Canada

Aventure chérie, j’écris ton nom

Aventure chérie, j’écris ton nom

Themo Anargyros est un jeune aventurier “à l’ancienne”. Porté par sa passion de la nature et de la littérature de voyage, ce baroudeur de seulement 23 ans, né à Paris, a frappé un jour à la porte de Voyageurs du Monde avec dans sa besace le récit de sa dernière expédition, une traversée au long cours de la Patagonie, à cheval et en solitaire, trois mois durant.

 

On l’aurait pris pour un fou s’il n’avait pas eu aussi avec lui des centaines de photos à l’appui, retraçant l’épopée, les bons moments, ceux qui font tenir, et les mauvais, intacts. Pour se frotter ainsi à l’extrême, Themo part depuis qu’il est très jeune, pendant des semaines, des mois, seul, sans GPS… Quelques mois plus tard, il remettait le cap vers les eaux froides du Yukon, aux confins du Canada, afin de remonter, à main nue ou presque, la trace des héros des livres de Jack London qui l’ont bercé toute son enfance. Accompagné pour la première fois d’un ami photographe, Julien Mavier. On lui a donné rendez-vous au retour pour la publication de son premier texte. Installé à Dakar où il fait des études de vétérinaire, Themo Anargyros renoue avec la tradition du voyage d’aventure qui nous fait tant rêver. L’aventure sans fard et sans filet.

Homme avec un chapeau au Canada

Vol pour Montréal. Un nouveau voyage. Cette fois, je ne suis pas seul, Julien, mon ami photographe, m’accompagne. Nous voici sur la route de Jack London, celle des chercheurs d’or. Ses récits me nourrissent depuis l’enfance, ils ont éveillé en moi le désir incessant d’aventure, de découverte de contrées sauvages, lointaines, parfois hostiles. Dix-huit heures plus tard, nous atterrissons à Whitehorse. En sortant de l’aéroport, le froid est saisissant, je croise le regard de Julien, on se comprend, nous redoutons les nuits à venir sous la tente. Mais l’adrénaline est là, on ne reculera pas. Nous avons deux jours pour nous préparer.

Whitehorse est la capitale du Yukon, nommée ainsi en référence aux rapides du fleuve Yukon qui rappellent la crinière des chevaux blancs. Une ville étrange, froide, à mille lieues de la ville fantasmée, faite de bâtiments modernes, blocs blanchâtres, supermarchés et fastfoods. Mais elle est aussi un lieu de pêche, de chasse et de rassemblement estival pour les autochtones, entourée d’une nature profonde et sauvage comme on en trouve peu au monde. La ville est propre, il n’y a pas de déchets, nous sommes au Canada.

Homme qui regarde le soleil au canada

Au petit matin, un vieux Yukonnais, prénommé Wayne, frappe à la porte de notre auberge. Nous avons à peine dormi, trop excités, décalage horaire, dépaysement. Nous le suivons, auréolés par le brouillard dans lequel nous plonge le manque de sommeil. Passage chez Kanoe People, une structure tout en bois située sur la rivière, pour louer notre canoë. Cela ressemble un peu plus à ce que nous avions imaginé. J’aime savoir pourquoi une ville naît sur un lieu précis, son histoire. Ici revivent les héros de mes lectures d’enfant, les chercheurs d’or, les cow-boys, les Indiens. Dans ces forêts environnantes, Buck, le chien-loup de L’Appel sauvage, est devenu sauvage. Les récits du Grand Nord de Jack London, que j’ai dévorés, défilent dans ma tête. Je suis un peu nostalgique de l’aventure telle qu’elle était à l’époque, aujourd’hui presque disparue… La frénésie de la découverte de pays vierges, qui a poussé des hommes au-delà des limites de l’imaginable.

Homme sur un lac au canada

Cinq heures de route nous attendent, notre aventure commence vraiment. L’autoroute, infinie, se perd à l’horizon, la bande jaune du milieu nous hypnotise, très peu de trafic. Il est vrai que le territoire du Yukon est peuplé de près de 33 000 habitants pour une superficie de 483 460 km2 (un peu plus que la Suède), dont 23 000 concentrés à Whitehorse. La nature est si dense qu’on s’attend à tout instant à voir surgir des bois un ours, un élan ou un autre animal. Les vieux sapins nombreux et gigantesques recouvrent la forêt d’un vert profond. D’autres arbres, plus sensibles à la baisse de température ou au mouvement du soleil en automne, passent du rouge au jaune, deviennent presque orange.

Gourde au canada

Une étendue bleu nuit apparaît au loin, c’est Quiet Lake. Le lac fait 28 km. Nous le longeons un peu, puis Wayne stoppe la voiture, nous dépose, nous salue. Nous sommes désormais seuls, livrés à nous-mêmes. Nous embarquons sur le canoë. Julien se place à l’avant pour photographier, je suis à la barre. Nous pagayons trois heures environ et trouvons rapidement un bon emplacement pour camper. J’ai l’habitude, j’explique à Julien les rudiments d’un bon bivouac : ne pas planter la tente trop près de la rivière, ne pas camper sur des empreintes, faire du bruit pour signaler notre présence, les ours ne sont jamais loin. Nous nous installons, des gestes que nous répéterons jour après jour et qui, peu à peu, deviendront automatiques et rapides : décharger le canoë, déposer le matériel, ustensiles en tout genre, électronique, livres, provisions (dans des caissons spéciaux anti-odeur), monter la tente, gonfler les matelas, sortir les sacs de couchage, nos pulls nous serviront d’oreiller. Puis faire le feu, à quelques mètres du campement, toujours, pour éviter d’attirer les ours. Nous sommes début septembre, la température est supportable, espérons que cela ne change pas. Je me réveille à 6 heures, Julien dort encore. Après cette première nuit, je suis surpris par l’intensité du froid et l’humidité.

 

« Nous y sommes, là où les milliers d’hommes que Jack London a fait revivre venaient se frotter à une nature hostile et infinie. »

 

Se réveiller dans une nature vierge, une sensation indescriptible, celle qui me pousse à repartir sans cesse. Écouter les bruits. Chacun d’entre eux, même le plus insignifiant, raconte quelque chose, le pas d’un écureuil cassant une brindille, une pomme de pain renversée par le vent, les braises qui crépitent, un élan traversant la rivière. Redécouvrir chacun de mes sens, tous en éveil. L’eau sur le feu bout et me reconnecte à la réalité, je prépare un café de cow-boy. Il suffit de mettre le café directement dans l’eau brûlante, mélanger et verser un shot d’eau gelée de la rivière, le café moulu descend ainsi au fond. Julien se lève, je l’observe vivre la même expérience. Nous buvons et mangeons rapidement avant de nous mettre en route. Pour être dans les temps, nous devons faire environ sept heures de canoë par jour. Par le petit brin de rivière qui relie notre lac au suivant, nous rejoignons Sandy Lake. Les étendues jaune, orange, rouge, vert s’étendent à perte de vue devant nous.

Homme qui pêche au canada

Nous déjeunons d’une magnifique truite, pêchée dans la matinée. Ici, il ne faut pas plus de dix minutes pour attraper un poisson. Nous finissons de savourer quand un frôlement venant des fourrés avoisinants nous alerte, un gros animal est dans les parages. Nous passons deux nuits et trois jours dans les lacs.

Puis Big Salmon River. Et la seule véritable ennemie de notre expédition, la pluie, nous tombe dessus. Vite, tout protéger, enrouler la bâche serrée autour de nos affaires. Une pluie incessante, tenace, agressive. Elle dure toute la journée. Quand elle fait une pause, nous repérons avec effroi et excitation à la fois des empreintes de grizzlys, d’ours noirs, d’élans, de caribous. Je n’en ai jamais vu autant. Il est 18 heures, il faut chercher un lieu où dormir. L’obscurité gagne vers 19 heures, et nous avons besoin d’une heure pour nous y préparer. Épuisés, frissonnants et trempés, nous jetons notre dévolu sur une plage peu accueillante, où subsistent quelques traces de grizzlys. Le sable est mouillé, le bois humide, nos affaires imprégnées d’eau, la nuit va être longue et difficile. Un fou rire nerveux nous prend quand nous soulevons la bâche et attrapons nos affaires dégoulinantes. Je n’oublierai jamais la tête de Julien soulevant un duvet pesant soudain 100 kilos ! Nous nous couchons le ventre vide dans nos sacs de couchage à essorer. De drôles de bruits anxiogènes nous enveloppent. À 8 heures, la pluie persiste, il faut partir au plus vite de ce bivouac de malheur, à 13 heures nous atteignons enfin la forêt et faisons tout sécher au coin d’un feu.

petit écureuil au canada

Big Salmon River est une rivière étroite, pleine de coudes souvent très serrés. Cette étroitesse nous lie plus profondément encore que dans les grands lacs à la nature. Nous vivons avec elle. Du canoë, nous voyons évoluer la vie sauvage au cours de la journée. Le courant est toujours fort. Toujours proches de la rive, nous nous voyons avancer à la rapidité de l’éclair. Pendant nos pauses, nous aimons nous balader dans la forêt. Le paysage dans les bois tapissés de mousse, verte, grise, blanche ou marron, les pins, le soleil se glissant par interstices dans les branches, les gouttes d’eau tombant des aiguilles, le ciel gris et blanc… Nous plongeons dans un univers à la Hayao Miyazaki. Les plus grands sapins font 30 m de hauteur et sont là depuis deux cents ans. Nous guettons les ours.

Loup au canada

Les jours s’écoulent et le choix des spots de campement détermine les nuits à venir. Certains soirs, ce sont des lieux tout droit sortis de films d’horreur, pleins de ronces, d’obscurité profonde. D’autres fois, la beauté l’emporte, le hurlement des loups y ajoute une pointe de magie. J’aime être réveillé par ces hurlements. Finalement, si un bivouac est réussi, on finit par se sentir bien sur n’importe quel site. Cela devient un refuge, la pression de la journée se relâche. Julien est maintenant un expert des tâches quotidiennes et nous nous entraidons avec efficacité. La faim atteint souvent notre moral. Le temps passé sur le canoë varie entre six et huit heures par jour et l’apport nutritionnel est nettement inférieur à celui auquel on est habitués, nous perdons des kilos à vue d’œil. Au moment de nous laver dans la rivière, nous regardons, hébétés, nos corps amaigris.

Rapace au canada

Plus nous avançons et plus nous aimons ce Yukon automnal. Malgré le climat hostile, la température qui baisse, la fatigue qui grandit, nos muscles tendus, nous sommes bien. La rigolade, la sensation de liberté prédominent. Les préparatifs du matin et du soir ne nous prennent plus qu’une poignée de minutes. Nous avons réparti les tâches et nous nous y tenons. Partir à deux est pour moi une première, c’est une solitude différente, dans laquelle on échange. Seul, on voyage dans une bulle, on doit y rester coûte que coûte, un défi de taille. À deux, c’est plus doux, les efforts physiques et psychiques sont les mêmes, mais le chemin pour atteindre l’objectif est plus apaisant, calme voire amusant.

Un jour de beau temps, alors que je pêche, mon hameçon se coince sous une pierre, l’eau est si froide que je manque de tomber dans les pommes en plongeant pour le décrocher. Le soir qui suit, nous campons sur une berge face aux rapides. Ils sont puissants mais praticables, il faut simplement éviter les roches, facilement repérables grâce à la vague qui naît à la surface de l’eau. Les virages sont risqués, la rivière nous entraîne vers l’extérieur, là un tronc d’arbre ou un autre obstacle peut nous faire chavirer. Anticiper les obstacles est une règle absolue. Vers l’intérieur, l’eau est paisible. Il faut s’y tenir si un obstacle est en vue.

petite maison au canada

Les réveils sont de plus en plus coriaces, le froid nous coupe le souffle, la fermeture de la tente est gelée, la végétation aussi, mais le soleil levant nous offre un spectacle grandiose. Un feu et un café sont nécessaires. Pour nous réchauffer et nous donner de la force, nous faisons trois feux dans la journée. Nous décidons de lever le camp à l’aube pour observer les animaux. Nous sommes récompensés : élans, aigles et loutres sont au rendez-vous. La vision d’un élan dans cette petite rivière est spectaculaire. Si nous ne faisons pas de bruit, la rivière étant petite et les virages serrés, nous tombons nez à nez avec quelques spécimens, avec un bonheur et un émerveillement sans égal. Puis, toujours des empreintes d’ours mais aucun à l’horizon.

Big Salmon River est presque derrière nous, nous approchons du fl euve Yukon, je m’engage dans le dernier virage, un tronc d’arbre fl otte devant nous. Julien se propose de m’aider, je crois pouvoir l’éviter seul et mon refus manque de nous coûter cher. Le choc est terrible, on est à deux doigts de couler, mais par une chance incroyable nous nous en sortons sans aucun dommage. Après cet incident, nous ramerons à deux, c’est un gain de temps et cela diminue les risques. L’atmosphère tendue se dissipe vite, nous formons un bon duo et savons désormais décrypter l’humeur de l’autre sans avoir besoin de parler. Le moindre mot de travers peut rendre une situation tendue, on fait donc en fonction, attentifs à notre moral qui fait le yoyo. Parfois nous sommes tous deux grognons, et le silence s’installe. Mais le plus souvent, on savoure et on se moque de nos changements d’humeur respectifs.

Renard au canada

Enfin le Yukon. La rivière file, fluide, mais les étendues sont immenses et on a la sensation que ça n’en finit pas. Nous entendons souvent des meutes de loups et voyons quelques ours sur les berges. Si l’on tente d’approcher, ils disparaissent. Une fois nous avons le privilège de voir de près un énorme grizzly. S’il nous arrive d’entendre la nuit des pas lourds et peu rassurants autour de la tente, la fatigue nous aide à nous rendormir malgré tout. L’étendue d’eau est beaucoup plus large que sur la Big Salmon River. Les arbres sont penchés sur la rivière, et au loin on aperçoit des plaines multicolores. Par endroits, la roche gris foncé ou gris clair trace de nouvelles taches inattendues. Des peintures vivantes dont on ne se lasse pas. Parfois, après un virage interminable, nous assistons bouche bée à l’émergence d’un nouveau tableau, encore plus beau que le précédent.

Un soir, le vent se lève, nous naviguons entre de petits îlots sableux. Des mini-tornades se forment sur chacun d’eux. Nous choisissons un spot, une île sombre dont la végétation est si dense qu’il est presque impossible de s’y engager. Les pins sont nombreux, des arbres morts empêchent le passage, et sur le sol des ronces rouge vif infestent les lieux. Après un long effort, nous parvenons à construire un bivouac acceptable. Le vent a sifflé toute la nuit, les arbres gémissaient, se répondaient, comme s’ils étaient en grande discussion.

Détail de la nature au canada

Plus nous nous rapprochons de Dawson City, qui se trouve à 279 km du cercle arctique, plus le froid s’accentue. Le matin, il fait maintenant en dessous de 0 °C, la nuit souvent - 10. C’est très éprouvant, car nous ne disposons pas du matériel adapté. Ni gants, ni manteaux, ni grosses chaussures. Nous essayons de ne pas y penser. Aujourd’hui nous faisons un stop à Fort Selkirk, c’est un ancien comptoir commercial sur le Yukon. Et le berceau de la Selkirk First Nation. C’est ici que les premiers habitants connus du Yukon vivaient il y a 8 000 ans. Un des gardiens nous offre de la viande d’élan. Le meilleur déjeuner du voyage. Nous sentons nos forces revenir. La cigarette roulée après ce festin est tout aussi réparatrice. Nous fumons quelques cigarettes chaque jour, nous qui ne fumons pas habituellement. Nous en avons besoin pour booster notre moral.

Notre campement est dissimulé dans un coin de la forêt, les sapins nous réchauffent. Allongé dans la tente, je fixe ce mur vert, rassurant, je repense à tous les récits de London, les nouvelles, To the Man on the Trail, The White Silence, The Son of the Wolf, A Thousand Deaths, In a Far Country. Nous y sommes, là où les milliers d’hommes qu’il a fait revivre venaient se frotter à une nature hostile et infinie.

Animal sauvage au canada

Et puis vient le dernier matin. Nous sommes à sec, plus de vivres. La perspective de manger un burger nous pousse à partir à 8 heures, malgré la température. Nos pieds sont congelés, des blocs de glace. Nous échangeons à peine quelques paroles, juste assez pour nous motiver. Cela va durer cinq heures. Nos mains sans protection prennent la forme de la pagaie… L’arrivée à Dawson City nous emplit d’un sentiment de puissance. D’abord elle marque la fin de notre périple, mais c’est aussi le lieu emblématique de la ruée vers l’or. Nous sommes à l’endroit précis où la rivière Klondike se déverse dans le Yukon. Le 25 juillet 1897, Jack London y embarqua. Avant de rencontrer le Klondike, le Yukon est boueux, marron. Le Klondike, a contrario, est translucide. La rencontre des deux rivières et le changement de couleur tracent une ligne sur l’eau, la transparence l’emporte. Nous longeons Dawson, l’histoire, les légendes des chercheurs d’or imprègnent l’atmosphère. La maison de Jack London est là, inchangée. Tout est resté intact, y compris les chemins de terre, seule la route principale devant la rivière est bétonnée. Les maisons de bois, les restaurants, les saloons déclinent différentes couleurs. Ainsi le plus vieux bar, le Westminster Hotel, que Jack London a pu connaître en 1898, est rose, le supermarché vert, quelques hôtels rouges, et certaines maisons ont conservé leurs couleurs d’origine. Dans de nombreuses boutiques, de gigantesques bois d’élan et de caribou tapissent les murs. Nous nous jetons sur les burgers à nous rendre malades. Nous allons de bar en bar et buvons abondamment. Nous sommes rapidement ivres morts. Le relâchement musculaire, l’alcool, la nourriture à profusion nous ont achevés.

Nous dormons chez Gérard, un Français qui vit ici depuis quarante ans et qui travaille comme garde forestier. Une belle rencontre sur la rivière. Il possède un lodge à quarante-cinq minutes de Dawson. Il nous y emmène en voiture. Les forêts de sapins s’étendent à perte de vue. Des nuages épais et sombres laissent parfois entrer quelques rayons du soleil levant, le jaune orangé allume les plaines vertes de nuit. Les chemins sont boueux, il faut souvent descendre, couper à la hache les arbres tombés en travers de la route. Nous arrivons dans un endroit très sauvage, les pins et la mousse sont prédominants, la maison est un vrai cocon, intégralement en bois. La Creek coule devant chez lui, une des meilleures eaux que j’aie pu boire, pure et limpide. Le lendemain, Gérard nous raccompagne sur la Klondike Highway, et un véhicule nous prend en stop au bout de trois heures d’attente. Retour à Whitehorse, plus habités que jamais par l’univers de London.

La rapidité du retour à chaque fois me trouble. Un projet naît lors du silence inquiétant qui précède les rêves ; il arrive qu’on le porte pendant des mois, des années. Le voyage est donc un aboutissement, long et éprouvant, beau et libérateur. Comme le disait Henry de Monfreid, un autre grand écrivain du voyage : “La chose que l’on voit et que l’on admire prend toute sa valeur lorsqu’un compagnon la partage.” À mon tour, j’ai eu besoin de donner à voir ce que j’avais vu, à ressentir ce que j’avais ressenti. C’est ainsi que j’ai commencé ce récit. Pour tenter de faire du voyage une expérience immortelle.

 

Par

THEMO ANARGYROS

 

Photographies

JULIEN MAVIER