Polynésie

A fleur de peau, le corps en Polynésie

A fleur de peau, le corps en Polynésie

Avant même d’oser penser aller là-bas un jour, on les a vus, on les a sentis, les corps polynésiens. Un hymne à une beauté nue, ronde, aux couleurs épicées, parfumées. Construits dans notre imaginaire collectif avec les couleurs fauves de Gauguin, lèvres charnues des vahinés sourire doux en coin, cascade de cheveux dans lesquels se perdre. Il n’y a pas de livres en Polynésie, ce sont les corps vivants qui racontent les histoires.

 

La biographie sur la peau

 

En Polynésie, selon la légende, le tatouage est d’origine divine, créé par les fils du dieu Ta’aroa : Mata Mata Arahu (qui imprime avec du charbon de bois) et Tu Ra’i Po (qui réside dans le ciel obscur), deux dieux artisans qui cherchaient à séduire Pahio, la fille aînée du premier homme et de la première femme. Une jeune femme inaccessible, jalousement gardée dans un lieu clos. Ils ornèrent alors leurs corps de tatouages. Poussée par le désir de se faire tatouer, Pahio réussit à tromper la vigilance de sa mère. Selon cette légende, le tatouage était donc réservé aux dieux, et pas n’importe lesquels, seuls les descendants de Ta’aroa y avaient droit. Par la suite, comme les humains en avaient trop envie, les dieux, dans leur clémence, l’enseignèrent aux hommes qui en firent large usage. Mais longtemps les Tahitiens invoquèrent Mata Mata Arahu et Tu Ra’i Po avant d’entreprendre un tatouage, et celui-ci se pratiquait sur les marae, près de la figure des deux dieux, afin que l’opération soit réussie.

 

homme avec des tatouages sur le buste

 

Voilà pourquoi le tatouage était traditionnellement réservé aux classes supérieures. Hommes et femmes portaient des tatouages sur diverses parties du corps, comme un passeport social. Des signes, minutieusement contrôlés par les rois, correspondaient à chaque classe. On distingue ainsi quatre grandes familles : les tatouages destinés aux dieux, aux prêtres et aux rois (héréditaires et réservés à leurs descendants), les tatouages réservés aux chefs, les tatouages de chefs de guerre, guerriers, danseurs, rameurs, etc… Enfin les tatouages du peuple, pour les personnes sans ascendance héréditaire notable. Dans les îles Marquises, les hommes pouvaient avoir le corps entièrement couvert de tatouages, y compris le visage. Les chefs de tribu exhibaient une incroyable variété de motifs qui formaient une véritable biographie vivante sur la peau, racontant les guerres et les événements importants. Lorsqu’une unité se voyait reconnaître certains mérites, elle pouvait ajouter de nouveaux tatouages aux précédents. Les femmes étaient moins ornées, mais les dessins étaient plus élégants et mieux exécutés car, au-delà de leur fonction informative, ils représentaient une parure.

 

 

Soyez amoureuses, et vous serez heureuses

 

Tout à la fois : huile de massage, soin de la peau (visage et corps), parfum sensuel, soin capillaire, produit de beauté satinant, le Monoï de Tahiti habille les corps polynésiens autant que le N°5 les nuits de Marilyn Monroe. Il suffit de toucher sa texture sensuelle, humer son parfum unique et l’on comprend pourquoi le corps polynésien est synonyme de désir.Au départ il y a la fleur, le tiaré, gardenia tahitensis pour les experts. Petite et discrète, elle laisse tipaniers, hibiscus et becs de perroquets, exposer leurs corolles éclatantes. Tranquille, elle déploie ses six petits pétales blancs, que l’on doit cueillir quand il faut, en bouton, juste avant que la fleur ne s’ouvre. Ensuite, patience. Il faut la mettre à macérer au moins dix jours dans de l’huile raffinée de Coprah, un minimum de dix fleurs par litre d’huile. Le décret d’appellation d’origine précise entre autres que l’huile doit être “ extraite de noix de coco provenant du cocotier Cocos nucifera, récoltées dans l’aire géographique de Polynésie française au stade de noix mûres, sur des sols d’origine corallienne ”. 

 

détails de la peau tatouée

 

Un programme codifié que les mamas polynésiennes exécutent naturellement, le dos plié sur les baquets, filtrant énergiquement l’exquise préparation avec un vieux paréo, avant de la mettre en bouteille. Appliquez tendrement sur la peau : vous êtes la plus belle !

 

 

Eh bien, dansez maintenant !

 

Ce ne sont pas de simples danses. Ce sont des histoires, des légendes, des mythes. Chaque geste est un mot, une phrase, un drame et un sourire. Demandez à votre voisin de faire l’interprète, ou laissez-vous aller. Admirez les mouvements des corps huilés et tatoués, le ‘Pa’oti’ des hommes, qui veut dire ciseau, aux mouvements intense de va-et-vient des genoux, le Tamure des femmes, déhanchement déclenché par la flexion alternative des genoux, plante des pieds collée au sol, bras ouverts à l’horizontale comme pour nous inviter à rester.

 

 

chapeaux en Polynésie

 

 

Photographies

VERONIQUE DURRUTY