et barbe au vent. Le long de la plage les boutiques-hôtels s’alignent, tandis que de l’autre côté de la route, retraites de yoga, spas mayas, shops boho-chic, tables et bars branchés se partagent l’orée de la forêt. Si l’atmosphère reste douce, la formule magique des débuts s’est évaporée… pour mieux renaître ailleurs.

 

 

Juste au sud, dans la biosphère de Sian Ka’an, de nouveaux cocons de luxe éclosent sous l’œil vigilant de l’Unesco. Un cordon de sable tendu entre mangrove et mer des Caraïbes accueille ainsi parmi les espèces protégées quelques voyageurs privilégiés. Poussant plus au sud, Punta Allen, à deux heures de piste, ou encore Mahahual gardent quant à eux leur âme de Robinson pur et dur. Un esprit qui trouve écho au nord de la péninsule, sur l’île d’Holbox (prononcez “Hol-boch”). Voilà quelques années que ce joyau brut aux rues de sable tournées vers la mer émeraude redonne de l’éclat à la destination. Éden retrouvé, Holbox marche sans chaussure ni voiture, en équilibre entre sa vie de pêcheur tranquille et un tourisme naissant. Un bonheur bohème à savourer sans attendre. Suivez le guide…

1

Casa Ikal

 Villa design À louer

Après 12 km de piste chaotique depuis l’arche maya marquant l’entrée de la réserve de Sian Ka’an, la voiture se cale à l’ombre d’un palmier endémique. Lever le nez pour deviner, perché sur une légère dune, un haut mur dont la couleur nacrée se confond avec celle du sable. Quitter ses sandales et grimper les escaliers, la main caressant le chukum (Tadelakt local), le pied rafraîchi par le marbre. Entrer alors dans un espace grand ouvert, aux lignes californiennes, encadrant une vue exceptionnelle. Casa Ikal (“vent” et “poésie” en maya), une maison contemporaine dessinée par le studio mexicain De Yturbe, se tient en équilibre sur un fil de sable tendu entre le bleu Caraïbes d’un côté, la lagune émeraude de Campechen reflétant le ciel et la mangrove de l’autre. Se poser dans les coussins assortis au marbre jaune et rose du mur. Observer Fabiola, chef aux étoiles cachées, préparer discrètement un sublime ceviche. Enfin, choisir entre la piscine sur le toit, la plage déserte ou la sieste dans un hamac à la cime des palmiers bercés par le vent. Biosphère de Sian Ka’an. 

2

Hacienda Chekul

 Chez soi en hacienda

Tulum n’est qu’à un coup d’aile de pélican, et déjà le zinzin de la jungle a remplacé celui des beach bars. Les seules créatures à se dandiner sur la plage sont les flamants roses et l’unique voisin à lézarder à vos côtés est… un lézard. Au dos de cette carte postale des Caraïbes baignée de menthe à l’eau se cache une hacienda privée signée Salvador Reyes Rios, architecte spécialisé dans la restauration de maisons historiques plantées d’ordinaire dans les terres. La rencontre de l’esprit colonial du Yucatán et du style maya de l’État du Quintana Roo fonctionne pourtant à merveille. Les arches surplombant la terrasse suivent la courbe des cocotiers, comme la piscine sommitale la couleur de la mer. À la mosaïque du sol succède un deck en bois menant à un lit suspendu, sous un toit de palapa qui se fond dans la biosphère. On prend sa douche sous la canopée, heureux comme un gecko. Biosphère de Sian Ka’an

 

3

Gitano

 Nuit mescaline

À l’heure du loup, Tulum révèle son autre facette. Le Gitano se distingue des nombreux bars de jungle par son néon rose flamant qui attire les oiseaux de nuit venus picorer une salade aux graines de tournesol sur la terrasse enfouie dans la végétation. Ils se posent alors sous les chandeliers du grand arbre illuminé par une myriade d’ampoules à filament. Puis, suivant les bougies disséminées à travers le jardin, se rapprochent du bar et de l’incongrue boule disco. Un jungle fever (mezcal, coriandre et jalapeño) mixé de gipsy folk made in Brooklyn finissant définitivement de réchauffer l’atmosphère mystico-cool.Tulum

 

4

Nômade

ÉTAPE BERBÈRE CHIC

Un air de Maroc plane sur Tulum. Installé récemment à l’extrémité sud de la plage, le Nômade a choisi le look berbère chic comme signe de distinction. Pari réussi. Un large escalier de bois grimpe au sommet de la dune pour rejoindre un grand salon oriental décloisonné, bordé de toiles de jute laissant circuler l’air du large entre le mobilier chiné et d’énormes piliers de bois brut. Réveil dans une cabana stylée, sous un plafond de tataoui (baguettes de bois), le sommeil protégé par l’attrape-rêves et les teintes organiques. Après une séance matinale de yoga sur le toit, de méditation sous la canopée ou de sound therapy, la jeunesse en sarong rejoint la table commune, un tronc d’arbre de 10 mètres ouvert en deux, pour savourer un smoothie au cacao maya. Cuisine végétalienne concoctée par une chef new-yorkaise et chamane. Attiré par le turquoise, on glisse vers la plage, la cabane qui prépare sur demande la pêche du jour et un hamac entre deux cocotiers raccrochant l’hôtel aux Caraïbes. Tulum

 

   

5

Casa Malca

 Design hotel on the beach

 La rumeur souffle que cette maison posée au sud de la plage de Tulum fut l’une des planques de Pablo Escobar. Reconvertie en Design HotelsTM, l’adresse cultive la devise du “vivons-cachés”. Portail sans enseigne masquant une arrivée théâtrale : sous de gigantesques broderies rappelant les robes traditionnelles colombiennes flottent des fauteuils clubs. Ambiance “Alice sous les tropiques”. Une porte en troncs bruts ouvre sur un univers résolument arty. Lio Malca, nouveau propriétaire, n’a pas hésité à semer à travers la casa une partie de sa collection privée. Dans l’entrée, un Companion, art toy du New-Yorkais Kaws, se cache les yeux, ignorant l’ambiance rock’n roll foutraque qui plane, du canapé destroy suspendu aux rideaux jusqu’aux tatouages de la barmaid barricadée derrière d’anciennes traverses de chemin de fer mexicain. Les graffs de Keith Haring font danser le bar, et l’artiste Vik Muniz s’invite sur les murs des suites cubiques aux teintes sombres qui contrastent à merveille avec la plage et l’eau à deux pas. Tulum

 

6

Safari

 Spot À tacos

Inutile de s’aventurer bien loin pour découvrir cette adresse posée au bord de la petite route qui divise Tulum entre côté plage et côté jungle. Cette taqueria, un peu à l’écart du village et de sa faune, est repérable grâce au Airstream posé sous la végétation. Hormis la touche de style, cette pièce rajoutée sert à Luis pour préparer les meilleurs tacos des environs. Parole de locaux qui viennent déguster ses crêpes aux crevettes et mole verde (sauce relevée), son porc à l’ananas au feu de camp et autres petites fritures. En début de soirée, les potes à chignon et moustaches stylées se retrouvent sous le papier peint tropical du bar pour quelques shots de mezcal ou un velvet soda maracuja sur fond de musique locale remixée à la sauce chill-out. Route Tulum-Boca Paila (km 8)

 

7

Esencia

 L’essence du zen

Il existe en retrait de la voie rapide reliant Cancún à Tulum un autre monde. Passé une hutte maya, on laisse fondre le bruit de l’asphalte dans le doux crissement des gravillons. Sous les frondaisons, de drôles d’oiseaux bleus. L’aventure se poursuit à pied, à travers une jungle élégante où se distinguent quelques cubes de stuc. Une trentaine de suites et une poignée de villas privées relookées par Kevin Wendle, nouveau propriétaire, entourent l’ancienne demeure d’une duchesse italienne préservant l’esprit familial du lieu. À l’intérieur des chambres spacieuses le blanc domine, un couvre-lit indien rehaussant le ton. Nuit sur un nuage, bercé de calme absolu. Dehors, un vaste jardin où se pavanent paons et iguanes, un délicieux spa maya et une double piscine bordant l’anse sauvage de Xpu-Ha. Sur le sable sucre glace, à l’ombre d’une petite palapa ou au bar Al Cielo, l’Esencia réitère à la perfection son invitation à décompresser. Plage de Xpu-Ha

 

8

Casa Sandra

Refuge ré-créatif

Derrière ses hautes façades traditionnelles de bois et de blanc, la Casa Sandra invite à un retour aux sources dont Holbox plante le décor idéal. Délacer ses chaussures, les ranger au fond du sac à côté du stress. Du jardin oasis aux chambres apaisantes : ni wi-fi, ni télévision, ni écran, ni réveil. Une nette préférence pour les livres et le calme qui rappelle l’origine de cette maison conçue comme retraite créative par l’artiste cubaine Sandra Pérez et son mari, le chanteur Pablo Milanés. Aujourd’hui encore, chaque hôte est reçu en ami dont on a mémorisé le prénom et les goûts. Un esprit reflétant celui d’une île où chacun se connaît mais respecte l’intimité et la différence, qu’on y soit né, venu en vacances ou jamais reparti. Et soudain l’idée fait écho.  Île d’Holbox

9

Casa Las Tortugas

Maison de famille

Certes, les tortues ne pondent plus sur la plage farine qui borde ses bungalows ronds. Cherchant toujours plus de tranquillité, elles migrent maintenant vers les trois quarts de l’île couverts de mangrove, encore inhabités. Pour autant, Francesca Golinelli, propriétaire de ce petit paradis construit par ses parents à l’heure où Holbox accueillait ses premiers visiteurs (il y a une dizaine d’années), continue à prendre soin de ce lieu rare et de ses hôtes. Prélevant simplement à une mer au bleu-vert irréel le fruit de ses sushis sans perturber les paisibles requins-baleines qui visitent Cabo Catoche en été. Ainsi, après un premier bain en pente douce, on se pose à l’ombre des palapas avant de se laisser dorloter au spa. Île d’Holbox

 

 

Par

BAPTISTE BRIAND

 

Photographies

OLIVIER ROMANO